Les scientifiques lorrains lancent le 1er mai 2022 une nouvelle campagne "TIQUoJARDIN". Ils recherchent 150 propriétaires de jardins à Nancy et environs pour une étude sur la prolifération des tiques.
Le projet de Science participative TIQUoJARDIN recherche des volontaires pour collecter les tiques dans les jardins autour de Nancy. Il est porté par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail ), l’INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement), l’Université de Lorraine et le Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE). Il se déroulera du 1er mai au 10 juillet 2022.
Laure Bournez, chercheuse au laboratoire de la rage et de la faune sauvage de l’Anses à Nancy explique : "il s’agit de mieux connaitre les risques liés à la présence de tiques dans les jardins privés : leur abondance, la présence d’agents pathogène dont ils sont porteurs et la fréquence des piqûres. Cela permettra de caractériser le profil des jardins où l’on trouve des tiques et identifier les facteurs environnementaux liés aux pratiques humaines qui favorisent leur prolifération."
La première collecte en 2021 avait permis de constater la présence de tiques dans 40% des jardins participants, avec en moyenne quatre tiques par jardin. Cette nouvelle collecte permettra d’affiner ces premiers résultats et de déterminer les caractéristiques des jardins avec des tiques.
Notre hypothèse est que les tiques sont introduites par la faune sauvage
Laure Bournez, chercheuse Anses Nancy
Le but à terme est de proposer des recommandations en terme de prévention. Pour y parvenir, les scientifiques ont besoin de collecter beaucoup de données sur le terrain, d'où le recours au volontariat citoyen : "nous n’avons pas de données quantitatives donc nous ne savons pas évaluer le niveau d'infestation. Notre hypothèse est que les tiques sont introduites par la faune sauvage. Les jardins infestés seraient le plus proches de milieux favorables à leur présence notamment le milieu forestier. Ou l’existence de corridor vert où la faune sauvage peut se déplacer facilement."
Les scientifiques savent que dans les premiers stades de développement des tiques, larves et nymphes sont portées par les rongeurs et les oiseaux. Ils cherchent à déterminer jusqu’à quel point les oiseaux peuvent introduire ces parasites dans le tissu urbain.
Identifier les facteurs qui vont favoriser la présence de tiques
Il s'agit d'identifier les facteurs d’introduction extérieurs et les facteurs liés aux jardins eux-mêmes comme les types de végétation, les pratiques de tonte, la présence de compost, d’animaux domestiques. Un ensemble de facteurs qui permettent aux tiques de survivre et de piquer l’homme : "pour se faire, nous demandons aux participants de collecter les tiques et de répondre à un questionnaire pour bien caractériser leurs jardins. Nous allons aussi analyser l’environnement proche du jardin : présence d’une forêt, le niveau d’urbanisation voisin, pour produire une analyse statistique pour identifier les facteurs qui vont favoriser la présence de tiques."
Les kits de prélèvements sont récupérés sur rendez-vous dans un des quatre points relais situés à Champigneulles, au centre INRAE de Champenoux, à l’Anses de Malzéville et au jardin botanique Jean-Marie Pelt à Villers-lès-Nancy.
A la recherhce de 150 jardins
Pour faire cette analyse statistique, les scientifiques ont besoin de beaucoup de jardins pour accumuler suffisamment de données et rendre l’étude pertinente : "l’année dernière nous en avions 73, cette année nous avons fixé le nombre à 150."
Cette collecte de données s’appuie sur le volontariat. Pour participer Il faut satisfaire à trois critères :
1- Habiter dans un rayon de 30 kilomètres autour de Nancy, pour que les conditions météorologiques de la zone d’étude soient homogènes
2- Avoir un jardin d’au moins 100 m2
3- S’inscrire sur le site du projet
Les tiques sont un problème de santé publique car ils véhiculent les bactéries, responsables entre-autres pathologies de la maladie de Lyme. Les autorités sanitaires constatent une augmentation de l’incidence de cette maladie. L’objectif est aussi de sensibiliser la population aux risques liés aux tiques surtout dans les jardins. Ils sont considérés à tort comme un milieu sain car les tiques sont plus présents dans les milieux forestiers.
En participant à cette collecte qui consiste à passer un drap sur le sol, les gens vont pouvoir observer ou non la présence de tiques et être plus vigilants face au risque. Le but sera ensuite d’exporter le résultat des connaissances et les mesures de prévention dans d’autres régions concernées.