Après plus de trois semaines de procès, mardi 12 novembre à Nancy (Meurthe-et-Moselle), dans ses réquisitions, le procureur Vincent Legaut est revenu sur "l'absence totale de prise de conscience" des prévenus. Il demande des peines de prison d’un an à huit ans ferme, avec un mandat d'arrêt contre le principal suspect actuellement en Israël.
En début de soirée ce mardi 12 novembre 2024, le procureur de la République Vincent Legaut a requis des peines allant d’un an à huit ans de réclusion. Il a également demandé des mandats d'arrêt, dont un contre le principal suspect, actuellement en Israël.
Plus tôt dans la journée, dans ses réquisitions, Vincent Legaut est revenu sur les vastes escroqueries aux diamants et aux cryptomonnaies de l’affaire Carton rouge. "Le caractère exceptionnel et l'ampleur du préjudice", dit-il dès le début de l’audience. Dans son texte, Vincent Legaut, procureur de la République à la Juridiction interrégionale spécialisée de Nancy (Jirs) a "regretté l'absence totale d'empathie ou de prise de conscience des conséquences de leurs actions de plusieurs prévenus pendant ces trois semaines de procès".
Le fait que les prévenus ne réalisent pas la portée de leurs actes, on l’a senti tout au long de l’audience.
Arnaud Delomel, avocat au Barreau de Rennes
Les prévenus sont âgés de 28 à 73 ans. "On rejoint les propos du Parquet. Pendant les audiences des victimes, on aurait au moins aimé qu’une partie des prévenus, soit là. Pour écouter ce que les victimes ont enduré", dit Arnaud Delomel, à France 3 Lorraine, avocat au Barreau de Rennes et partenaire de l'Association ADC.
Vingt-deux prévenus, 900 parties civiles, 1.300 victimes, une infraction à très grande échelle est jugée à Nancy depuis le 21 octobre. Vincent Legaut a souligné que "les agissements qui leur sont reprochés ont porté atteinte à l'intégrité patrimoniale des victimes, certes, et aussi à leur intégrité morale". Une arnaque pour 28 millions d'euros de préjudice. "Le fait que les prévenus ne réalisent pas la portée de leurs actes, on l’a senti tout au long de l’audience. On n’a pas découvert cela ce matin et c’est une réalité", ajoute Arnaud Delomel.
On n’imagine pas les moyens mis en œuvre par les escrocs pour voler les petits épargnants en France et même pas qu’en France.
Guy Grandgirard, président de l'Association de défense des consommateurs
Un constat partagé par Guy Grandgirard président de l'Association de défense des consommateurs (ADC). On n’imagine pas les moyens mis en œuvre par les escrocs pour voler les petits épargnants en France et même pas qu’en France. On a trouvé des sites frauduleux dans toute l’Europe. On est dans une structure avec une efficacité redoutable".
Plusieurs années d'enquêtes
Des tentatives de fraudes qui ont également visé des clubs de football professionnels. "Les escrocs se présentaient aux clubs sous la fausse qualité d’agents de joueurs et parvenaient dans certains cas à se faire virer les salaires de joueurs sur des comptes ouverts par leurs soins", précise dans un communiqué la Jirs.
Le procès doit durer jusqu'à vendredi 15 novembre. La décision devrait être mise en délibéré.