C'est une mobilisation inédite : l'ensemble des syndicats ont appelé les personnels des maisons de retraite à la grève ce mardi 30 janvier, soutenus par les syndicats de directeurs.
Manques de moyens, épuisement des soignants : les revendications principales en 3 points.
Une grève nationale le 30 janvier 2018
L'ensemble des syndicats a appelé les personnels des Ehpad à une mobilisation nationale le mardi 30 janvier 2018. Les conditions de travail des aides-soignants et infirmiers, mais aussi des médecins, sont pointées du doigt.
Plus de moyens financiers et humains
Une des revendications principales des personnels porte sur les sous-effectifs constants. Le ratio est actuellement de six soignants pour dix résidents.Or, les syndicats réclament que le ratio soit porté à un soignant par patient. Le but est de garantir un bon accompagnement de ces derniers, souvent dépendants et atteints de troubles psychiques.
En EHPAD, où la moyenne d'âge est de 85 ans, les résidents sont de plus en plus dépendants. Les personnels, par les sous-effectifs et le manque de moyens financiers, ne peuvent pas suffisamment s'adapter aux nouveaux besoins de prise en charge.
Des meilleures conditions de travail
J'ai l'impression de travailler à l'usine. On a pas le temps. On sort de là, on est dégoûtés.
Les situations de sous-effectifs sont généralisées. Cette problématique a déjà été pointée du doigt par un rapport parlementaire en juillet.
Selon celui-ci, les conditions de travail sont "particulièrement difficiles" et la médicalisation des instituts insuffisante. Un tiers des EHPAD ne disposent pas d'un médecin coordinateur, ce qui est contraire aux textes.
Les soignants ne disposent pas de formation adaptée. Le rapport préconise une formation en gérontologie et la présence d'un infirmier de nuit.
Le manque de temps joue sur la santé des employés : le taux d'accidents du travail est deux fois supérieur à la moyenne nationale. De nombreux aides-soignants témoignent de situations à la limite de la maltraitance, où les résidents ne peuvent pas être bien lavés ou pris en charge.
Une modification des modes de financement
La réforme du financement des maisons de retraite est aussi dans le collimateur des syndicats. Celle-ci, votée lors du quinquennat précédent et appliquée par le gouvernement Macron, impose une harmonisation des financements pour chaque établissement.Mais pour les syndicats, elle ne prend pas assez en compte les disparités, et "implique une importante ponction de l'enveloppe destinée aux maisons de retraite publiques" selon la Fédération Hospitalière de France. Le manque à gagner pour les EHPAD est estimé à deux cent millions d'euros.
Des rassemblements sont prévus dans toute la France, dont un devant le ministère de la santé à Paris.