Selon le syndicat, ArcelorMittal tiendrait un "double langage" concernant l'importation d'acier chinois en Europe. Le groupe sidérurgique qui dénonce le dumping de l'acier produit en Chine serait dans le même temps l'un des clients de sidérurgistes chinois.
Après les révélations exclusives en février 2016 de notre journaliste Emmanuel Bouard sur l'importation et la commercialisation de produits chinois par Arcelor Mittal en Europe, un nouvel épisode vient souligner ce que le syndicat CGT appelle "un double langage" du groupe mondial sidérurgiste.Malgré les dénégations du groupe sidérurgique sur la poursuite de l'importation de bobines d'acier chinois, nos sources produisent de nouveaux documents et de nouveaux témoignages indiquant que non seulement des bobines d'acier chinois achetées par ArcelorMittal ont transité par Illange (Moselle) en 2015, mais que d'autres bobines chinoises sont régulièrement utilisées en 2016 sur le site de Reims (Marne), en toute connaissance de cause.
"Tous les jours, il y a des bobines chinoises qui passent sur nos lignes, qui sont déroulées, qui sont transformées dans nos ateliers et qui sont revendues ensuite. C'est plus que fréquent." Sébastien Rehmet, délégué syndical CGT ArcelorMittal Reims.
Ces importations et transformations seraient réalisées sur au moins deux des nombreux sites d'"ArcelorMittal Centres de services" en France. De l'acier chinois à bas prix qui permettrait à la revente une plus-value qui justifierait cette pratique. Une activité qui est dénoncée par les syndicats du groupe sidérurgique.
La CGT de Florange qui avait révélé l'affaire en février dernier évoque un "double langage" de la direction d'ArcelorMittal, "qui se révèle être une véritable stratégie" :
- Profiter financièrement du déversement d'acier chinois sur l'Europe (ce qui provoque une baisse des prix) en achetant cet acier à bas prix avant de le revendre avec une marge, après l'avoir transformé en France
- Dénoncer "la concurrence déloyale chinoise" et s'en servir comme prétexte pour restructurer.
Malgré ses dénégations, Arcelormittal importerait et commercialiserait de l'acier chinois en Europe.
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