Peu après 19h00 ce jeudi 19 avril, les spectateurs de "Connected" se sont embarqués dans un monde parallèle. Un débat télévisé interactif, genre TV-réalité entre deux candidats aux élections présidentielles. Toute ressemblance avec la réalité est-elle vraiment fortuite ?
Perdre ses repères
D'habitude quand vous vous rendez au cinéma, au théâtre, à l'opéra ou dans une salle de spectacle vous entendez l'injonction suivante :Pour le respect de tous, nous vous demandons de bien vouloir éteindre vos téléphones !
Pas là.
Au contraire. Une jeune femme vient nous expliquer qu'il faut non seulement rallumer nos téléphones, mais aussi se connecter à un réseau social pour pouvoir suivre la retransmission de la pièce sur nos écrans de téléphone et interagir avec les comédiens pendant la pièce.
Vous voilà donc, vous, spectateur, en train de vous connecter au réseau-qui-va-bien (celui qui défraie la chronique actuellement et dont on ne doit pas dire le nom). Tous, sauf ma voisine qui a bien son téléphone, mais n'a pas l'application pour raison politique ou par inintérêt, je ne sais pas.
Vous êtes venus assister à une pièce de théâtre et vous vous trouvez à visionner sur votre écran de téléphone - pourquoi il est si petit - une retransmission télévisée de la scène qui est devant vous. (sic)
Vous êtes venus assister à une pièce de théâtre, et vous vous retrouvez "acteur" par le biais des commentaires que vous ne manquez pas de faire pour voir si c'est pour de vrai.
#what?
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Que le spectacle commence
Nous sommes donc en présence d'une émission télévisée : un débat de campagne présidentielle.
Un présentateur d'émission télé s'avance, tout en déhanchements, micro à la main, talons aiguilles aux pieds, costume-cravate tape-à-l'oeil et yeux démesurés et sur-maquillés.
Il présente les deux candidats qui vont s'affronter :
D'un côté Miss Marie-Rose, une fausse-blonde pulpeuse au même timbre de voix que Marine le Pen, adepte de l'église "Science Soul and Sex" (SSS),
de l'autre le ténébreux barbu Ivan Trigorinovitch, ampoulé dans son uniforme blanc - quoique pas toujours - à l'irrésistible accent slave, prônant l'accueil des émigrés.
Les règles du débat sont exposées : Les candidats vont devoir relever tour à tour des challenges, les réussir (à ne pas confondre avec les gagner).
Pour les départager, pour les questionner, nous allons jouer les "électeurs" via notre réseau social-qui-va-toujours-bien.
Celui qui obtient le moins bon score se soumet à une punition, sous nos yeux ébahis... amusés ou intrigués.
#like
Où l'on apprend que Brad Pitt est très gentil
La suite est imprévisible, improbable, voire un chouïa incroyable.
Au gré de nos commentaires, de nos questions, l'émission dérive. (C'est là qu'est le scoop que nous n'offrirons pas à "Closer" : Marie-Rose a rencontré Brad et il est très "gentil")
Au gré d'une technique aléatoire, l'émission dérape.
Et comme dans toute émission, les séquences se succèdent, rythmées.
Un peu d'émotion par là - Ah "Carless whisper" !!! - un peu de colère par ci. Un soupçon de suspens.
Et plus de questions au départ qu'à l'arrivée.
- Des comédiens se sont-ils glissés parmi les spectateurs ?
- Les commentaires sont-ils tous innocents ?
- Qui manipule qui ?
- Quelles sont les motivations réelles des uns et des autres ?
#dansquelétatjerre?
Une bonne nuit de réflexion là-dessus et hop on repart pour un tour !
Allez! Je suis dans un bon jour : c'est cadeau !
Connected
Genre : théâtre d'anticipation interactif et transmédiaÉcriture et mise en scène : Marrousia Pourpoint
Compagnie : M.A.T.E. Le collectif
Proposé en partenariat avec le TUN et l'Université de Lorraine dans le cadre de Festival Traverses.
Durée : 1h10mn
Avec :
- Anthony Fernandes, le Présentateur
- Alexiane Torres, Miss Marie-Rose
- Paul Veile, Ivan Trigorinovitch
- Mayya Sambar, l'assistante
Dramaturgie Oriane Morriet
Scénographie Sarah Schneider
Vidéo : Adrien Lhoste
Régie générale Joachim Séchaud
Son : Agathe Reiland
Lumière : Loeiz Perreux
Création sonore : PIerre Audoynaud
