La pauvreté s’aggrave en France. Elle touche surtout les femmes selon un rapport du Secours catholique. Dans un contexte de forte inflation, en Lorraine, l'association constate qu'elles "sont de plus en plus fragilisées socialement".
En Lorraine, et plus particulièrement en Moselle, elles sont chaque année de plus en plus présentes dans les files d’attente des distributions alimentaires. Les femmes seules sont les premières victimes de la pauvreté. "On a de plus en plus de personnes. Des étudiants, des hommes des femmes", dit Philippe Gilain, président du Secours populaire de Meurthe-et-Moselle. "Mais c'est vrai, ce matin à Nancy, il y avait beaucoup de femmes, pour venir récupérer des paniers repas, ou même simplement remplir des dossiers".
Cela nous inquiète car souvent ce sont des femmes seules. Une séparation conduit à une précarisation et donc à une pauvreté.
Alexis Garnier, directeur Secours catholique Meuse et Moselle
Plus exposées à la précarité, les femmes sont devenues majoritaires à pousser les portes du Secours catholique. Selon le rapport annuel de l’association, publié au mois d’octobre dernier, la population féminine, souvent jeune, en situation de précarité, ne cesse d’augmenter. "À plusieurs points de vue. Tout d’abord depuis le début des années 90, le nombre de femmes précaires n’a cessé d’augmenter. Ainsi par exemple aujourd’hui en Moselle on est à 63 % de femmes. C’est pour cela qu’on parle de féminisation de la pauvreté", dit Alexis Garnier, directeur Secours catholique, Meuse et Moselle, joint par téléphone par France 3 Lorraine, jeudi 7 décembre 2023.
Séparation et divorce
En Lorraine, cette féminisation de la pauvreté s'explique par une hausse du nombre de femmes seules. "Par exemple, en Moselle, près de 30 % des femmes se retrouvent dans cette situation. Ce qui est énorme. On est au-dessus de la moyenne nationale qui est à 20 %. Et pour avoir un chiffre de référence en 2012, on était à 15 %. En dix ans ce chiffre a doublé", ajoute Alexis Garnier.
Ainsi, de plus en plus souvent, les personnes accueillies sont des mères isolées. L'association pointe également la charge des enfants. "Cela nous inquiète car souvent ce sont des femmes seules. Une séparation conduit à une précarisation et donc à une pauvreté".
Ces mères isolées et seules sont majoritairement jeunes, les deux tiers ont moins de 43 ans. "Cela s’explique d’abord parce que souvent ce sont des femmes d’origine étrangère - avec la guerre en Ukraine - et elles ne sont plus prioritaires pour avoir des logements. Ensuite, ce sont des femmes seules qui se retrouvent avec des enfants pour trouver un emploi et bien souvent on leur propose seulement un emploi à temps partiel, deux fois plus que chez les hommes, et cela ne suffit pas".
Hausse de la pauvreté
En France, le Secours catholique a accueilli plus d'un million de personnes en 2022, dont 25,7 % de mères isolées, 20,9 % de femmes seules et 20 % de couples avec enfants.