Tony Vairelles, l'ancien joueur de l'ASNL et des Bleus, se dévoile dans un livre : "on m’a mis en prison et j'ai toujours cette peur d’y retourner"

Dans un livre très personnel, "Balles au centre", Tony Vairelles raconte son histoire de joueur de football professionnel. De Nancy au RC Lens, de Lyon à Bordeaux, pour tout le monde, c’était Tonygoal ! Le récit débute avec son procès et sa condamnation à trois ans de prison ferme. Discussion avec l’auteur, Tony Vairelles.

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Tony Vairelles, aujourd’hui âgé de 49 ans, a été sélectionné à huit reprises en équipe de France, de 1998 à 2000. Attaquant haut en couleur, il a notamment porté les couleurs de Nancy, Lens, Lyon, Bordeaux, Bastia et Gueugnon. Son livre "Balles au centre" est publié aux éditions Hugo Sport.

Pour nourrir le récit et son atmosphère, Tony Vairelles se pose cette question. "Qu’est-ce qui va intéresser les gens ? Ma vie de footballeur ? Les gens la connaissent déjà. En revanche, le calvaire que je subis depuis dix ans, ça oui". Il revient sur la soirée du mois d’octobre 2011. La fusillade devant la boîte de nuit, Les 4 As à Essey-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle).

Trois ans de prison ferme

Le jugement au tribunal correctionnel de Nancy, cette scène, est celle qui ouvre le livre. Lundi 16 mai 2022, après des années de procédure, Tony Vairelles est condamné à cinq ans de prison dont deux avec sursis pour des violences avec arme. Des faits commis dix ans plus tôt à la sortie d'une discothèque, qui n'existe plus. "Depuis le jugement, tu as l’impression que le procès a eu lieu et que l’on ne t’a pas vraiment entendu. Je me pose toujours cette question : on me condamne sur quoi ? Parce que j’étais présent sur un parking de boîte de nuit ? Ça c’est vrai, mais après ?".

J’ai peur d’être condamné au bénéfice du doute. Le pire c’est ça. J’ai l’impression que je suis condamné au bénéfice du doute et c’est impensable. La procédure a quand même duré onze ans.

Tony Vairelles

Quand il en parle, il parle beaucoup. Il parle vite car "j’ai tellement de choses dans la tête". C’est le premier chapitre du livre. Procès-verbal. La fusillade dans la nuit du samedi 22 octobre 2011, avant de basculer dans une décennie remplies de tourments et de traumatismes. "On ne peut pas mettre les gens en prison pour rien. Quand je voyais quelqu’un qui disait à la télé "je suis innocent", au fond de moi-même je me disais, on ne met pas les gens en prison pour rien. C’est quand tu le vis, car j’ai fait cinq mois de prison quand même, il ne faut pas l’oublier, que tu comprends".

Mais cette rocambolesque histoire de règlement de compte sème le trouble aux yeux de la justice. Les frères Vairelles sont placés en détention provisoire. "Ce que j’explique dans le livre, c'est quand je discute avec le gardien de la prison, qui s’occupe des arrivants, il te dit : "bon tu restes dix jours dans le quartier des arrivants et ensuite tu pars dans ta cellule. Moi dans ma tête, je me dis : je reste trois jours et je suis dehors. Je suis tellement persuadé que ce n’est pas possible que je reste. Je suis toujours dans cette logique de me dire "je suis innocent". Puis finalement, tu restes et quand tu discutes avec les autres, ils t’expliquent bien que ce n’est pas comme ça que ça se passe. Une fois que t’as mis les pieds dans l’engrenage, tu te dis dans quoi je suis tombé ?". 

Quand tu discutes avec les autres détenus, ils t’expliquent bien que ce n’est pas comme ça que ça se passe. Une fois que tu as mis les pieds dans l’engrenage, tu te dis dans quoi je suis tombé ?

Tony Vairelles

Cinq mois de détention avant d'être libéré le mardi 26 mars. Un détenu qui ne pose aucun problème, sans passé judiciaire. "On m’a mis en prison et donc j'ai toujours cette peur d’y retourner bien sûr. J’ai peur d’être condamné au bénéfice du doute. Le pire, c’est ça. J’ai l’impression que je suis condamné au bénéfice du doute et c’est impensable". Une carrière avec un seul carton rouge. Pendant le match qui opposait le RC Lens aux Gunners d'Arsenal. A Wembley, Tony Vairelles avait été exclu lors des arrêts de jeu, le 25 novembre 1998.

Tonygoal est né. 17 buts en 14 matchs

Pour ce récit, Tony Vairelles a travaillé avec le journaliste Romain Jacquot. "C'est vrai que Tony ne laisse pas indifférent". Et donc, Tony Vairelles a puisé dans ses souvenirs d’enfant. Il est né à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Au centre de formation, il est repéré par Olivier Rouyer, qui se souvient de lui. Il devient rapidement le chouchou du stade Marcel-Picot. Comment il était avec l’équipe réserve ?  "Je l’ai vu jouer. J’en ai parlé à son entraîneur. Et lui, le p’tit blond, comment ça se passe ? Je l’ai fait venir à l’entraînement des pros et c’est parti comme ça. Il était très facile à travailler, déterminé à faire des choses nouvelles".

Dans les années 90, le club est dirigé par l'entraîneur roumain Laszlo Boloni. "Il ne faut pas oublier que tu es jeune et il faut quand même penser, au cas où, à un autre métier. Je me souviens très bien de ce qu’Olivier me dit tout de suite. Et moi, je lui ai dit : "je vais faire footballeur"". Olivier Rouyer ajoute : "En fait, je l’ai découvert le plus simplement du monde. En le regardant jouer."

Mais c’est qui ce p’tit blond ?

Olivier Rouyer, ASNL

C'est ainsi que débute la carrière professionnelle de Tony Vairelles. Il a à peine 18 ans. "Le dimanche suivant, je mets le premier but. Et je fais une passe décisive. Je m’entraîne avec les pros mais pour le match d’après, je pense que "jamais je serai dans le groupe". Et boom je suis sur la feuille de match dans l’équipe ! Et ça, c’est Olivier Rouyer. Voilà comment ça a débuté et je me dis, j’aurais réussi mon rêve d’être pro. Comme un conte de fée". Olivier Rouyer dira : "c'était vraiment bien".

Pendant l'été 1995, il est transféré au RC Lens. L’équipe finit cinquième de D1 et se qualifie pour la Coupe de l'UEFA. C’est lui, la coqueluche de Bollaert. Tony le Rockeur, Tony le Gitan, Tony la Mut ou l’Elvis du ballon rond. "Lens, c’est le Stade Bollaert. Je suis dans ma vie. Je vivais football tout le temps. C’était magnifique. Football, football et football à 100 %. C’était la valeur de camaraderie ! Le bonheur. C’est comme ça qu’on a réussi à gagner des titres. On est champion en 1998 !".

Puis il termine sa carrière avec un transfert à Lyon et un prêt à Bordeaux. So foot, le magazine écrit : "Tony Vairelles était un joueur comme il n'en existe plus : humain et bagarreur avec la célèbre coupe mulet."

A l'époque, ce qu’on voit avant tout chez lui : la fameuse coupe mulet. Il en parle page 195 du livre : "il faut que j’explique pourquoi j'ai gardé les cheveux longs. J’aimais bien sans plus. En revanche, ma mère et ma sœur, elles, me préféraient nettement avec une coiffure longue. Voilà !".  

Dans l'affaire de la fusillade des 4 As, Tony Vairelles et ses trois frères ont fait appel de la décision du tribunal de Nancy.

Balles au centre, éditions Hugo Sport. Sortie le 2 juin 2022.

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