"Total fait partie des entreprises les plus polluantes" : des militants écologistes dénoncent un "greenwashing"

À l'occasion du World Materials Forum, rencontre sur l'avenir des matériaux, une manifestation était organisée ce jeudi 7 juillet 2023 à Nancy. Six organisations écologistes ont affiché leur opposition à Patrick Pouyanné, PDG de Total, présent à l'événement. Les militants dénoncent les activités polluantes de l'entreprise.

"Total, totalement irresponsable !", scandent les militants écologistes. Ils sont une dizaine sur la place Stanislas ce jeudi 7 juillet. Il est 15h20. C’est le moment de la conférence de Patrick Pouyanné, le PDG de Total, au premier étage de l’hôtel de ville. L’homme d’affaires participe au World Materials Forum. Cet événement dure deux jours. Il réunit patrons d’entreprises, politiques, scientifiques et représentants d’ONG, sur la transition énergétique.

"Nous n’allons pas aller au contact direct avec Patrick Pouyanné", affirme Eric Lepointe, membre de Greenpeace à Nancy. La manifestation est non déclarée, mais "elle est surtout non-violente. Nous voulons juste marquer le coup. À chaque fois que Total va quelque part, nous devons réagir de notre côté".

Six organisations environnementales sont représentées. Parmi elles, les Amis de la Terre Meurthe-et-Moselle, Action Non-Violente-COP21, Attac 54, Friday for Future, Extinction Rébellion et Greenpeace. Virginie donne le tempo à tout le monde. "Ils ont fermé les fenêtres de la conférence, crions plus fort !" Bénévole à Greenpeace, elle en a "marre que rien ne bouge. Total fait partie des entreprises les plus polluantes et le PDG vient faire croire à ce forum qu’il se tourne vers des énergies plus propres. Tout est mensonger".

Du « greenwashing » à Nancy ?

Les manifestants en sont convaincus : Patrick Pouyanné et Total font du greenwashing. "Ce terme veut dire qu’ils font une grande opération marketing, même ici à Nancy. Le PDG va sûrement expliquer qu’il met le paquet sur les énergies renouvelables, mais c’est faux", ajoute Virginie. Selon le collectif, l’entreprise ne produit que très peu de sources renouvelables, 90% de l’énergie est d'origine fossile.

Johan Moreau tient toujours dans ses mains sa banderole. Les passants peuvent y voir "Total au tribunal !" L’activiste tente tant bien que mal d’alerter le public sur les activités de Total. "Nous voulons interpeller sur les projets climaticides de la multinationale". Le militant des Amis de la Terre cite les mégas projets de la multinationale en Ouganda. Plus de 400 forages vont être créés dans le pays.

"Il y a plusieurs projets de ce type. Il fait croire à ce forum qu’il est intéressé par l’avenir des matériaux, comment avoir des énergies plus vertes, mais ce n’est que de la communication".

Grandes entreprises et activistes, un mariage impossible

À l’intérieur de l’Hôtel de ville, les fenêtres ont été fermées pendant la manifestation. Stéphane Mangin fait partie du comité d’organisation du World Materials Forum. Pour lui, "les entreprises comme Total, quand elles viennent ici, s'intéressent à la question de savoir comment elles peuvent apporter des solutions pour réaliser cette transition écologique". Aux côtés de Patrick Pouyanné, 300 personnes sont présentes pour l’événement.

Nous entendons parfois des activistes décrier ce genre d’entreprises. Mais ces mêmes gens utilisent leurs voitures, leurs produits polluants.

Stéphane Mangin, membre du comité d'organisation du forum

"Nous entendons parfois des activistes décrier ce genre d’entreprises. Mais ces mêmes gens utilisent leurs voitures, leurs produits polluants". Selon Stéphane Mangin, "l’écologie est l’affaire de tous. Les citoyens doivent consommer mieux, et les entreprises doivent réfléchir autrement".

Sur son site internet, TotalEnergies assure que l’entreprise "se transforme pour réinventer l’énergie et devenir un acteur majeur de la transition énergétique, engagé vers la neutralité carbone en 2050". A voir maintenant si cette promesse sera respectée. "En attendant, nous avons d’autres combats à mener. Aujourd’hui, c’est Total, demain ce sera une autre entreprise", termine Johan Chanal, d’Attac, à la fin de la manifestation.