Le procès pour harcèlement moral et pour insultes raciales non publiques de dix policiers de la Brigade Anti-Criminalité de nuit de Nancy s'est poursuivi ce vendredi 11 mars 2022 devant le tribunal correctionnel de la ville. Les réquisitions attendues aujourd'hui ne seront prononcées que mardi prochain car le procès a pris du retard.
Dix fonctionnaires de police de la Brigade Anti-Criminalité (BAC) de nuit de Nancy ont comparu vendredi 11 mars 2022 pour ce qui devait être le deuxième et dernier jour de leur procès devant le tribunal correctionnel de la ville, poursuivis pour harcèlement moral et insultes raciales non publiques sur 4 de leurs collègues. Mais comme l'audition de plusieurs des 10 prévenus a pris du retard, le tribunal a décidé que les débats se poursuivraient mardi 15 mars après-midi. C'est donc seulement la semaine prochaine que le procureur de la République François Pérain fera connaître ses réquisitions et que les avocats des parties civiles et de la défense prononceront leurs plaidoiries.
"Des terminologies révisionnistes" selon un avocat des parties civiles
Durant toute la journée, les 10 policiers ont répondu aux questions du tribunal. A l'issue de la matinée de cette deuxième journée d'audience, l'avocat des parties civiles Maître Frédéric Berna, interrogé par Jean-François Didier et Olivier Bouillon de France 3 Lorraine, a sévèrement qualifié le comportement des prévenus.
Les fonctionnaires de police mis en cause ont des comportements qui vont au-delà du racisme puisqu'ils emploient des terminologies révisionnistes, des terminologies empruntées au 3ème Reich
Frédéric Berna, avocat des parties civiles
"Ce qu'on apprend aujourd'hui c'est que les fonctionnaires de police mis en cause ont des comportements qui vont au-delà du racisme puisqu'ils emploient des terminologies révisionnistes, des terminologies empruntées au 3ème Reich" raconte l'avocat et de poursuivre: "surtout ces gens ne sont pas capables d'admettre la moindre vérité alors que les éléments objectifs du dossier sont tout à fait accablants. C'est tout à fait inquiétant d'imaginer ces gens-là porteurs d'un uniforme de police."
L'enquête de l'IGPN, la police des polices, a mis en évidence des faits graves de harcèlement entre 2015 et 2018. Un groupe fermé de quelques personnes a mis la main entièrement sur un service de police en s'affranchissant de la hiérarchie. Rui Manuel Pereira, avocat de SOS Racisme, qui s'est constituée partie civile dans cette affaire, insiste sur l'usage de mots blessants au quotidien, que les prévenus ont tenté à plusieurs reprise d'en minimiser la portée: "Qualifier quelqu'un de bougnoule, de bicot, ce sont des mots qui sont connotés, des mots qui ont un sens. Dans les échanges parler des groupes de la mort des nazis avec des smileys, entretenir cette rhétorique guerrière et haineuse, c'est ça qui choque. Ces propos ne sont pas tolérables. Ce n'est pas une bêtise comme ces policiers essaient de le faire croire".
Sollicitées par France 3 Lorraine, les 3 avocates de la défense n'ont pas souhaité s'exprimer. Rappelons que des sanctions administratives ont déjà été prises à l'encontre de plusieurs de ces policiers de la BAC de Nancy. 4 d'entre eux ont été révoqués et d'autres suspendus ou rétrogradés. En ce qui concerne les sanctions judiciaires, il faudra attendre mardi pour connaître, dans un premier temps les réquisitions du Procureur de la République François Pérain.