La couche d’ozone menacée par de dangereux rayonnements cosmiques : des scientifiques prouvent que cela s'est déjà produit deux fois

Pour la première fois, des scientifiques font la preuve d’un dangereux amincissement de la couche d'ozone, à deux moments de l'Histoire de la Terre, cela s'est produit, il y a 41 000 ans et il y a 11 000 ans avec de possibles conséquences pour la vie sur la planète. En cause, l'ouverture de potentielles fenêtres UV lors de ces événements.

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 Nous avons tous entendu parler d'un "trou dans la couche d’ozone"  il y a quelques années. En particulier avec l'image de la NASA  montrant que le "bouclier invisible"  de la Terre était fortement entamé dans la région Antarctique. Si aujourd'hui, ce trou s’est quasiment résorbé, des scientifiques viennent de montrer qu'un phénomène similaire s'est peut-être déjà  naturellement produit dans le passé.  

Et si le danger venait d’ailleurs ?

Le champ magnétique terrestre est un bouclier bloquant une grande partie des particules cosmiques qui n’atteignent pas la Terre. Mais si ce champ est perturbé, le bouclier est affaibli. Or, les scientifiques observent que le champ magnétique terrestre diminue fortement depuis 1 500 ans.

Les données obtenues suggèrent, pour la première fois, un amincissement de la couche d'ozone, avec de possibles conséquences pour la vie sur Terre

Julien Charreau, CRPG (UL-CNRS)

Des chercheurs viennent de démontrer que par le passé la couche d’ozone s’est fortement amincie à au moins deux reprises permettant la pénétration de rayons UV nocifs dans l'atmosphère terrestre. Le Lorrain Julien Charreau du CRPG (Centre de recherches pétrographiques et géochimiques ) a participé aux recherches pilotées par Sanjeev Dasari dont les résultats viennent d'être publiés dans un article  : "Nous avons analysé des carottes de glace de Vostok (Antarctique), datant d’il y a 41 000 ans et d’autres d’il y a 10 000 ans. Ces périodes correspondent à deux événements de perturbations suspectées de la couche d'ozone terrestre. Les données obtenues suggèrent, pour la première fois, un amincissement de la couche d'ozone, avec de possibles conséquences pour la vie sur Terre, dues à l'ouverture de potentielles fenêtres UV lors de ces événements."

Pourquoi la couche d’ozone s’est-elle réduite à ces deux périodes ?

La littérature scientifique documente plusieurs événements cosmiques. Il y a 41 000 ans, un changement du champ magnétique terrestre, appelé "excursion de Laschamps" s’est produit. Un phénomène bien connu des scientifiques. Pour le second, il y a 10 000 ans, un autre phénomène est intervenu : l’explosion d’une supernova .

Selon Julien Charreau, "Le bombardement cosmique continu, subi par la Terre, pénètre sa haute atmosphère et entraîne la destruction de l’ozone qui absorbe normalement une partie des rayonnements ultra-violets. La formation de supernovae entraîne une augmentation importante du rayonnement cosmique reçu. De même, lors d’événements géomagnétiques rapides, l’efficacité du bouclier diminue et la quantité de particules atteignant l’atmosphère augmente."

Lors de ces événements, le rayonnement cosmique atteignant l’atmosphère a-t-il été suffisant pour provoquer une destruction de la couche d’ozone et pour entraîner la création de "fenêtres laissant passer les UV" ? C’est justement pour répondre à ces questions que l’équipe de recherche de Nancy et Grenoble, des laboratoires IGE (UGA-CNRS) et CRPG (UL-CNRS) a travaillé. Les scientifiques ont découvert des signatures isotopiques.

Les carottes glaciaires, véritable machine à remonter le temps

Nous avons trouvé des enregistrements d'aérosols, piégés dans les carottes de glace de l'Antarctique et notamment des aérosols de type sulfates.

Julien Charreau, CRPG (UL-CNRS)

Au fur et à mesure du temps, la glace a enfermé dans l'Antarctique des bulles d’air et des poussières atmosphériques comme les aérosols. Chaque carotte extraite par l'Homme permet de remonter le temps et de faire parler ces précieux témoins du passé.

"Nous avons trouvé des enregistrements d'aérosols, piégés dans les carottes de glace de l'Antarctique et notamment des aérosols de type sulfates."

Ces sulfates vont indiquer aux scientifiques s'ils ont subi ou non des rayonnements ultraviolets :

"Nous mettons en évidence des signatures isotopiques dites "indépendantes de la masse" d’origine non-volcanique. Elles traduisent des interactions entre le SO2 et le rayonnement UV dans l’atmosphère, et ceci en dessous de la couche d’ozone, suggérant, pour la première fois une diminution de celle-ci dans le passé. Ce travail met en évidence un nouvel outil permettant de tracer dans le passé l’histoire de la couche d’ozone et ses conséquences sur la vie Terrestre."

Un nouvel outil pour suivre la couche d'ozone dans le passé

Cette étude permet donc aussi d’avoir un nouvel outil pour pister l’évolution de la couche d’ozone dans le passé. On peut aussi facilement imaginer les questions qui se posent pour l’avenir : pourrait-on imaginer pouvoir détecter les prochains événements cosmiques qui menacent la couche d’ozone, notre bouclier invisible ?

 

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