Réforme de l'enseignement professionnel : à la veille d'une grande manifestation nationale, les raisons de la colère

À la veille de la grève contre la réforme des lycées professionnels, ce mardi 12 décembre, la presque totalité des syndicats de l'éducation nationale dénoncent une réforme jugée inaboutie et dangereuse. Diminution des heures de cours ou encore choix d'options lors des dernières semaines de classe en terminale, les mesurent risquent, selon eux, d'être "délétères pour les élèves".

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FSU, SGEN-CFDT et SNALC, presque l'ensemble des syndicats de l'enseignement professionnel partage le même objectif : faire entendre leur colère à la faveur de la grève organisée le 12 décembre. Tous veulent lutter contre la réforme des lycées professionnels qu’ils estiment "délétère pour les élèves".

“C’est catastrophique”, s’exclame Lydie Levavasseur, représentante nationale des professeurs des lycées professionnels au SNALC. Le constat est sans appel, la réforme des lycées professionnels, personne n'en veut.

"Si on supprime des heures aux élèves, tout va devenir superficiel"

Lorène Toussaint, secrétaire académique du SNUEP-FSU

Parmi les principales mesures, la suppression de deux heures de cours hebdomadaires en seconde et en première et de quatre semaines de cours en terminale. Une décision qui ne passe pas. Pour Lorène Toussaint, secrétaire académique du SNUEP-FSU et professeure en lycée professionnel : “Si on supprime ces heures aux élèves, tout va devenir superficiel. Certains de mes étudiants ont conscience de cela et me disent “Madame, quand est-ce que l’on apprend des choses ?”"

“Les élèves ont besoin de cours. Nous devons former des citoyens autonomes, nous sommes là pour ça”, ajoute sa collègue Marie Dort, secrétaire générale SGEN-CFDT Lorraine. Un choix que la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, Carole Grandjean assume : "J'ai décidé de renforcer significativement les enseignements aux savoirs fondamentaux, à travers la généralisation de groupes à effectifs réduits pour les cours de mathématiques et de français en seconde et première, et l'augmentation de 10% des enseignements généraux en terminale", dit-elle via l'intermédiaire de son chargé de communication. Un changement de paradigme donc, moins d'heures de cours certes mais avec des groupes plus restreints.

Une nouvelle approche qui risque de bouleverser le travail des enseignants. Là aussi, la question fâche.  “Les conditions de travail vont devenir de pire en pire. Les volumes horaires seront les mêmes pour les professeurs mais ils devront être réalisés en se déplaçant dans plusieurs établissements”, s’alarme l'intersyndicale. Les craintes ne s'arrêtent pas là.

Un décrochage scolaire massif

Les syndicats pointent du doigt un autre élément controversé de la réforme, la fin d'année de terminale. La réforme prévoit sur les six dernières semaines de classe deux options :

  •  Soit continuer les cours dans le but de poursuivre des études
  •  Soit partir en stage

"Les élèves les moins favorisés risquent de choisir le stage, car ils sont rémunérés”, s'agacent les organisations syndicales. Mais la ministre se veut rassurante : "Concernant le choix de parcours en année de terminale, je suis intimement convaincue que les élèves ne définiront pas leur projet personnel et professionnel sur la seule réflexion liée à l'allocation de stage. Les élèves qui souhaitent poursuivre les études sont aussi très largement soutenus avec un programme intensif de cours".

Autant de points de discorde qui risquent de ne pas arranger l’une des grandes problématiques du lycée professionnel : le décrochage scolaire. Selon la Fondation de France, chaque année dans l'hexagone, environ 100 000 jeunes quittent le système scolaire sans qualification. Plus édifiant encore, selon le ministère de l’Éducation nationale, les lycéens en voie professionnelle représentent 60% du total des décrocheurs.

Pour lutter contre le phénomène, la réforme propose entre autres de créer le dispositif Tous droits ouverts, permettant notamment à l'établissement de déclarer au plus tôt les signaux de décrochage d'un étudiant. Le lycéen peut ainsi accéder à des structures d'accompagnement et d'insertion de la formation qui se trouve à proximité de son lieu de vie. Une fois la période du dispositif terminée, il choisit s'il veut retourner en cours ou s'il veut intégrer l'une des structures qui l'a temporairement accueilli. Une proposition : "aberrante" selon Lorène Toussaint. "On sort complètement les élèves du lycée et du cursus classique dans la mesure où ils présentent des signes. Ce n'est donc plus les professeurs qui s'en chargent. On les fait décrocher encore plus", martèle la secrétaire académique du SNUEP-FSU.

Un manque d'écoute

Parmi les griefs adressés à la ministre déléguée, un problème de méthode. Les syndicats réclament une écoute plus attentive : “Il faut qu’elle stoppe cette réforme et qu’elle écoute les propos des concernés”, insistent-ils. Carole Grandjean, elle, affirme écouter mais aussi entendre : " Les inquiétudes, les interpellations des syndicats", et assure qu'elle continuera à les consulter régulièrement : "Car je crois au dialogue social".

Quoi qu'il en soit, rendez-vous est pris ce mardi 12 décembre pour une grève que les organisations syndicales espèrent massive. Un objectif dans le viseur, éviter que les textes passent en l'état au Conseil supérieur de l'éducation le 14 décembre 2023.

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