Laurent Stocker de la Comédie-Française est partout chez lui, sur les planches comme au cinéma ou à la Télévision. Mais, le chez lui de son enfance, en Lorraine, est là aussi partout, autour de lui. De son grand-père qui lui a donné le goût de la scène à la magie du théâtre du peuple de Bussang qui a émerveillé le petit garçon qu’il a été.
La Lorraine de Laurent Stocker, c’est celle de la neige, celle des mirabelles aussi. D’ailleurs, comme il nous l’a confié, prononcer le mot mirabelle et aussitôt, il se souvient : "mon grand-père faisait de l'alcool de mirabelle dans les grands tonneaux bleus, je me souviens de l'odeur. Je me souviens du bouilleur de cru. Quand je vois ou quand je mange des mirabelles, encore maintenant, tout de suite, c'est ma madeleine de Proust. Je repars en Lorraine."
C’est aussi ce grand-père, qu’il évoque avec les yeux qui brillent, qui lui a donné le goût de la scène : "quand j’étais enfant, mon grand-père faisait les bals populaires, les mariages. Souvent, je l’accompagnais. J’avais un lien très fort avec lui. Certainement, c’est lui qui m'a donné le goût de la scène. Il jouait de la clarinette, de la batterie. Sa maison était mitoyenne avec la nôtre à Ville-sur-Saulx, près de Bar-le-Duc dans la Meuse. Je l’entendais jouer quand je rentrais de l'école. Je l’entendais créer et composer. Il ne savait pas lire les notes de musique. Il faisait tout en impro. C’était un personnage, un comédien. Le Saint-Nicolas de mon village, c’était mon grand-père. Je ne l’ai su que bien après."
Laurent Stocker est entré à la Comédie-Française en 2001 et en est devenu sociétaire en 2004. Mais bien avant cela, il a été bachelier en théâtre au lycée Lamartine à Paris. Il se souvient aussi avoir commencé à faire à Epinal avec ses "amis Dominique Houdart, Jeanne Heuclin". Dans les Vosges, une voisine de ses parents l’emmenait une fois par an au théâtre du peuple de Bussang. L’enfant, qu’il était alors, assistait émerveillé à l’ouverture du fond de scène sur la forêt. Il nous raconte dans cette vidéo :
J’adore jouer un rôle en tournage la journée et passer à un autre personnage le soir sur scène
Laurent Stocker de la Comédie-Française
Laurent Stocker a peu l’occasion de retrouver sa Lorraine d’enfance, celle de Ville-sur-Saulx dans la Meuse et celle de Neufchâteau dans les Vosges, où il a aussi résidé avec sa famille. "J’aimerais beaucoup. Mais j’y joue rarement." Il faut dire qu’il n’arrête pas. L’année 2023 sera sur le même rythme. Du 25 janvier au 12 mars, il sera au théâtre du Vieux-Colombier avec "La dame de la mer" d'Henrik Ibsen, mise en scène de Géraldine Martineau.
Il a aussi plusieurs rôles au cinéma et pour la télévision. En janvier, "Jeux d'influence" saison 2 sur Arte ; "Citoyens clandestins" , une série noire de Laetitia Masson sur Arte dans quelques mois. Il y campe le rôle d’un des directeurs de la DGST. "Oussekine" : une mini-série en quatre épisodes sur Disney+, il est l’avocat de la famille. Au cinéma, en 2023 : "Un hiver en été", un film de Laetitia Masson ; "La grande magie", film réalisé par Noémie Lvovsky... Théâtre, cinéma, télévision, il change de peau comme de plateau : "J’aime beaucoup changer de peau. J’adore jouer un rôle en tournage la journée et passer à un autre personnage le soir sur scène. Je n’aime pas être cantonné à un rôle en particulier. Même si en vieillissant, on me propose souvent des rôles de notables, d’avocats ou de juges. J’étais le juge Lambert dans un film sur une triste affaire du Grand Est."
Laurent Stocker, César 2008 du Meilleur Espoir Masculin dans "Ensemble, c’est tout" de Claude Berri, officier dans l'ordre des Arts et des Lettres, est une force tranquille de la comédie.
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C’était un rêve. Louis de Funès était dans un couloir et il me dit : je suis bien content de te rencontrer. C’est toi qui joues l’Avare en ce moment
Laurent Stocker de la Comédie-Française
Dans cette grande maison de la Comédie-Française, Laurent Stocker, à sa loge à l’étage "Mars" du nom mademoiselle Mars, 210e sociétaire de la Comédie-Française et grande tragédienne. C'est là, qu'il a rencontré Louis de Funès… Allons bon, pile au moment où il répétait l’Avare : "c’était un rêve. Louis de Funès était dans un couloir et il me dit : je suis bien content de te rencontrer. C’est toi qui joues l’Avare en ce moment. Je lui dis : on peut se tutoyer. Il me dit oui. Et je lui demande concernant telle ou telle scène : comment tu faisais toi ? Il y a des tournants, des portes à prendre. Il me donnait des conseils. Je l’ai invité à venir boire un café dans ma loge et sur le chemin, je me suis réveillé. Mais j’ai bien discuté pendant une heure avec Louis de Funès dans les couloirs de la Comédie-Française." D’ailleurs, Laurent Stocker joue à nouveau l’Avare à l’été 2023 dans mise en scène de Lilo Baur. Avis aux amateurs de Lorraine ou d'ailleurs.
