INSOLITE. Le monde vu du ciel ou les aventures du parapentiste et vidéaste Nicolas Alliot, "j’ai commencé par le cerf-volant, je ne me suis jamais arrêté depuis"

Il a quitté son emploi de commercial pour vivre à plein temps sa passion du vol libre et de la vidéo. Installé à quelques kilomètres de Toul, près de Nancy, Nicolas Alliot, a déjà produit deux documentaires sur ses aventures en parapente. En 2023, il se lance dans un tour du monde en famille qu’il compte bien filmer également.

A l’orée de la forêt, on est tenté de poursuivre le sentier de randonnée pour plonger sous les arbres et rejoindre la Moselle en contre-bas. Nicolas Alliot s’est installé il y a dix ans dans cette confortable maison en bois de Villey-le-Sec (Meurthe-et-Moselle). Aucun voisin à part les chevaux du manège de l’autre côté de la route. Dans la grande pièce de vie, les flammes crépitent dans le poêle. Paul, onze ans, demande la permission de jouer sur l’ordinateur familial. Le papa l’autorise d’une voix douce. Une fois le thé servi, Nicolas Alliot ne sait pas trop par où commencer : "quand la météo le permet, je prends mon sac à dos et je vais à pied jusqu’à la côte Barine à côté de Toul. Je décolle avec ma voile et je vole jusqu’à la maison".

Les yeux brillent, sans frime : "j’ai commencé quand j’étais ado par le cerf-volant, jusqu’à me faire tracter par l’un deux. Mes copains qui partageaient ma passion pour le vol étaient plutôt tournés vers le modélisme… Quand ils se sont tournés vers le planeur, moi j’ai préféré le parapente". Si les collines ne manquent pas dans le secteur, on s’étonne quand même : "en fait il y a plein d’endroits où pratiquer, la colline de Sion, Pagny-la-Blanche-Côte, et même jusqu’à Charmes, on peut voler en plaine".

Du cerf-volant au vol libre

Depuis son stage d’initiation dans les Vosges quand il avait 16 ans, le quadra a volé sur toute la planète : "j’ai fait beaucoup de compétitions, au Brésil, à la Réunion… mais je ne voulais pas passer pro. Il faut sans cesse chercher de l’argent, courir après les marques, j’avais peur de perdre ma liberté". Comme il voulait garder des traces de ses vols, Nicolas Alliot s’est équipé de matériel vidéo, "avec la démocratisation des outils, notamment des drones, j’ai pu faire de belles images au sol. Les caméras embarquées sont aussi apparues en même temps". En parallèle de son activité professionnelle, commercial pour une entreprise spécialisée dans les solutions informatiques pour les médecins, il crée son auto-entreprise, "pour acheter du matériel et tâter le terrain".

Son premier film, il le monte presque par hasard. Blutch est le surnom du Vosgien Jean-Yves Fredriksen, guide de haute-montage et parapentiste aventurier. En 2016, Blutch traverse l’Himalaya avec son parapente. Sur le dos souvent, et dans les airs quand il le peut. Il ramène des tonnes de rushes, dont il ne sait que faire. Nicolas Alliot lui propose de les monter : "j’ai mis un an et demi à le faire… pour aboutir à un 52 minutes qui sort en 2018. On l’a diffusé sur des chaines spécialisées, proposé dans des conférences et des festivals. On le vend encore en DVD".

Dans le film, Blutch rencontre une famille dans la jungle, quatre enfants népalais au chevet de leur maman gravement malade. Touché par le sort de cette famille avec qui il a passé plusieurs jours, le Vosgien veut y retourner, pour prendre des nouvelles. Il propose à Nicolas de l’accompagner. Tous les deux s’envolent à l’automne 2019 : "je prends avec moi quinze kilos de matériel vidéo, parce qu’on veut faire un film, évidemment". Les deux amis partent pour un mois : "on n’avait que les coordonnées GPS de la maison, finalement on fait dix jours de jungle pour les rejoindre. Je suis alors toujours salarié, je prends toutes mes vacances de l’année d’un coup".

Un tour du monde en famille en 2023

Nicolas et Blutch retrouvent les enfants. Sans dévoiler la fin, l’aventure de Lumdo Kolola se finit bien. Le commercial quitte son boulot fin 2022, pour poursuivre son aventure à lui : "pour ces deux films, on a travaillé à l’envers : on a d’abord pensé à l’écrire, à le tourner, à la monter, avant de chercher un diffuseur ! Du coup, ça pêche un peu… On aurait aimé qu’il soit plus vu, et on travaille encore à le diffuser plus largement".

Pour ses prochaines productions, le Lorrain souhaite s’entourer. Professionnaliser ce qui sera désormais son métier : "j’ai besoin de contacts chez les distributeurs, les producteurs. Toute cette partie de la vie d’un film, je dois l’apprendre progressivement et je souhaite être entouré pour ça. Travailler tout seul, j’en ai vite cerné les limites".

La prochaine aventure approche à grands pas : un tour du monde en famille, "et en camion aménagé, à partir de novembre 2023. Nous partirons vers l’est, dans l’idée de passer un moment en Mongolie. Ensuite on enverra le van par bateau en Australie, le temps de traverser la Malaisie et l’Indonésie à pied. Nous voulons ensuite remonter l’Amérique du Sud, traverser les Etats-Unis pour explorer le Canada et l’Alaska". En route, il compte bien faire un film. Ou deux.