Pour Jean-Pierre Wyman, ce mois de juillet 2018 restera marqué par un événement immense : après plus de 102 ans de recherches, entreprises par son père puis par lui-même, la sépulture de son aïeul a enfin été retrouvée.

C'était le 14 mars 1916... Sur le site du fort du Bois Bourru, à quelques kilomètres au nord-ouest de Verdun, un obus explosait, et tuait plusieurs soldats du 11ème régiment de chasseurs de Vesoul, parmi lesquels Aloïse Wyman. Un peu plus tard, des effets personnels du soldat mort au combat, sur l'un des sites de la bataille de Verdun, étaient envoyés à la famille. Parmi ces objets, le livret militaire du soldat... Le tout était accompagné par une lettre d'un capitaine du régiment, transmettant quelques informations à la famille. voici ce qu'il écrit :

Aloïse Wyman est mort presque sur le coup, et n'a pas dû souffrir ; il a été enterré dans un petit cimetière à quelques kilomètres, dont on vous donnera le nom après les hostilités, si vous le désirez"



Depuis cette lettre, plus rien !
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir effectué de multiples recherches et tentatives. Le fils du soldat (qui n'avait que 3 ans en 1916 lors du décès de son père, et qui est donc pupille de la Nation), puis ensuite son petit fils, se sont rendus sur place à de nombreuses reprises. Ils ont écrit au ministère des anciens combattants...mais aucune précision : "Aloïse Wyman n'a pas été identifié, et doit se trouver dans un ossuaire tout proche". 


Voilà quel le niveau de connaissances de cette famille, installée dans la banlieue de Belfort...au moment où un historien, Christophe Grudler, appelle Jean-Pierre. Il entreprend des recherches sur des soldats francs-comtois tués en combat, et disparus... Et il pense avoir trouvé trace d'Aloïse Wyman, grâce à son numéro de matricule. 
Selon l'historien, Aloïse Wyman est le soldat inconnu de la tombe numéro 259 du cimetière de Chattancourt. Et les éléments présentés permettent de le certifier.

Jean-Pierre a donc retrouvé son grand-père, et entreprend de venir se recueillir sur place, accompagné par l'historien.
 

En ce jour ensoleillé de juillet 2018, le petit-fils et l'historien ont tout d'abord effectué le trajet jusqu'au fort, devenu assez difficile d'accès. Jean-Pierre s'y était déjà rendu : il savait que c'était à cet endroit que son grand-père est décédé.

Les deux hommes se sont ensuite rendus au cimetière de Chattancourt, puis, plus précisément au devant de la tombe 259. Grand moment d'émotion, puisque, pour la toute première fois, le nom d'Aloyse Wyman est inscrit sur la croix...et la famille peut enfin se recueillir dignement. 
Jean-Pierre est venu seul...mais il sait qu'il va revenir très bientôt en compagnie de ses deux filles, et de ses quatre petits enfants.

Pour Christophe Gudler, ce type de moment rappelle que "le passé est encore bien actuel". Il complète...

Si, en tant qu'historien, je peux apporter du réconfort, et permettre à des familles de faire leur deuil, c'est important ; en particulier au niveau de la nation, par rapport à l'hommage qui doit être rendu à ces soldats disparus..."


L'historien sait qu'il peut réhabiliter ainsi d'autres soldats, parmi ceux qui sont toujours enterrés comme "soldats inconnus". A la veille du centenaire du 11 novembre 1918, c'est un moment particulièrement important pour le faire.

Voyez le reportage de Bruno Demange et Mélissa Genevoix
 



 
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