Zic en signe est un duo composé d’Adrien Beaucaillou auteur, interprète et musicien et Constance Enard, spécialiste de la langue des signes. C’est pendant le confinement, dans leur village à Amance, près de Nancy, qu’ils ont eu l’idée proposer des titres en chansigne.
Le chansigne permet aux sourds et malentendants de vivre une forme d'expérience musicale. Pour tous les autres, il est une rencontre avec la langue des signes.
Adrien Beaucaillou est un artiste du monde. Chanteur, mais aussi musicien, passionné de voyages. Il joue de plusieurs instruments : guitare, percussions, certains plus singuliers comme le N'goni, une guitare traditionnelle malienne ou encore la sanza, un piano à pouces. Son nom d’artiste, Adrien Bléni, lui a été donné au Mali par les Dogons. Bléni signifie "rouge" en langue Bambara. Un souvenir d’une peau rougie par le soleil. En 2018, il fait la première partie de Mathieu Chedid à Epernay dans le cadre de sa tournée avec son projet "Lamomali". On le connaît aussi pour Africarel un projet pour lequel il a, avec des jeunes de l’IME de Saint-Nicolas de Port, organisé un voyage en Afrique pour aller à la rencontre de musiciens. De ce périple, sont nés deux albums. Pendant le confinement avec Constance Enard, ils ont eu l’idée de prolonger une expérience qu’ils avaient débutée quelques mois auparavant avec un spectacle jeune public pour une MJC de Verdun qui intégrait déjà le chansigne. "Pendant le confinement, on a ressenti un climat très anxiogène. On a eu besoin, la première semaine, la plus difficile pour nous, d’un peu de légèreté, de prendre du recul".
On a décidé de faire une première vidéo une reprise de Bob Marley '' Three little birds '' pour avoir une petite bouffée d’air.
On a décidé de le faire en une journée. Je travaille avec un public sourd. J’avais besoin que ce message puisse être transmis et qu’il soit accessible à tous.
Une discipline artistique à part entière
Le chansigne n'est pas une simple traduction des paroles d’une chanson, c'est vraiment une interprétation. C’est une chorégraphie dans laquelle le corps entier s’exprime. Il y autant de styles et d'interprétations différentes qu’il y a de chansigneurs ou de chansigneuses. "Dans la langue des signes, il n’y a pas que les mains qui parlent. Il y a aussi le visage et toutes ses expressions. Cela peut vite changer le sens. Et dans le chansigne encore plus. On doit interpréter la musique, retranscrire au mieux l’intention de la chanson, le sentiment de l’artiste et le contexte de la chanson. Il faut aussi pouvoir montrer le rythme par le corps."
Lorsque l’on fait du chansigne. Il y a une véritable réadaptation.
Pour Adrien Beaucaillou, en tant que musicien, il y a une réflexion à mener avec Constance Enard. Il doit s'effacer pour laisser la place à la chansigneuse. Le deuxième titre en chansigne posté par le duo sur sa chaine YouTube est "La mauvaise réputation" de Georges Brassens. Très loin de Bob Marley ou peut-être pas.
"La mauvaise réputation" nous tient à cœur par l'univers singulier qu'elle dégage.
Le chansigne n’est pas nouveau. On se souvient du clip de Florent Pagny Savoir aimer où il est lui-même le chansigneur. Un des premiers artistes musiciens à se livrer à l’exercice est un rappeur américain, quelques mois avant le clip de Florent Pagny, Sean Forbes avec son titre I’m Deaf (littéralement Je suis sourd). Depuis le chansigne trouve de nouvelles façons d’investir l’art dans toutes ses disciplines.