Pour les usagers de la route, c’est une révolution qui se prépare. Une quarantaine de véhicules banalisés vont être déployés dans le Grand Est. Bienvenue dans l’ubérisation de la sécurité routière. Et ça recrute.
C’est une entité très discrète. Son nom : Mobiom. Elle a bien un site internet. Un joli logo épuré. Mais difficile de définir l’activité précise de l’entreprise. Ici, on parle de "logistique optimisée", de "mobilité pilotée" et de "prestations de services". Mais surtout, on trouve des offres d’emploi. La société recrute. Et à tout de bras. Qui plus est, en CDI.
Mobiom est à la recherche de conducteurs et conductrices dans une grande partie du Grand Est. A Thionville (Moselle), Sélestat (Bas-Rhin), Langres (Haute-Marne), Châlons-en-Champagne (Marne) ou encore Verdun (Meuse). On peut lire que ces recrues seront chargées de "réaliser les parcours des tournées demandées, en respectant très précisément les itinéraires confiés". Le tout sous la responsabilité d’un interlocuteur "du centre opérationnel".
Il y a bien un numéro de téléphone dans les mentions légales. Mais ce mardi 27 avril 2021, le message du portable nous indique que "le répondeur de votre correspondant contient trop de messages, veuillez réessayer ultérieurement." Pour trouver quelqu’un, il faut alors appeler la société qui gère Mobiom : Challancin Accueil et services. Un coup de fil, mais au standard, on me précise bien que pour joindre la communication, il faut envoyer un mail. Chose faite, mais pas de réponse.
5h30 de conduite en solo par jour
Si la société recrute, c’est parce qu’elle doit honorer son contrat. Mobiom est un des prestataires privés choisi par l’Etat pour "détecter, sans flash visible et en roulant, tous les véhicules en excès de vitesse." En France, le dispositif a d’abord été expérimenté en 2018 en Normandie, puis en Bretagne et en Pays de la Loire avec une flotte d’environ cent véhicules. Un dispositif aujourd’hui généralisé à quatre nouvelles régions dont le Grand Est.
Ces voitures circuleront de jour comme de nuit, la semaine comme le week-end et les jours fériés. La répartition dans le Grand Est devrait se faire de la façon suivante : un seul véhicule en Haute-Marne, trois dans les Ardennes, l'Aube, la Meuse et les Vosges, quatre dans la Marne, cinq dans le Haut-Rhin et jusqu'à six en Moselle, Meurthe-et-Moselle et dans le Bas-Rhin.
"L'objectif n'est pas de gagner de l'argent" martèle la Sécurité Routière, qui assure que ces sociétés sous-traitantes ne seront pas rémunérées au nombre de flashs, mais sur la base d'un forfait lié à un nombre précis de kilomètres et d'itinéraires à effectuer chaque jour. Les trajets réalisés et les plages horaires de contrôle sont fixés par les services de l'Etat, "en fonction uniquement des critères d'accidentalité locale".
Pour le ministère de l’Intérieur, cette "sous-traitance" permettra de "libérer du temps aux forces de l’ordre pour le consacrer à des tâches plus qualifiées, comme l’interception au bord des routes (alcoolémie et stupéfiants), et faire respecter les limitations de vitesse en allongeant les plages horaires de circulation de ces véhicules sur les routes les plus accidentogènes."
Selon certaines informations, les conducteurs seraient rémunérés 22.000€ par an, pour rouler et flasher pendant environ 5 heures 30 en moyenne par jour.
Les conditions pour postuler
Pour postuler, les règles devraient être les mêmes que dans les régions où Mobiom est déjà en action : avoir le permis de conduire depuis au moins trois ans avec un solde de dix points minimum et un casier judiciaire vierge.
Les nouveaux véhicules radars, pour la plupart des berlines, seront équipés de caméras posées sur les plages avant et arrière afin de détecter automatiquement les excès de vitesse, sans flash visible. Rien de très compliqué comme travail, hormis se fondre dans la circulation. Le radar s’occupe de tout, en flashant les automobilistes à 10 km/h en plus de la vitesse autorisée, ou 10 % au-delà de 100 km/h.