Les entreprises du vitrail inquiètes en raison de l'interdiction du plomb

En ce printemps 2022, année du verre, la Chambre Syndicale National du Vitrail alerte sur l’imminente interdiction du plomb en Europe, y compris dans le domaine du vitrail. Cette proscription actera la disparition des vitraillistes. Ils sont environ quarante dans la région Grand Est.

L’année du verre sera-t-elle celle de la disparition des entreprises artisanales ayant pour activité la création contemporaine et la restauration des vitraux traditionnels au plomb ? C’est la crainte de la Chambre Syndicale National du Vitrail (CSNV) qui, dès le début de ce mois d’avril 2022, a lancé une alerte contre l’interdiction du plomb en Europe.

Depuis 2018, la CSNV travaille sur le REACH, règlement européen pour sécuriser la fabrication et l'utilisation des substances chimiques dans l'industrie européenne, dont l’objectif à l’heure actuelle est l’interdiction pur et simple du plomb d’ici cinq ans.

"L’objectif au départ était d’éviter l’utilisation en masse du plomb avec les batteries. Les métiers du vitrail font partie des dommages collatéraux", regrette Jean Mône, président de la CSNV. "Le vitrail est un artisanat d’art français qui utilise le plomb dans ses assemblages, mais également dans le travail de la couleur et de la lumière", explique-t-il. "Aucune autre matière que le plomb n’est aussi résistante dans le temps. S’il est bien entretenu, un vitrail se restaure après cent ou cent cinquante ans."

Dès l’ouverture de la consultation, en lien avec la Fédération du Cristal, du Verre et du Vitrail, la CSNV a mobilisé ses membres pour avoir une réponse qui soit des plus efficaces : rencontrer des experts et différents organismes afin d’affiner son action.

"Si l’action doit être organisée de manière collective, la réponse doit être individuelle", ajoute Jean Mône. "Que vous soyez une entreprise, un amateur, un atelier individuel, une association ou un syndicat, envoyez-moi un mail à president@vitrail-syndicat.fr et je vous expliquerai comment soutenir notre action."

Fermeture d'ateliers

Pour le Maître verrier Stéphane, gérant de Stef Atelier à Domgermain, près de Nancy, l’interdiction du plomb entrainerait la fermeture de son atelier. "Tous les ateliers disparaîtraient puisqu’on aurait plus de travail. Il n’y a rien qui remplace le plomb métal. On ne pourra plus intervenir dans les églises et les bâtiments publics où il y a des vitraux. On ne pourra plus les réparer, donc tout va disparaître : tout un patrimoine et des savoir-faire."

A moins d’un métal miracle, je ne vois pas dans les cinq ans à venir quelque chose qui soit pérenne et recyclable comme le plomb

Stéphane, Maître verrier

Stéphane ne voit pas bien ce qui pourrait remplacer le plomb. "Dans les métaux, l’étain est le plus proche, mais il est trop dur. Il y a déjà eu des recherches qui se sont traduites par des échecs et on est revenu au plomb. A moins d’un métal miracle, je ne vois pas dans les cinq ans à venir quelque chose qui soit pérenne et recyclable comme le plomb."

Le Centre Européen de Recherches et de Formation aux Arts Verrier (CERFAV) à Vannes-le-Châtel, en Meurthe-et-Moselle, recherche des solutions alternatives au plomb. Des alliages y sont déjà utilisés comme substitut. Il reste cinq années de recherche pour trouver un "métal rassemblant les mêmes propriétés".

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