Au moment où Bruxelles envisage de prolonger de dix ans l'utilisation du glyphosate, Dominique Marchal, céréalier intoxiqué aux pesticides, témoigne de son expérience. Il exhorte les agriculteurs à se protéger au maximum.
Dominique Marchal, exploitant à Serres (Meurthe-et-Moselle) est le premier agriculteur dont le cancer a été reconnu en 2006 comme maladie professionnelle. Chargé de l'épandage des pesticides et herbicides sur l'exploitation, le céréalier a développé en 2002, à l'âge de 44 ans, une pathologie du sang appelé syndrome myéloprolifératif : "c'est une maladie sournoise qui m'est tombée dessus. On l'a découvert par hasard quand j'ai fait une prise de sang. J'avais un niveau de plaquettes bien au-dessus de la normale."
Préoccupé pour la survie de l'exploitation, Dominique Marchal va mettre son problème de santé de côté : "la priorité, c'était de continuer à travailler pour faire perdurer l'exploitation, pas de se battre pour la reconnaissance de ma pathologie." C'est son épouse qui va le convaincre de mener bataille pour faire reconnaître son cancer comme maladie professionnelle.
Vendredi 13 octobre 2023, la Commission européenne souhaite prolonger de dix ans l'utilisation du glyphosate. Décision à laquelle la France est opposée. Cet herbicide est classé "cancérogène probable" par l'OMS (Organisation mondiale de la santé).
Quand on n'a pas le choix, la seule solution c'est de se protéger.
Dominique Marchal, agriculteur intoxiqué aux pesticides
Sur la question d'une prolongation possible, Dominique Marchal s'abstient de trancher :"il y a eu des études de faites, à charge et à décharge. Qui croire ? Les agriculteurs sont plutôt à décharge, car ils n'ont pas de solution de remplacement. Il faut continuer les recherches pour trouver un équivalent. Aujourd'hui, il n'y a pas d'équivalent aussi efficace que le glyphosate."
Si Bruxelles prolonge encore de dix ans l'utilisation du glyphosate, Dominique Marchal souhaite que son témoignage puisse servir d'exemple : "il faut que les agriculteurs se protègent au maximum, qu'ils portent des combinaisons, des gants, des masques et traitent en respectant les règles d'épandage".
À 66 ans, Dominique Marchal est toujours sous traitement. Il est aussi vice-président de "Phyto-victimes". Fondée en 2011 avec Paul François (qui fit reconnaître la responsabilité de Monsanto dans le déclenchement de sa maladie), cette association a pour but d'aider les agriculteurs victimes des pesticides à faire reconnaître leurs pathologies et obtenir réparation des préjudices subis.