Grève des médecins : près de 200 personnes manifestent à Nancy

Les médecins généralistes sont en grève ce 1er et 2 décembre, pour réclamer une revalorisation de leurs honoraires ou encore préserver leur liberté d'installation. De nombreux professionnels lorrains, champenois et alsaciens suivent ce mouvement national et manifestent à Nancy ce jeudi.

Pour dénoncer leur mal-être et faire entendre leur colère, de nombreux médecins généralistes manifestent ce jeudi devant le siège de l'Agence Régionale de Santé Grand Est. Ils ont répondu à l’appel lancé par le collectif national "Médecins pour demain". Un collectif créé début septembre et qui rassemble à ce jour près de 15.000 membres sur Facebook

"On est asyndical et apolitique, pas antisyndical mais indépendant. On regroupe toutes celles et ceux qui se battent pour nos idées", explique Sylvain Gonzales, médecin généraliste de ville depuis 2013 et référent du mouvement de gronde dans le Grand Est. 

Comme de nombreux confrères grévistes, il a décidé de fermer son cabinet aujourd’hui et demain. Toutes et tous réclament "le passage de la consultation de 25 à 50 euros, ce qui permettrait de revaloriser correctement la médecine libérale de ville et d’augmenter la qualité des soins", argumente le docteur qui exerce depuis 2007. 

Il nous fait part de son quotidien et dénonce "des cadences infernales, des pressions de toutes part. La situation s’est nettement dégradée. Certains départs en retraites ne sont pas remplacés. Ce qui engendre tout autour de nous une surcharge de travail. Le responsable ce n’est pas le médecin qui part à la retraite, ce sont toutes les politiques de santé menées ces 30 dernières années. La qualité des soins se dégradent en conséquence", explique Mr Gonzales. 

Un climat de travail difficile qui crée même des tensions entre professionnels et patients selon lui : "il est très très très fréquent de vivre avec l’agressivité des patients. On n’est pas en colère contre le patient qui est agressif, on est en colère contre le système qui a fait que le patient est agressif. Le patient mécontent est dans une souffrance très importante, son seul moyen qu’il a eu pour s’exprimer c’est d’être agressif." 

Comme son cabinet, "plus de 10.000 vont fermer aujourd’hui et demain en France selon notre sondage national", précise le référent Grand Est de "Médecins pour demain". "Mon cabinet fermé , le répondeur envoient les patients vers le SAMU en cas d’urgences vitales"

Plus de 40% d'appels en plus  

Devant le siège de l'Agence Régionale de Santé Grand Est ce jeudi après-midi, ils sont près de 200 à avoir répondu à l'appel lancé par "Médecins pour demain". Des médecins grévistes alsaciens, champenois et lorrains notamment, d'autres soignants, mais aussi des patients solidaires. 

Contacté, le service des Urgences du Centre hospitalier régional universitaire Brabois de Nancy nous indique enregistrer 40% d’appels en plus ce jeudi matin par rapport à une journée habituelle. "Ce sont surtout des personnes âgées qui appellent", ajoute le service communication de l'hôpital. 

Les populations vieillissantes sont justement au coeur de l'argumentaire des spécialistes. Même si toutes les organisations nationales n'appellent pas à la grève, à l'image de SOS Médecins par exemple, en Lorraine en revanche, son président Joseph Fabre est solidaire du mouvement. Dans sa structure, c'est par un vote interne qu'on a choisi de se rallier à la cause. 

"Ce soir on s’attend au pire

Devant la forte mobilisation attendue ce jeudi et vendredi, le président de SOS Médecins alerte : "ce soir on s’attend au pire. On a réajusté nos plannings pour la garde du soirOn garde la permanence de soins la nuit mais la journée le cabinet est fermé. Ce qui veut dire que le jeudi 1er et le 2 décembre la continuité des soins de 8h à 20h ne sera pas assurée par SOS Médecins mais on assurera les gardes de nuit et du weekend", annonce le professionnel.

Joseph Fabre défend la revalorisation des honoraires liés aux visites à domicile : "On voit énormément de patients âgés qui n’ont pas pu être vu par un médecin traitant la nuit en permanence de soins. Avant, on les voyait la journée, on a stoppé notre activité de visites à domicile et on ne fait que de la consultation car l’ARS et la CPAM n’ont pas voulu entendre nos revendications."

Joseph Fabre travaille depuis 20 ans dans le service médical libéral d’urgence à domicile. "Ça fait une dizaine d’années que je subis le désert médical, que je vois le système se dégrader avec des patients hors parcours de soins, faute de médecins traitants à cause du numerus clausus". Il cite l'exemple de la commune de Vandœuvre-lès-Nancy, où à la suite de nombreux départs en retraites, "beaucoup de personnes âgées n’ont plus de médecins traitant et d'accès aux soins. Elles font souvent appel à nous, le jour comme la nuit pour une visite. C’est du diagnostic de terrain. On a beau le faire remonter, il y a un mutisme de la part de l’ARS et la CPAM, un retard dans la compréhension ou une volonté de ne par comprendre. Les médecins désespèrent", témoigne-t-il. 

En plus de la revalorisation de leurs honoraires et la reconnaissance qu'ils réclament, les médecins généralistes et libéraux refusent des mesures à l'installation qu'ils jugent coercitives et sont contre la quatrième année d’internat pour les internes en médecine générale. "Si on ne fait rien et que le système s’écroule, on risque de gros problèmes pour nos patients. Ils ne seront plus soignés ou avec une médecine à deux vitesses. En réalité, les médecins s’investissent aujourd’hui pour sauver les patients demain", répète Sylvain Gonzales. 

Comme lui, l'ensemble des professionnels du territoire attendent une réponse des pouvoirs publics. "Si on est écoutés et entendus, les médecins iront retourner voir leurs patients comme ils le font tous les jours. Mais si le gouvernement entame un bras de fer et ne veut pas entendre, il y a déjà une deuxième mobilisation prévue à partir du 27 décembre avec cette fois-ci une fermeture des cabinets pendant 2 semaines. C’est clairement parti pour durer. Le système de santé mérite que l’on se batte pour lui", termine le référent Grand Est de "Médecins pour demain". 

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