Tout s’arrange pour Bryan Griffin. Cet Australien de 83 ans, vivant sur une péniche à Nancy, était menacé d’expulsion depuis décembre 2021 en raison du Brexit. Finalement, un titre de séjour d’un an va lui être délivré.
Bryan Griffin circulait en Europe depuis une vingtaine d’années avec un permis de résident délivré en Angleterre. Mais les Britanniques ont quitté l’Europe, laissant Bryan dans la galère. En décembre 2021, il était menacé d’expulsion par la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Il vient de recevoir une convocation pour régulariser sa situation. La préfecture lui accorde un titre de séjour d’un an renouvelable au titre de "visiteur".
C'est une si belle nouvelle, je suis soulagé
Bryan Griffin
"Je suis soulagé", nous explique Bryan, avant d'ajouter "Il m'a fallu plus de quatre heures pour traduire le document sur internet. Mais, c'est une si belle nouvelle, je suis soulagé. Il ne va pas être facile de financer un an de couverture sociale comme le réclame la préfecture en plus de ce que me demande VNF (Voies navigables de France). Mais je vais m'en sortir d'une façon ou d'une autre."
Bryan remercie toutes les personnes qui se sont mobilisées pour lui, ses amis, des personnes de la mairie, mais aussi une habitante de Nancy, elle aussi d’origine néo-zélandaise qui l’a aidé, en particulier, pour les traductions.
Un recommandé reçu la veille de noël
Nous avions rencontré Bryan Griffin en décembre 2021 à Nancy. Bryan a la double nationalité, Australienne et Néo-Zélandaise. Il était pilote de ligne pour une grande compagnie australienne. Il vit en Europe depuis plus de 10 ans. Il s'est installé sur une péniche, il y a environ cinq ans. Elle est amarrée depuis décembre 2020 au port de Nancy.
Le 23 décembre 2021, veille de Noël, il reçoit un recommandé de la préfecture de Nancy, daté du 17 décembre, lui ordonnant de quitter le territoire sous 30 jours. Bryan est en possession d'une carte de résidence établie en Angleterre en 2014. Mais le Brexit est passé par là. Les Britanniques sont sortis de l'Europe. Ironie de l'histoire, c'est lui qui s'est signalé en faisant, l'été dernier, une demande officielle de résident en France pour régulariser sa situation. Ce qu'il pensait être une simple formalité est devenue en véritable cauchemar.
Je suis proche de la fin de ma vie. C'est ici, sur ma péniche, en France, que je veux la finir et pas dans une impasse en Nouvelle-Zélande ou en Australie
Bryan Griffin
Dans le courrier de décembre 2021, la préfecture lui indiquait, par exemple, qu'un voyage en Inde entre novembre 2019 et avril 2020 constitue une interruption de son séjour en France. Il était aussi écrit qu'il ne mentionne pas de liens familiaux sur le territoire, qu'il ne travaille pas, qu'il ne maîtrise pas le français. Le retraité est alors abasourdi. Mais, il nous avait confié : "des combats, j'en ai mené d'autres. Je me suis battu contre la compagnie australienne qui m'employait comme pilote. Je suis proche de la fin de ma vie. C'est ici, sur ma péniche, en France, que je veux la finir et pas dans une impasse en Nouvelle-Zélande ou en Australie. Je ne fais de mal à personne. Je contribue à l'économie en payant mes taxes. Je ne demande rien. C'est la vie qui me convient, au calme, sans stress. Il y a toujours quelque chose à faire sur ma péniche. Quand les beaux jours arrivent, je m'occupe de mes géraniums".
Fidutia, le nom de la péniche signifie confiance
Bryan a acheté la péniche "Fidutia" aux Pays-Bas, il y a quelques années, "avec l’argent du procès que j'ai gagné contre mon ancien employeur", précise-t-il. "Fidutia", signifie confiance en latin. Fidutia mesure 24 m de long, 4,0 m de large et pèse environ 45 tonnes. Elle a été construite à Zwartsluis en Hollande en 1903 et s'appelle un Hasselter Aak. "Elle dispose de deux cabines doubles avec leur propre salle de bains. Que pourrais-tu vouloir de plus ?" Bryan aime particulièrement passer les écluses. Sur sa péniche, tout va bien moins vite, une vie au ralenti dont il a toujours rêvé. Il a quitté la Nouvelle-Zélande et l’Australie après des problèmes professionnels et personnels qu’il souhaite laisser derrière lui. Il ajoute :"Je n'ai aucune envie de retourner dans un de ces deux pays".
Désormais, Bryan peut rester en France, s'occuper de ses géraniums ou partir pour l'Allemagne comme il l’avait envisagé il y a quelques mois. Il peut circuler, à nouveau, sur les canaux sans crainte, à condition de respecter désormais les obligations indiquées par la préfecture pour le renouvellement de son titre de séjour.