Solidarité : les centres sociaux en danger sont confrontés à de graves difficultés financières et se mobilisent pour leur survie

Les centres sociaux se mobilisent mercredi 31 janvier 2024. Leur modèle économique est fragilisé par les effets conjugués de l'inflation et de la baisse des subventions. Ils sont pourtant indispensables à la vie démocratique des territoires.

Les centres sociaux se mobilisent mercredi 31 janvier 2024. Leur modèle économique est fragilisé par les effets conjugués de l'inflation et la baisse des subventions. Ils sont pourtant indispensables à la vie culturelle et démocratique des territoires.

Présents partout, y compris en milieu rural, les centres sociaux constituent le plus grand réseau social de France. Ces structures de proximité entretiennent le lien social et animent le débat démocratique avec et pour les d’habitants.

Elles proposent des activités sociales, éducatives, culturelles, familiales pour répondre aux besoins et envies dans le territoire. C'est le cas du centre social et MJC Nomade de Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) situé au cœur du quartier HLM de Vand'Est. Son existence est d'autant plus indispensable, qu'il est le seul centre social de la deuxième ville du département en nombre d'habitants.

Sa directrice Stéphanie Miroult m'accueille. En cette fin d'après-midi, une douzaine d'enfants font leurs devoirs avec l'aide de bénévoles. Un adulte par enfant, un encadrement idéal pour prendre le temps d'expliquer à ces jeunes élèves issus pour la plupart de l'immigration, les subtilités de la langue française.

Après avoir été soutenue pendant les années Covid, la structure affiche un déficit important. Elle dispose de dix-sept équivalents temps plein (ETP) pour payer les salariés permanents. Les dotations du Conseil départemental, de la Caisse d'Allocations Familiale et de la ville, ne couvrent pas les dépenses fonctionnement. Il lui faut trouver des sources d'économie.

Conséquence : le centre social doit réduire drastiquement ses activités : "les petits Vandopériens qui fréquentent notre centre ne bénéficient plus l'été de grandes sorties dans les parcs d'attractions, les parcs zoologiques et de découvertes. Ce sont des activités qu'on ne peut plus proposer parce que nous ne sommes plus en capacité de louer un bus et payer de la billetterie".

Impossible de demander à des familles, pour la plupart en grande précarité, un effort financier afin de compenser la baisse des subventions. Stéphanie Miroult regrette que ce soient les enfants qui au final paient la note du déficit budgétaire. Un regret d'autant plus fort que ces enfants vivent toute l'année dans un univers urbain avec, pour unique horizon, des barres d'immeubles et du béton.

On subit l'inflation comme tout le monde et on se retrouve avec des hausses au niveau de notre restauration de l'accueil de loisirs de 37%.

Stéphanie Miroult, directrice du Centre social Nomade

Inflation, alourdissement de la masse salariale, comme tous les centres sociaux de France, Nomade doit trouver des solutions pour continuer de répondre aux besoins de la population. La numérisation, imposée à marche forcée par l'État pour les démarches administratives, oblige le centre social à assurer de nouveaux services auprès des habitants afin de compenser le désengagement des services publics. Un surplus de missions, qu'il serait impossible à assurer sans l'implication des 92 bénévoles.

On a été obligé de licencier quatre salariés

Le Centre socioculturel de Sarrebourg (Moselle) est dans une situation financière encore pire. Il est au bord de la fermeture définitive. Outre l'alourdissement des charges qui pèsent sur tous les centres sociaux, il est confronté à la faillite de son restaurant économique. La structure, à l'équilibre jusqu'en 2022, est victime comme beaucoup d'entreprises hôtelières des conséquences de l'après-Covid.

Son directeur Benjamin Martin explique : "En novembre, on a dû fermer notre restauration associative. On a été obligé de licencier quatre salariés et de fermer cette institution qui existait depuis 50 ans".

Une fermeture d'autant plus dommageable que le restaurant offrait des repas à prix modiques pour les familles et les personnes âgées dans un lieu de convivialité. Malgré la forte incertitude qui pèse sur la survie du centre, l'équipe ne baisse pas les bras et continue à mener à bien ses projets pédagogiques.

La municipalité de Sarrebourg fait de gros efforts en prenant entre autres charges, la facture énergétique, le Conseil départemental de la Moselle promet une aide, mais rien ne garantit aujourd'hui que les 12.000 habitants de la ville-bourg pourront encore demain bénéficier des services de cette structure indispensable à la vie culturelle et démocratique de ce territoire à l'est de la Moselle.

Des financements publics qui ne sont plus à la hauteur

La Fédération départementale des centres sociaux de Moselle qui regroupe 25 structures, se joint à la mobilisation nationale afin d'interpeller les Institutions et les Pouvoirs publics.  Martine Gerville, sa présidente, tire la sonnette d'alarme : "Les centres sociaux sont aujourd'hui fragilisés par des financements publics qui ne sont plus à la hauteur des besoins alors que la situation sociale s'aggrave. Des premières mesures ont été prises, mais elles restent insuffisantes pour leur permettre de continuer à remplir leur mission et pour assurer leur pérennité".

En Moselle, de la Caisse d'Allocations Familiales finance les centres à hauteur de 20%, les municipalités 37%, le Conseil régional participe à hauteur de 1% et le Conseil départemental à hauteur de 2% et l'État à hauteur de 7% à travers divers dispositifs.

Reste donc à trouver les 35% manquants : "Pour les directions des centres sociaux, il reste ce que j'appelle la préoccupation de l'artisan, c'est-à-dire, qu'il leur faut pouvoir couvrir les charges en sachant que 70% de ces charges, c'est la masse salariale. Il faut produire des projets, obtenir des financements afin de couvrir les charges de missions dépendantes des politiques publiques".

Selon Martine Gerville, les centres sociaux de Moselle connaissent aussi une tension dans le recrutement des métiers de l'animation socio-éducative et du social qui touche les cœurs de métier de l’accueil du jeune enfant, de l’enfant et de la famille.

Ils subissent aussi une augmentation conventionnelle des rémunérations minimales de branche applicable au 1ᵉʳ janvier 2024. Elle entraîne un alourdissement de la masse salariale de 5 à 15 %. Soit, 35.000€ par structure.

Mercredi 31 janvier, tous les centres sociaux de France se mobilisent pour faire entendre leurs inquiétudes. Celui de Vandoeuvre-lès-Nancy organise l'après-midi, un rassemblement convivial afin de permettre à tout un chacun de venir débattre de la situation. Les centres de Moselle proposent de signer une pétition et des envois de cartes postales pour interpeller les différents décideurs jusqu'aux ministères concernés. Cette journée est le prélude à une invitation à un grand rendez-vous national qui doit se tenir fin février ou début mars 2024.

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