Une cinquantaine de personne est venue rendre hommage à la mémoire de Maxime. Il y a un an, ce militant FO s'était donné la mort dans le magasin Leclerc où il travaillait. Force Ouvrière met ouvertement en cause le management et réclame que le dossier soit rapidement traité par la justice.
Il avait 34 ans. Il s'appelait Maxime. Il est mort le 11 janvier 2020 en se suicidant sur son lieu de travail : un hypermarché Leclerc dans la banlieue de Nancy, à Vandoeuvre (Meurthe-et-Moselle). Ce jour-là, son terrible geste avait suscité une vive émotion, notamment sur les réseaux sociaux et dans les médias. Des centaines de tweets, des centaines de commentaires... Tt beaucoup de questions sur le suicide de ce délégué FO, à l'aide d'une arme à feu, dans le rayon dont il avait la charge, peu après sa prise de service matinale.
? paix a ton âme max ? je suis choquée... #encolere
— ? 2 sucres d orge ? (@soansoline) January 11, 2020
Vandoeuvre-lès-Nancy : un salarié du magasin Leclerc se suicide sur son lieu de travail avec une arme à feu - France 3 Grand Est https://t.co/SwthlrI6fZ
Il s'est écoulé un an et d'autres infos ont pris le dessus sur ce dramatique événement. L'oubli, c'est souvent le lot des faits divers.
Justement, pour ne pas oublier, ses camarades mais aussi la mère de Maxime se sont donnés rendez-vous à midi ce lundi 11 janvier 2021, au rond-point de ce supermarché. Il y a un an, on pouvait y lire sur les panneaux publicitaires du magasin : “Leclerc assassin”.
Tout a été rapidement effacé, gommé mais pour les proches de Maxime, ce souvenir est encore bien présent.
“Malheureusement, c'est une date anniversaire”, explique Frédéric Nicolas, secrétaire général de l'union départemental FO 54. “Maxime s'est tué sur son lieu de travail et à cause de son travail. Et depuis un an, il ne se passe rien. L'enquête sur les causes de la mort est terminée mais on attends toujours les poursuites, pour harcèlement et mise en danger de la vie d'autrui”.
Car dans ce dossier, le centre Leclerc est directement visé par l'organisation syndicale. Plus précisément un chef de rayon de Maxime qui, selon sa mère, était un "adepte du harcèlement". "La direction est aux abonnés absents", poursuit Frédéric Nicolas, "ici, à Vandoeuvre, il y a une chape de plomb car tout le monde a peur de perdre son travail, notamment si on s'affiche un peu trop avec les syndicats". Confirmation lors de ce rassemblement, aucun membre du personnel de Vandoeuvre n'est présent. Personne pour parler et témoigner.
Leclerc, c'est de l'argent, du pouvoir, des emplois et du lobbying mais nous ne lâcherons pas.
"Un homme est mort et à ce jour, un an après, la justice ne se prononce pas", s'insurge Abdel Nahass, secrétaire départemental UNITÉ SGP POLICE-FO 54, "c'est le néant. Comme si Maxime n'avait jamais existé. On ne demande pas une justice expéditive mais qu'on enquête ! Ce n'est pas anodin de mettre fin à ses jours dans un magasin, devant des caméras de surveillance... Lors de réunion à l'Union départementale, Maxime nous répétait qu'il était à bout. La direction locale mais aussi Edouard Leclerc considèrent les salariés comme un produit. Nous ne lâcherons pas l'affaire au niveau de Force Ouvrière. La justice doit se réveiller, un homme n'est pas mort pour rien. On s'est très bien pourquoi cette enquête est posée sur un bureau et pourquoi elle n'avance pas : Leclerc, c'est de l'argent, du pouvoir, des emplois et du lobbying mais nous ne lâcherons pas".
Au cours du rassemblement, une gerbe a été déposée à l'entrée du parking avec ces mots : "A la mémoire de Maxime, 1 an déjà".
Au même moment, certains de ses camarades n'ont pas hésité à entrer dans l'hypermarché. Pacifiquement, ils ont apposés quelques autocollants sur des boissons, dans le rayon où travaillait Maxime et où il s'est donné la mort. On pouvait y lire : "Maxime, on ne t'oublie pas". Ils ont été très vite été reconduits, dans le calme, vers la sortie, par des vigiles appelés en urgence.
A l'entrée du parking, des tracts ont été distribués aux clients du magasin. La plupart du temps, ils ont pris la peine d'ouvrir la vitre de leur véhicule pour prendre connaissance des raisons de ce rassemblement atypique. Quelques-uns, une minorité, n'ont pas pris la peine de s'arrêter. Sans doute pressés de faire leur courses en raison du couvre-feu et n'hésitant pas à pester au passage contre ces ralentissements provoqués par cette concentration de drapeaux rouges. Finalement... à chacun ses problèmes.