Nancy : le nouveau tramway va rester à quai, “on va proposer de ne pas faire le tram dans ce mandat là”

Le jeudi 11 février 2021, le conseil métropolitain du Grand Nancy s'apprête à mettre en pause la construction du nouveau tramway sur rail. A la clef, une délibération actant le report de ce projet de plus d'un demi-milliard d'euros. Un coup de tonnerre... pourtant prévisible.

C’était le 20 décembre 2019, le conseil métropolitain du Grand Nancy votait à une écrasante majorité en faveur de la réalisation d’une ligne de tramway pour relier Essey-lès-Nancy à Vandoeuvre. Quelques semaines plus tard, le 11 février 2020, la déclaration d’utilité publique était signée par le préfet de Meurthe-et-Moselle mettant sur les rails ce projet structurant pour les déplacements dans l’agglomération nancéienne.
 

On va proposer de ne pas faire le tram dans ce mandat-là

Patrick Hatzig, vice-président en charge des mobilités à la métropole du Grand Nancy

Mais un changement de majorité, avec la victoire de la gauche autour de Mathieu Klein, une crise sanitaire qui s’éternise, un rapport financier plutôt alarmant de la chambre régionale de la cour des comptes et un projet plus coûteux que prévu... Cette succession d'événements a entièrement changé la donne à tel point que le conseil métropolitain va décider jeudi 11 février de surseoir au projet. C’est donc un report qui va être officiellement annoncé comme le résume en une phrase Patrick Hatzig vice-président en charge des transports à la métropole nancéienne : “On va proposer de ne pas faire le tram dans ce mandat-là”.

Problèmes en cascade

Rappelons qu’à l’origine, les travaux devaient démarrer cette année avec une mise en service du tronçon entre Essey-lès-Nancy et le bas de Vandoeuvre en 2023 puis la montée de Brabois en 2026 avant l’étape finale en direction de Roberval en 2028.
 

Aujourd'hui, force est de constater que le projet est difficilement finançable

Christophe Choserot, maire de Maxéville

Pour Christophe Choserot, le maire de Maxéville (LREM), par ailleurs vice-président en charge de l'innovation et de l'enseignement supérieur à la métropole et qui a porté ce projet de tram pendant plusieurs années sous le dernier mandat d'André Rossinot, "ce report n'est pas une bonne nouvelle. Ce ne sera pas populaire mais aujourd'hui, force est de constater que le projet est difficilement finançable. Il y a des incertitudes sur les co-financements, les travaux supplémentaires du viaduc Kennedy qui vont coûter entre 35 et 40 millions et qui ne seront pas finis avant 2026. C'est le coup de grâce parce que vous ajoutez un problème technique à un problème financier. Et puis, il y a aussi le Bombardier qui va s'arrêter dans deux ans puisqu'il n y aura plus de pièces de maintenance, la crise sanitaire avec un commerce qui n'aurait pu supporter un si gros chantier. Il y a trop de problèmes, on est obligé de trouver une solution".

Question de timing

Il faut dire que la réalisation de ce projet dont le coût est estimé à 515 millions d’euros arrive au plus mauvais moment en pleine crise sanitaire. Celle-ci a déjà des conséquences économiques bien visibles. “Le tram c'est super mais c'est plus de 500 millions d'euros et il faut bien comprendre” explique Patrick Hatzig “que la crise du Covid-19 a déjà un impact fort sur les recettes avec d'une part la baisse de la billetterie et d'autre part le versement mobilité des entreprises qui est en chute libre du fait des conséquences économiques de la crise sanitaire".

A cela s’ajoute aussi la perspective de très lourds travaux qui auraient impacté l’activité économique et gêné le commerce alors même que depuis un an ces secteurs ont fortement souffert. Et puis comme le mentionne la cour des comptes, ce projet de tramway aurait potentiellement absorbé toutes les marges de manœuvre puisqu’il aurait représenté l’équivalent de huit années de dépenses d’investissement. 

Le vice-président en charge des transports s'est fixé une feuille de route pour que les nancéiens puissent continuer à se déplacer : “Nous avons plusieurs mois de travail devant nous, d’études, de discussions pour qu’on puisse proposer un plan transports à la rentrée. L'idée, c’est de pouvoir présenter dans les six mois un plan global de toutes les mobilités. Dans ce cadre, les déplacements des habitants du Grand Nancy seront passés au peigne fin. Le nouveau cap doit être fixé à la rentrée 2021 avec une concertation des usagers d’ici là."

 

 

Premières réactions

Avant même l’annonce officielle de ce report, les premières réactions ont déjà fusé. Ainsi, pour l'association Entente pour la Défense de l'Environnement Nancéien (EDEN), "la Métropole risque de faire fausse route si elle ne prend pas le temps de faire un diagnostic méticuleux sur la situation des mobilités". Dans un communiqué EDEN estime que "le grand chantier de la politique mobilité ne commence pas par le renouvellement de la ligne 1, ni par le refonte du réseau de transports en commun, mais par une planification de l'offre des mobilités alternatives à la voiture individuelle."

De son côté, le président de l’Université de Lorraine Pierre Mutzenhardt n’a pas caché son inquiétude chez nos confrères de France Bleu Sud Lorraine : “Je comprends les enjeux financiers que cela représente pour la métropole mais il faut qu’il y ait une desserte de qualité pour les étudiants notamment vers Artem et les sites de santé de Brabois. Le tram semblait l’une des meilleures solutions”.  Dans l’immédiat, le très décrié tram sur pneu inauguré il y a tout juste vingt ans va devoir jouer les prolongations jusqu’en décembre 2022.

Quant au tram sur rail, il faudra attendre la prochaine mandature. En d'autres termes un report aux calendes grecques, mais y avait-il aujourd'hui une autre solution ? Telle est la grande question qui risque de faire couler beaucoup d'encre, notamment sur le plan politique, ces prochaines semaines. 

 

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