Alexandre Lofi originaire de Lorraine, débarqua le 6 juin 1944 en Normandie avec le 1ᵉʳ bataillon de Fusiliers Marins Commando. Il était l'adjoint du commandant Philippe Kieffer qu'il remplaça lorsque ce dernier fut blessé. Un buste sera inauguré à Ouistreham vendredi 7 juin 2024.
Alexandre Lofi débarqua le 6 juin 1944 en Normandie avec le 1ᵉʳ bataillon de Fusiliers Marins Commando (1ᵉʳ BFMC). Il était le second du commandant Philippe Kieffer qu'il remplaça le soir du débarquement lorsque ce dernier fut blessé et évacué. Un buste sera inauguré vendredi 7 juin 2024 en sa mémoire sur la plage de Ouistreham (Calvados).
Né en 1917 à Dudweiler en Allemagne, il grandit à l'Hôpital (Moselle) dans le bassin houiller lorrain. Peu enclin à suivre le destin de son père mineur, il vise plutôt le grand large, raconte sa nièce Simone Goldner : "il ne se voyait pas du tout travailler au fond de la mine, c'était très dur et il voyait d'autres espaces. C'est le directeur de l'école à l'époque qui a conseillé à ses parents de l'envoyer à l'École des mousses à Brest. On peut dire que tout a commencé là."
N'acceptant pas l'Armistice, le second-maître fusilier rejoint Londres le 27 juin 1940. Après avoir servi en Afrique puis au Liban, il se porte volontaire en juin 1943 pour intégrer le commando Kieffer.
Les entraînements à balles réelles
Envoyé en Écosse au camp d'Achnacarry, il sera soumis avec ses camarades à un entraînement très dur, voire mortel pour certains, explique Gilles Meleux, le président de l'Association du musée N°4 Commando : "tout se faisait en courant, tous les entraînements étaient faits à balles réelles. On leur tirait au-dessus de la tête. À l'entrée du camp, il y avait les tombes [de ceux qui n'ont pas survécu. N.D.L.R] Ça leur a servi parce que le matin du 6 juin 1944, ce n'étaient pas des cartouches à blanc que tiraient les Allemands."
Le 6 juin 1944, à 7 H 21, les cent soixante-dix-sept commandos français débarquent sur la plage de Ouistreham.
Tous ceux qui sont là aujourd'hui, eh bien, ils ont eu de la chance.
Alexandre Lofi, membre du commando Kieffer.
Après un bombardement intense des positions allemandes, les fusiliers pensent pouvoir progresser facilement, ce ne sera pas le cas. Interviewé en 1964, Alexandre Lofi raconte :"Nous assistions au bombardement par les grands bâtiments de guerre et je me souviens même d'une réflexion d'un de mes commandos qui me dit : "qu'est-ce qu'ils prennent !" Finalement, ils [les Allemands, N.D.L.R] n'ont pas pris grand-chose puisqu’ils nous ont tirés dessus à bout portant. Et ma foi, je dois dire que tous ceux qui sont là aujourd'hui, eh bien, ils ont eu de la chance."
Courage et modestie
Après la blessure du commandant Kieffer, Alexandre Lofi a pris la tête du commando pendant toute la bataille de Normandie, un épisode resté longtemps ignoré du fait de la modestie du soldat lorrain. Les commémorations du 80ᵉ anniversaire du Débarquement sont l'occasion de lui rendre hommage. Un buste sera inauguré le 7 juin sur l'esplanade qui porte son nom en présence de Denise Lofi, sa fille.
Nos confrères Laurent Parisot et Stéphane Matuchet l'ont rencontrée sur la célèbre plage de Ouistreham : "J'imagine dans quelques années les jeunes qui vont passer sur la plage et qui vont se dire : "tiens, qui était ce monsieur ?". Il faisait partie des cent soixante-dix-sept Français, il a eu le courage de quitter la France et de se retrouver en situation illégale, il était condamné à mort par contumace [par le gouvernement de Vichy]. Je crois que c'est une preuve de courage et que l'on peut essayer de transmettre à nos jeunes maintenant."
Alexandre Lofi, le petit mousse engagé à treize ans, a gravi tous les échelons de la hiérarchie militaire. Il a terminé sa carrière avec le grade de colonel. Il est décédé le 22 mars 1992 à Cuers dans le Var.