C’est une tradition chez les verriers lorrains. A Meisenthal, c'est une boule de noël que créent des designers. Le Cerfav de Vannes-le-Châtel dépoussière, lui, Saint-Nicolas. Le saint patron version décembre 2020, proposé par le plasticien mosellan Jean-Luc Curabet, est en habits pop surréalistes.
L’œuvre s’appelle "BOSStNICOLAS". Boss comme patron en anglais. Avec l’artiste Jean-Luc Curabet, le bon Saint-Nicolas des comptines pour enfants devient un beau gosse au style un peu hipster. Presque un saint patron de bande qui irait faire affaire avec le père fouettard pour dealer des bonbons et punir le boucher. En réalité, notre barbu aurait profité du confinement pour s'occuper un peu de lui, dépoussiérer son look et arrêter le chocolat. Et surtout. Surtout ! Prendre soin de sa barbe avec des produits bio. On peut être saint et moderne à la fois.
Jean-Luc Curabet aime travailler sur le détournement des icônes. L'artiste mosellan se revendique du mouvement "pop surréalisme". Reconnu sur la scène artistique internationale, il a déjà collaboré avec la Manufacture des Emaux de Longwy. Il explique: "il fallait dépoussiérer Saint-Nicolas mais on ne peut pas aller au-delà d'un certain nettoyage sinon on ne le reconnait plus." La mitre et la crosse de l'évêque de Myre ne pouvaient pas disparaître. "C'est l'homme de 2020. Je ne l'aurais pas fait de la même façon l'an prochain. Il a subit le confinement et a décidé de se reprendre en main pour les enfants. Pour les amener à être des adultes responsables", ajoute-t-il avec humour.
Un photophore
Ces dernières années le Centre européen de recherches et de formation aux arts verriers (Cerfav), avait édité un visage de Saint-Nicolas madeleine (de l'artiste nancéien Yochen Gerner), des figurines issues des gravures de l'imagier vosgien Jean-Paul Marchal ou un saint patron en pâte de verre fabriqué à partir d’un moule à chocolat de la confiserie Lefèvre-Lemoine. La pièce est à chaque fois une vitrine des savoir-faire. Car ici, dans le seul centre de formation dédié au verre de France, on fait aussi de l'innovation et on cherche à améliorer les techniques de travail du verre.Anne Pluymaekers, la médiatrice artistique, explique : "à chaque artiste qui vient collaborer avec nous, il y a des nouvelles questions qui surgissent et nous font innover."
Cette fois, le dessin numérique de Jean-Luc Curabet a été transcrit sur le verre par gravure laser dans le fablab du Cerfav. Il est ensuite travaillé avec les techniques du fusing (superposition de plaques de verre à froid que l’on fait fusionner au four) et du thermoformage. Le résultat est un objet qui laisse passer la lumière et derrière lequel on peut placer une bougie pour le transformer en photophore.
L’œuvre est limitée à 300 exemplaires numérotés. Elle est mise en vente au prix de 99 euros. Vous pouvez la trouver au Cerfav à Vannes-le-Châtel ou sur internet. Ainsi qu’à la boutique-musée de la confiserie Lefèvre-Lemoine à Nancy et à l’Abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson.
Alors, c'est qui le patron?