Afin de répondre aux inquiétudes et à toutes les fausses informations qui circulent sur la vaccination ARN messager, de nombreux médecins et spécialistes sortent de l'ombre pour faire preuve de pédagogie. C'est le cas du Dr Clotilde Latarche, épidémiologiste à Nancy. Elle répond à nos questions.
Depuis le mois de décembre 2020, l’utilisation de l'ARN messager a permis d’obtenir des vaccins efficaces contre le Covid-19. En moins d’un an, cette technique vaccinale a révolutionné la recherche. Les vaccins de Pfizer-BioNTech et Moderna représentent la grande majorité des injections en France. Et concernant l’efficacité réelle de la vaccination contre le Covid-19, vendredi 20 août 2021, nous avons posé par téléphone quelques questions au Docteur Clotilde Latarche, épidémiologiste au CHRU de Nancy et coordinatrice de vaccination pour l'hôpital.
- Le premier argument que l’on entend très souvent c’est "le vaccin est sorti trop tôt", où bien "on a aucun recul". Qu’en pensez-vous ?
C’est vrai que ce sont des arguments que l’on entend assez souvent pour les personnes qui viennent dans les centres, même pour se faire vacciner. Alors le vaccin est-il sorti trop tôt ? Tout d'abord il y a eu une forte mobilisisation des Etats pour le financement de la recherche. On a gagné du temps aussi dans les premiers résultats car ils ont été publiés au fur et à mesure. On n’a pas de recul sur l' ARN messager ? C’est faux. Ici en Lorraine on devrait savoir justement que l’on a une très bonne connaissance de la ARN messager puisque c’est un Lorrain qu’il l’a découvert en 1961, le professeur Jacob. Alors oui on a du recul à la fois par les essais cliniques bien sûr, ce qui a permis depuis 16 mois de voir qu’il n’y a pas à long terme d’effets secondaires. Et aussi par les quelques cinq milliards de personnes vaccinées dans le monde.
#COVID19 | Un #vaccin à ARN messager : comment ça fonctionne ?
— ANSM (@ansm) February 25, 2021
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- Les vaccins à ARN messager peuvent-ils modifier notre code génétique et provoquer des cancers ? Vrai ou faux ?
Je peux rassurer tout le monde. Il n’y a aucune raison que les vaccins entraînent un cancer et on peut tout à fait être rassuré par l'ARN messager. Ainsi notre organisme reçoit le vaccin, l'ARN messager, dans une cellule musculaire. Dans l’organisme il y a un noyau dans notre patrimoine génétique, et les substances qui provoquent des cancers sont dans notre patrimoine génétique. Or l'ARN messager ne rentre pas dans le noyau, donc n’utilise pas et ne modifie pas notre patrimoine génétique.
L'ARN messager n'est pas une nouvelle technique. Elle est connue depuis quarante ans.
- Les vaccins ne servent à rien puisqu’il n’empêchent pas de tomber malade et de transmettre le virus ? C'est vrai ?
Ils protègent surtout des formes graves et même très graves de la maladie et là ça marche. Ça marche très bien ! Et ça vous empêche d’aller en réanimation. Mais évidemment ça ne vous évite pas de mettre un masque et de respecter les gestes barrières. Oui on peut être positif en étant vacciné mais on a une charge virale qui est tellement moins importante qu’on est quand même à l’abri.
- Et les allergies ?
Il y a un seul risque allergique très rare avec le polyéthylène glycol. En France il y a seulement environ 650 personnes qui seraient allergiques à ce produit. Sinon il n’y a aucun problème avec l’alimentation, les médicaments, les piqûres de guêpes, abeilles, moustiques, etc…
La campagne de vaccination contre le Covid-19 a débuté le 27 décembre 2020 en France. Vendredi 20 août 2021, selon le ministère de la Santé, 40.190.679 personnes sont complètement vaccinées contre le Covid-19 en France. Et 6.651.757 personnes sont en attente de leur dernière injection.
L’obligation vaccinale ne concerne pour l'instant que les personnels soignants et non soignants des hôpitaux et maisons de retraite, les professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées, y compris à domicile, ainsi que les pompiers ou les ambulanciers. A partir du 15 septembre cette obligation sera étendue aux gendarmes.