Jean-Luc Duret s’est présenté aux législatives afin de garantir un candidat LaREM à la 2e circonscription de la Meuse avant d’apprendre qu’une autre candidate avait été investie par la majorité présidentielle. À un peu plus d’une semaine du premier tour, le candidat malheureux à l’investiture de la majorité organise une campagne d’affichage afin de dissuader les Meusiens de voter pour lui.
"Ne votez pas pour moi !" Le slogan de Jean-Luc Duret pourrait passer pour un coup de comm’. Mais le candidat LaREM de la 2e circonscription de la Meuse est on ne peut plus sérieux. A la suite d’un imbroglio, ce consultant agricole se retrouve en lice avec une autre candidate investie, elle, par la majorité.
Depuis le 1er juin 2022, il exhorte ses constituants à ne pas voter pour lui "pour ne pas diviser les voix" dans un département où Marine Le Pen a recueilli 55,6% des voix au second tour de l’élection présidentielle.
"Je lui ai demandé de rectifier cette erreur de casting"
Pour comprendre cette situation ubuesque, il faut remonter quelques semaines en arrière.
Référent LaREM pour le département "depuis 2018", Jean-Luc Duret se pensait le "candidat naturel" à l’investiture de la majorité présidentielle. D’autant plus, après le retrait d’Emilie Cariou, la députée sortante et dissidente LaREM, dont il était le suppléant. Mais la majorité a décidé d’investir Patrick François, ancien directeur Grand-Est de la Caisse des dépôts.
Quand il l’apprend, Jean-Luc Duret écrit à Emmanuel Macron. "Je lui ai demandé de rectifier cette erreur de casting", confie-t-il. Sans réponse du président, il décide donc, le 17 mai, de déclarer sa candidature sans être investi par la majorité.
Le 20 mai au matin, le consultant agricole décide finalement de retirer sa candidature ne souhaitant pas "diviser les voix non-extrémistes et non-populistes", comme il l’explique dans une publication sur Facebook.
Coup de théâtre, le 20 mai à 16h, deux heures avant la clôture des inscriptions, Jean-Luc Duret apprend que la candidature de Patrick François est caduque. Ce dernier a été déclaré inéligible par les services préfectoraux. Jean-Luc Duret se déclare donc de nouveau candidat en préfecture, à cinq minutes de l’heure limite. Mais, entretemps, Anne Bois, la suppléante de Patrick François, a été investie par la majorité. Lorsqu’il l’apprend, Jean-Luc Duret ne peut plus retirer sa candidature, il est trop tard.
"Je voulais montrer que je ne suis pas dissident"
"Emmanuel Macron est un bon président, mais la méthode qui consiste à décider de là-haut est une folie !", s’insurge-t-il. Selon lui, il a été dépeint comme "un homme proche de la dissidente Emilie Cariou", ce qui lui aurait valu de ne pas être investi. Au cours des dernières semaines, Jean-Luc Duret a été suspendu de son rôle de référent LaREM et une procédure d’exclusion a été lancée contre lui.
Il a donc décidé de "ne pas activer sa campagne". Aucune profession de foi n’a été envoyée aux électeurs et aucun bulletin à son nom ne sera disponible dans les bureaux de vote. Mais il a tout de même lancé une campagne d’affichage "sur les 176 panneaux officiels de la circonscription", incitant à ne pas voter pour lui. Une affiche partagée sur ses réseaux sociaux.
"Je voulais tout d’abord que les électeurs comprennent ce qu’il se passe", explique-t-il.
"Je souhaitais aussi montrer que les cadres parisiens font des bêtises quand ils ne regardent pas ce qu’il se passe sur le terrain, je voulais les faire réfléchir. Et montrer que je ne suis pas dissident."
Jean-Luc Duret, qui se décrit comme "un naïf de la politique", dit cependant toujours croire au programme du président de la République.