Loïc, opposant au projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure, était présent jeudi 4 mars à la Cour d'appel de Nancy. Condamné en 1ère instance pour dégradation d'une grille de l'Andra en février 2017, il devait à nouveau comparaître mais le Parquet à l'origine de l'appel s'est désisté.
Physiquement Loïc tient plus du roseau que du chêne. Du genre qui plie sous la bourrasque mais ne rompt pas.
Au sortir de la Cour d’appel ce jeudi 4 mars 2021, une cinquantaine de militants anti-Cigéo et de membres de la Confédération paysanne sont présents pour accueillir le jeune homme longiligne en sweet bleu et bottes de travail. La Cour d’appel vient de lui annoncer le désistement du parquet.
Le jeune militant a été condamné en juin 2017, en première instance, à quatre mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende pour avoir détruit une grille protégeant le laboratoire de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) à Bure lors de la manifestation du 18 février 2017. Le parquet avait fait appel estimant le jugement trop clément. C’est ce même parquet qui a annoncé se désister, sans motiver sa décision.
C’est une surprise et une bonne nouvelle. C’est sans doute une volonté d’éviter de ranimer la contestation au moment où l’Andra est engagée dans la procédure de déclaration d’utilité publique.
Prendre des libertés avec l’interdit
Pour le jeune homme, ce sont les autorités qui poussent les militants aux actions radicales. Il pointe leur surdité face aux expressions démocratiques dans cette lutte contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure qui dure depuis plus de vingt ans.
On a essayé beaucoup de choses : des pétitions, des manifestations mais l’avis des populations, des associations n’est jamais pris en compte. Il faut parfois franchir l’interdit pour se faire entendre.
Entouré par la cinquantaine de militants présents devant la Cour d’appel de Nancy, le jeune homme affiche un flegme à toute épreuve et lit un texte de remerciements. Il ne cache pas les angoisses vécues pendant cette séquence judiciaire.
Il fait ce constat amer : "Je renverse un grillage et je suis condamné à de la prison. L’Andra détruit illégalement des arbres dans le Bois Lejuc, ses responsables ne sont pas condamnés aussi sévèrement…"
En 2016, le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc avait reconnu l’Andra coupable de défrichement illégal de sept hectares de forêt et avait condamné l’agence à remplacer les arbres abattus.
Pince avec rire
Le militant assume ses responsabilités. Il a reconnu devant le tribunal correctionnel être un des auteurs de la dégradation de la grille. Avec toujours cet argument : il faut franchir la frontière de la légalité quand tous les moyens légaux d’expression ont été épuisés.
L’Etat ignore les alertes des citoyens, alors j’ai sorti la pince.
Il se défend aussi avec l’arme de l’humour. Soumis à un travail d’intérêt général, il fait une proposition à l’Andra :
Je n’ai pas d’argent pour rembourser la grille, l’Andra en a plein mais ne sait pas replanter des arbres. On pourrait peut-être s’entendre ?
Mais ses traits d’esprit sont teintés d’amertume.
Loïc reconnait que cette séquence judiciaire a été particulièrement éprouvante. Devant un public acquis, il dit espérer que la grille s’est bien remise de son traumatisme. Quant à lui, il évoque un cauchemar récurrent, il se fait tirer dessus par la police et meurt. Il précise aussitôt : "cela ne change rien à ma détermination. Je recherche toujours l’efficacité dans l’action. J’ai vraiment à cœur d’empêcher ce projet mortifère d’aboutir."