Dans les circonscriptions de Nancy 1 et Nancy 2, deux duels opposent un candidat de la majorité présidentielle à un candidat de gauche à étiquette Nupes : Carole Grandjean et Nordine Jouira et Stéphane Hablot face à Emmanuelle Lacresse. Deux duels pour deux visions diamétralement opposées avec quatre personnalités qui espèrent transformer l'essai.
En pleine polémique pour savoir qui de la Nupes ou de la majorité présidentielle est arrivée en tête à l’issue du premier tour, Nancy se prépare à deux duels de second tour avec les mêmes formations politiques.
Dans la circonscription de Nancy 1, Carole Grandjean et Nordine Jouira sont dans un mouchoir de poche. Seuls 377 voix séparent la députée sortante (Ensemble) de son rival issu des rangs de LFI.
En 2017, Carole Grandjean, alors inconnue, l’avait largement emporté avec 55,89% des voix face à Chaynesse Khirouni (aujourd’hui présidente du département de Meurthe-et-Moselle) pour le PS. En cinq ans la donne a changé et la défiance envers le président réélu est toujours d’actualité. C'est d'ailleurs cette voix de l'anti-macronisme de Nordine Jouira veut porter.
C'est stop ou encore, les gens ont leur destin en main
Nordine Jouira candidat Nupes, Nancy 1
"Cette élection c'est un référendum pour ou contre Macron et sa politique après les cinq années très difficiles que l'on vient de passer. C'est stop ou encore, les gens ont leur destin en main, il faut qu'ils comprennent que cette élection est la plus importante de toutes, qu'il est possible d'empêcher la majorité absolue pour Macron". Le candidat Nupes assure qu'il va redoubler d'efforts pour aller chercher les abstentionnistes et en particulier les jeunes et tous ceux qui sont dans la précarité.
Celui qui a fait un gros score à Nancy (40,4%), va donc poursuivre ses actions dans les quartiers populaires, en particulier sur le Plateau de Haye, à la chiennerie et à Bonsecours où l'abstention a été très forte. Le directeur d'établissements sociaux espère faire coup double avec Nancy 2 dimanche prochain.
Carole Grandjean, de son côté affiche un programme très dense pour cet entre-deux-tour. Membre de la commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale, elle aussi veut convaincre : les entreprises avec la rencontre du président de la CPME, mais aussi les commerçants avec un déplacement dans le quartier des 3 maisons et les travailleurs sociaux comme ceux qui travaillent à l'accueil des étrangers pour ce début de semaine marathon.
Il faut faire barrage à l'extrême gauche, à cette alliance d'appareils très fracturante pour notre société
Carole Grandjean, députée sortante Ensemble Nancy 1
"Je n'ai pas une minute à perdre, je veux mobiliser tout le monde autour d'un projet constructif. Il faut faire barrage à l'extrême gauche, à cette alliance d'appareils très fracturante pour notre société".
La députée sortante veut aussi défendre son bilan : les investissements au CHRU de Nancy, le projet de nouvelle cité judiciaire et les projets de France Relance. "Nous avons un vrai programme de santé, de justice et d'écologie qui a déjà donné des résultats et qu'il nous faut poursuivre".
Pour ce qui est des consignes de vote de ses concurrents du premier tour, Carole Grandjean ne pourra pas compter sur le soutien de Claudine Brin, la candidate LR qui avait engrangé près de 3.000 voix. Mais la candidate de la majorité espère rassembler sous l'étiquette tout sauf l'extrême gauche : "à Nancy c'est un binôme 100% LFI qui soutient totalement la politique de Mélenchon que les électeurs risqueraient d'envoyer à l'assemblée" conclut la candidate bien décidée à faire la différence.
A Nancy 2, un duel très serré
Autre circonscription à enjeu, celle de Nancy 2, qui voit s’affronter le maire de Vandœuvre-lès-Nancy, Stéphane Hablot à un proche du chef de l’état, Emmanuel Lacresse.
D’un côté, un maire socialiste très populaire réélu dans un fauteuil aux dernières municipales dés le premier tour (65,81%) qui a endossé sans difficulté l’étiquette de la coalition de la gauche Nupes. Il vire en tête au premier tour avec 39,59% des voix dans une circonscription alors détenue par le centre-droit (Laurent Garcia, LREM, puis Pascale César, Modem).
Face à lui Emmanuel Lacresse, un proche d’Emmanuel Macron, qui revendique haut et fort son identité Lorraine, lui qui est né à Laxou et qui a fait une partie de ses études à Vandœuvre-lès-Nancy avant de partir à l’ENA puis Bercy. Il se place en deuxième position avec 31,6%, avec 1.653 voix d’écart.
D’un point de vue purement arithmétique, les voix de l’UDI Vincent Manfrandi (2.753), pourraient lui être acquise. Mais Emmanuel Lacresse ne veut pas se contenter de calculs et veut mobiliser sur le terrain.
Il y a un vrai risque de cohabitation et les élus que j’ai rencontré n’en veulent pas
Emmanuel Lacresse, candidat Ensemble Nancy 2
" Il y a une dynamique de terrain, je travaille avec les maires de l’agglomération depuis le début de cette campagne et je compte sur leur accompagnement pour ce second tour. Il y a un vrai risque de cohabitation et les élus que j’ai rencontré n’en veulent pas".
Sur les communes de Ludres (35,31%), Heillecourt (33,98%), Houdemont (35,25%), le vote met clairement en tête Emmanuel Lacresse. Le haut fonctionnaire peut également compter sur le soutien de l’ancien maire de Nancy, André Rossinot.
L'extrémiste, c'est le chef de l'état, il fait peur aux gens, il représente l'instabilité, il divise la France
Stéphane Hablot, candidat Nupes Nancy 2
C'est logiquement du côté de Vandœuvre-lès-Nancy, que Stéphane Hablot fait quant à lui son meilleur score : 47,43%. Il est également en tête à Laxou (35,16%), Jarville-la-Malgrange (36,37%) et Villers-lès-Nancy (33,33%).
Conscient du manque de réserves de voix issues du premier tour, le premier édile vandopérien saura lui aussi se montrer combattif et arpenter le terrain, pour aller chercher les abstentionnistes ?
"Moi je parle avec tout le monde, dans toutes les villes et tous les quartiers, je veux fédérer les gens quand le président les a fracturés. Je ne suis pas soumis à un programme, je ne fais pas d'ostracisme".
Cet adepte du localisme sait que son territoire a besoin de l'aide de l'Etat pour toutes les questions nationales qui touchent directement les habitants : le climat, l'accueil des ukrainiens, l'hôpital, les retraites.
Comme d'autres candidats estampillés Nupes, il rejette l'image de mouvement extrémiste qu'on veut lui accoler. "l'extrémiste, c'est le chef de l'état, il fait peur aux gens, il représente l'instabilité, il divise la France. Dans l'entre-deux-tour des présidentielles, il a flatté Mélenchon pour se faire élire et maintenant, il le diabolise".