PORTRAIT. JO de Paris 2024 : "j’ai la capacité d’aller chercher une belle médaille", Magda Wiet-Hénin en taekwondo

Plus sur le thème :

Qualifiée grâce à ses très bons résultats en 2023, Magda Wiet-Hénin a déjà la tête aux Jeux olympiques de Paris depuis un moment déjà. Ou plutôt depuis les Jeux de Tokyo en 2021, où elle a été sortie dès son entrée en lice. Un traumatisme que la combattante nancéienne ne veut pas revivre le 9 août prochain, sous la nef du Grand Palais.

Les Lorrains qualifiés aux Jeux se suivent et se ressemblent. Beaucoup d’entre eux ambitionnent une médaille à Paris. Certains espèrent un podium. D’autres ne visent que l’or. Comment ne pas mettre dans cette catégorie la taekwondoïste nancéienne, Magda Wiet-Hénin. À 28 ans, la combattante arrive à maturité. Elle en aura 32 aux Jeux de Los Angeles en 2028. Paris pourrait être ses dernières olympiades. En-tout-cas, la principale concernée n’y pense pas encore : "C’est vrai que je commence à être une ancienne de ma discipline. Je ne me mets pas la pression par rapport à la prochaine olympiade, à celle d’avant ou à mon âge. Je veux vraiment vivre l’instant. Je me dis que je fais partie de ces athlètes qui sont chanceux d’être né à cette période, d’avoir l’âge de faire les Jeux à Paris. Tous les autres, les Français rêveraient de pouvoir faire cette olympiade"

Ne pas reproduire les erreurs des Jeux de Tokyo

Une maturité et une expérience que la Meurthe-et-Mosellane s’est construite. Remplaçante aux Jeux de Rio en 2016 où elle a d’abord pu appréhender ses premiers JO, sa véritable entrée dans la compétition ne s’est pas passée comme prévu. Annoncée favorite dans sa catégorie des moins de 67 kg, Magda chute dès son entrée en lice en huitième de finale des Jeux de Tokyo en 2021. Une terrible désillusion : "C’est un enseignement que je garde dans un coin de ma tête. D’arriver sur un premier tour, et de ne pas pouvoir juste être à son meilleur niveau parce qu’on est trop stressé. C’est quelque chose qui est très frustrant, que je ne veux pas reproduire à Paris." 

Elle poursuit, les yeux dans le vague, comme si les images de son combat se bousculaient dans sa tête : "Comme si, pendant le combat, ou après ce combat, j’avais un gros black-out. Impossible de me rappeler ce qui s’est passé pendant le combat. Je suis rentrée sur l’aire et j’étais hyper stressée, impossible de contrôler mon corps, ma tête. C’est un combat qui a été difficile à accepter. J’ai mis presque trois ans à le regarder à nouveau".

Des titres et du travail mental

Pour ne pas revivre la même désillusion trois ans plus tard, Magda Wiet-Hénin a décidé de travailler son mental, en plus de sa préparation physique et technique. Depuis trois ans, la pensionnaire de l’INSEP cherche à ne plus se laisser envahir par le stress et se faire submerger par l’émotion : "Avant les combats, c’est vrai que je suis quelqu’un qui est assez stressé donc je peux perdre beaucoup d’énergie. La préparation mentale me sert à faire la différence dans les moments intenses, les moments où le match se joue" avoue Magda.

Un travail mental qui passe par le débriefing d’une compétition à froid, de ce qui a fonctionné ou pas, mettre en place des routines d’échauffement, du travail sur la respiration... Son entraîneur espagnol, Rosendo Alonso, poursuit : "Dans l’ambition qu’on a, il faut maintenir la lucidité, la tête calme. Il faut qu’elle se concentre plus sur ce qu’il faut faire aux Jeux olympiques, plus que sur son ambition. Je pense que l’ambition, elle est là, mais il ne faut pas que cette ambition me touche assez pour me faire stresser ou sentir la pression." 

Un travail qui a porté ses fruits. Car ces trois dernières années, ses performances lui ont permis de relever la tête. Elle est devenue championne du monde chez les moins de 67 kg pour la première fois de sa carrière, en mai 2023 à Bakou (Azerbaïdjan). Avant de remporter une médaille d’argent aux Championnats d’Europe à Belgrade il y a quelques mois. De quoi refermer la cicatrice des Jeux manqués à Tokyo : "C’est un palmarès qui permet de prendre de la confiance. Ce qui permet aussi de montrer que le travail a vraiment de la valeur. C’est de chercher les médailles et de pouvoir montrer à son staff qu’on est là, à la famille avec qui on ne passe pas beaucoup de temps, qu’on n’est pas là pour rien. Ça m’a permis de prendre de la confiance pour préparer Paris, et sentir que j’ai la capacité d’aller chercher une belle médaille."

Je garde pour moi, dans mon cœur, ce que je vais faire, mais tout le monde sans doute un petit peu.

Magda Wiet-Hénin

Si elle ne parle pas vraiment de la médaille d’or, ses objectifs sont à peine voilés : "Mes ambitions, c’est vraiment de pouvoir s’exprimer, prendre du plaisir. Après, je garde pour moi, dans mon cœur, ce que je vais faire, mais tout le monde sans doute un petit peu", lâche la combattante nancéienne, le sourire en coin. Une façon de canaliser ses émotions. Car grâce à ses expériences passées, Magda Wiet-Hénin veut écrire son histoire au présent, pour devenir la première championne olympique française de l’histoire du taekwondo le 9 août prochain, sous la nef du Grand Palais.

L'actualité "Sport" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Grand Est
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité