REPORTAGE. Comment la moto trial tente de rajeunir ses adeptes malgré les critiques

Une manche du championnat Grand Est de moto trial s’est tenue près du Zénith de Nancy ce dimanche 18 septembre 2022. La spécialité, qui consiste à franchir des obstacles sans poser le pied à terre, compte un millier d’adeptes en Lorraine. Elle mise sur les plus jeunes pour relancer une discipline vieillissante.

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La barbe est fournie, le casque vissé sur la tête. Les mots fusent, précis. Mathieu Fleurette, 39 ans, guide son fils Léon, sept ans et demi. La reconnaissance de la zone se fait toujours à pieds, juste avant l’épreuve. Le Vosgien, licencié au MotoClub La Bressaude, explique les difficultés une à une.

Il pointe du doigt la souche d’arbre, montre la trajectoire, dessine les courbes dans l’air. De sa botte il marque une pierre et encourage Léon d’une voix douce : "reste concentré, pense au parcours". Le jeune motard, avec une plaque flanquée de son prénom, est sorti de la première zone avec zéro pied posé : "c’est super, je suis content déjà". A la fin des épreuves, il termine finalement deuxième du challenge organisé ce dimanche 18 septembre à Nancy (Meurthe-et-Moselle). 

Le matin, le papa a fait son épreuve en S4+ : "deux zones pas mal, et puis un 5 (éliminatoire) dans la troisième", mais son plaisir est ailleurs. Guider son fils sur les épreuves, trois dans le Grand Est, qui constituent le Challenge Educatif, réservé aux 6 à 11 ans. Ils ont quatre parcours spécifiques, adaptés à leur niveau.

Les engins ont une cylindrée réduite, de 50 à 80 cm3, contre 250 à 300 pour les modèles adultes. Des motos électriques ont fait leur apparition récemment, avec deux très jeunes pilotes au guidon : "c’est ultra silencieux, et en même temps nerveux, la puissance arrive tout de suite" explique un spécialiste de la technique.

Notre discipline marque le pas, elle est concurrencée par le cross, alors on a besoin de nouveaux publics, comme les petits, et les féminines

Michel Demange

président du Stanislas Moto Club

Une épreuves adaptée aux 6-11 ans

Michel Demange, l’organisateur de l’épreuve du championnat du Grand Est de trial à Nancy, se réjouit de la participation des jeunes : "on a dix inscrits aujourd’hui, c’est une réussite. Notre discipline marque le pas, elle est concurrencée par le cross, alors on a besoin de nouveaux publics, comme les petits, et les féminines".

Les sports mécaniques ont mauvaise presse. Bruyants, polluants, dangereux. Mais sur le site du Stanislas Moto Club, une ancienne carrière Solvay, les amateurs disposent d’un terrain d’entraînement permanent, relativement à l’écart des habitations. Le déroulé des épreuves, où chacun passe un par un, sur un parcours qui dépasse rarement la minute, minimise le bruit et les nuisances.

"Le trial est une bonne école de moto, on commence par apprendre les virages, qui sont spécifiques à notre discipline. Pour l’équilibre, on va à l’inverse de la conduite d’une moto traditionnelle, on penche le guidon du côté où on veut aller et on met le corps en opposition", explique Michel Demange.

Une grande famille

Mathieu Fleurette vit sa passion en famille, au rythme des compétitions, les siennes et celles de son fils. La semaine prochaine, c’est la manche à domicile, à la Bresse (Vosges) : "mon beau-père m’a initié, j’ai transmis à mon fils". En catégorie S1, la plus relevée, c'est un autre bressaud qui brille aujourd'hui : Alexandre Gremillet.

A l’organisation, à la buvette, aux sandwiches, on s’active toute la journée : une cinquantaine de bénévoles s’occupe des 83 pilotes engagés, "presque un bénévole par compétiteur" s’amuse le président.

L’odeur caractéristique des moteurs deux temps inonde le site, où les amateurs s’organisent à l’ancienne. Ici pas de paddock, ni de mobil-homes luxueux. Les cailloux et la poussière forment le décor idéal pour ces amoureux de pilotage à l’ancienne : "la machine, c’est 10% de la performance du pilote, ici personne ne peut se cacher derrière son engin, même le plus rutilant. C’est l’entraînement qui fait tout, pas la moto".

Les sports moto comptent près de 8 000 licenciés en Lorraine, contre un petit millier pour le trial. Le cross, quatre fois plus, "avec une moyenne d’âge de 18-20 ans, quand nous on est à 35-40" sourit Michel. Pourtant, le trial fait partie des disciplines moto les plus accessibles : quelques milliers d'euros pour débuter, puis 6 000 à 7 000 euros pour une machine adulte, "et on ne casse rien, il y a de l'entretien à faire, c'est tout". 

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