Dans un contexte d'abstention record pour cause de coronavirus, la vallée de la Fensch a reconduit tous ses maires sortants dès le premier tour ce 15 mars, à l'exception notable de Nilvange. Les positions se figent à gauche, le RN s'enracine à Hayange.

Forcément, ce dimanche 15 mars 2020, les regards étaient vissés sur Hayange, première et seule ville à être dirigée par l'extrême-droite en Lorraine. Le maire (RN) de la ville, Fabien Engelmann l'emporte haut la main dès le premier tour avec 63,14% des voix. En période de coronavirus, l'absention est massive dans la ville frontiste, avec seulement 36,14% de participation.

L'ancien employé communal et syndicaliste CGT, passé également par Lutte Ouvrière dont il porte les couleurs lors de l'élection municipale de Thionville en 2008, puis par le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) avant de basculer au Front National en 2009, illustre à merveille la banalisation des idées d'extrême-droite au quotidien dans une ville longtemps à gauche. S'il a facilement disposé de la liste de Jean-Marc Marichy, ancien adjoint PS de Philippe David (maire de 1997 à 2014) qui termine troisième avec 13,6% des voix, il n'a même pas eu à ferrailler avec la liste de Rébecca Adam, ancienne socialiste devenue Macron compatible, qui atteint péniblement 19,59% des suffrages. Avec 3,69% des voix, la liste maoïste du Parti ouvrier Indépendant Démocratique (POID) d'Anne-Catherine Levecque fait de la figuration.

Certes, l'ancien membre du bureau politique du Front National (devenu RN) ne recueille que 2.614 voix sur 11.758 inscrits, mais il poursuit sur sa lancée de 2014 où il avait bénéficié à plein de la cacophonie à gauche, et du bilan catastrophique de Philippe David. "Engelmann on le voit partout, tous les jours, il vient aux assemblées des assos, il est sur le marché, à la moindre fête de quartier" nous explique ce responsable associatif, "il a labouré le terrain alors que les autres l'ont déserté : en 2014, David se fait battre parce qu'il avait laissé tomber l'hôpital et que son soutien à la lutte des sidérurgistes était plus que mou, on en paie encore les conséquences".

Ecarlate

Les deux maires PCF sortants, Serge Jurczak à Sérémange-Erzange et Patrick Péron à Algrange, sont reconduits. Le premier sans adversaire était sûr d'être réélu. Le second a dû batailler avec une deuxième liste à gauche, composée de membres de sa majorité sortante! L'ancien sidérurgiste l'a emporté de 300 voix dès le premier tour et 51,27% des suffrages, en route pour un troisième mandat. Son ancien adjoint n'a recueilli que 33,89% des voix dans cette ancienne cité minière, acquise au PCF depuis 1977. A Knutange, le maire sortant apparenté PCF Fabrice Cerbai, l'emporte au premier tour avec 74,18% des voix face à Erico Del Ciotto.

Les miettes du PS

Désormais Divers Gauche, et ne cachant pas ses sympathies pour le président actuel, le maire sortant d'Uckange Gérard Léonardi l'emporte d'une courte tête avec 57,59% des voix face à un autre Divers Gauche jusque-là inconnu en politique, Charef Beradaï qui se contente de 42,21% des voix. Là aussi, la participation est faible, 40,58%.
Fameck confirme Michel Liebgott à sa tête avec 76,01% des voix. Le maire sortant, également président de l'agglomération du Val de Fensch (VdF), est l'un des rares maires sortants de Lorraine à avoir conservé son étiquette socialiste. Bien lui en a pris puisqu'il écrase la liste du centre emmenée par Françoise Sperandio.
En l'état actuel des résultats, Michel Liebgott ne devrait pas être inquiété non plus à la tête du VdF.
A Nilvange, le maire sortant Divers Gauche, Moreno Brizzi, est battu par Alexandra Rebstock Pinna, nuancée Divers Ecologiste qui l'emporte avec 52,9% des voix. Contesté jusque dans son propre camp, il subit un désaveu cinglant, avec seulement 24,62% des suffrages, talonné par le jeune loup du RN local John Dewald qui se casse les dents dans son ascension de la mairie. "Poulain" de Fabien Engelmann, ce dernier n'aura pas réussi à exister dans un combat que beaucoup d'observateurs locaux jugeaient à sa portée.

Barre à droite

Il était l'attraction de la dernière mandature. Rémy Dick était le plus jeune maire de France. A la tête de Florange, la ville qui a fait l'actualité au début de la dernière décennie avec la lutte des sidérurgistes d'ArcelorMittal, l'ancien étudiant en commerce s'est installé confortablement dans le fauteuil. Il a mené sa première campagne de terrain, avec des résultats flagrants : 64,62% des voix au premier tour, participation à 37,09%.
Sa rivale de gauche, Michèle Bey, ne recueille que 19,16%, un camouflet. Encartée au PS, elle paie encore certainement la déroute de Philippe Tarillon en 2014. L'ancien maire PS de Florange, qui était également président du VdF, ne s'est jamais remis de sa défaite, et ses troupes non plus.
Sa gestion calamiteuse du conflit avec ArcelorMittal, son soutien à François Hollande qui avait ensuite été accusé de trahison par les sidérurgistes, a coûté la municipalité au PS, et pour longtemps visiblement.
 
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