Lutter contre le gaspillage alimentaire, c'est l'ambition de la coopérative anti-gaspi "Arlevie" à Nancy. Depuis février, elle propose des plats à emporter végétariens confectionnés par une cheffe à partir de produits frais invendus.
Il est un peu moins de midi ce jeudi 24 mars quand François passe la porte de la coopérative "Arlevie" de Nancy. C'est le bouche à oreille qui l'a fait se déplacer, il vient voir quel est le menu du jour.
En cuisine, la cheffe Elise Parmentier lui détaille le plat du jour : mijoté de légumes et légumineuses et ses œufs mollets. Un plat réalisé avec des produits invendus, c'est la marque de la maison. Les chips de pommes de terres qui viennent orner le plat sont même confectionnées à partir des épluchures du féculent. Ce jour-là, c'est une nouveauté, il y a un dessert : fondant de chocolat noir et compotée de mandarine.
"Je suis venu pour le concept et pour la cuisine, j'avais envie d'essayer. Petit, je jardinais et je voyais les efforts nécessaires pour faire pousser les légumes. Si les invendus peuvent-être valorisés c'est une très bonne chose" nous explique cet étudiant qui repartira finalement avec deux desserts.
La coopérative est ouverte depuis quatre semaines et confectionne une quinzaine de plats par jour pour les midis, au prix unique de 11 euros. Les contenants fabriqués en bagasse, un résidu fibreux de canne à sucre, sont compostables.
Des invendus rachetés à prix coûtant
Je voulais lutter contre le gaspillage alimentaire à mon niveau tout en sensibilisant les gens
Anthony Vincent, responsable de la coopérative Arlevie
Les produits cuisinés par la cheffe, sont aux 3/4 des invendus alimentaires rachetés à prix coûtant. "On s'alimente auprès du primeur Uyar au marché central de Nancy et auprès d'un producteur à Athienville, à proximité de Lunéville". Il n'y jamais de stock, dans le frigo, des légumes et les desserts, tout est cuisiné au jour le jour.
Derrière le comptoir aux côtés de la cheffe, Anthony Vincent, c'est lui qui a eu l'idée de ce concept de cuisine familiale anti-gaspi : " je voulais lutter contre le gaspillage alimentaire à mon niveau tout en sensibilisant les gens".
Le garçon a toujours eu envie de monter des projets, déjà adolescent, et ça ne l'a pas quitté. Longtemps engagé dans des projets musicaux et culturels, celui qui fut étudiant en commerce décide de ce lancer dans la cuisine mais avec un concept : "je cuisinais déjà, j'ai été élevé dans une famille qui cuisinait et qui m'a éduquée dans l'idée qu'il ne fallait pas gaspiller, notamment ma grand-mère qui avait manqué pendant la guerre, le concept est venu un peu comme ça".
C'est juste à côté de chez moi et j'adhère totalement au principe
Marion Melchiori, cliente
Et le concept semble plaire aux gens du quartier rencontrés ce jour-là. Marion Melchiori vient retirer sa deuxième commande avec sa fille : "c'est juste à côté de chez moi et j'adhère totalement au principe anti-gaspi. Du coup, je soutiens cette démarche. La dernière fois, j'ai commandé des penne aux poireaux et à l'ail des ours. C'était bon, je suis donc revenue".
Pour Ophélie Ferry, la motivation, c'était de manger des légumes plus que la démarche anti-gaspi. "Tant que c'est bon, pas de souci" nous confie-t-elle, ravie d'avoir trouvé des plats à emporter équilibrés juste à côté de son travail à l'école Gebhart.
Les projets
Avec la crise sanitaire, le projet n'a pas été simple à monter et Anthony a pris le parti de la vente à emporter. La cuisine n'est pas encore totalement installée à cause d'un problème de raccordement mais le jeune homme se veut optimiste.
Pour plus de solidarité, c'est le modèle de la société coopérative d'intérêt collectif qui a été choisi, il associe association, particuliers et entreprises. Des produits anti-gaspi d'autres producteurs sont d'ailleurs en vente sur place. C'est le cas avec in extremis par exemple qui propose des gâteaux apéritif anti-gaspi ainsi qu'avec La conserverie locale de Metz. Avis aux amateurs, il y aura bientôt de la bière anti-gaspi produite à partir de pain invendu.
Une partie des plats confectionnés par Elise sont proposés à Court-circuit, une épicerie, café-bar de Laxou et une fois par semaine, les clients de l'épicerie vrac Day-by-Day pourront également avoir accès à ces plats anti-gaspi. L'objectif pour l'instant, c'est bien de se faire connaître et de multiplier les points de vente dans des lieux qui partagent les mêmes valeurs qu'Arlevie, un anagramme de Valérie, un hommage à la maman d'Anthony décédée il y a quelques années.