Agriculture : les éleveurs du Grand Est entrent dans une zone régulée pour éviter une nouvelle épidémie

La fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 bientôt en France ? C’est ce que redoute le monde agricole. Alors que la maladie progresse dans les pays voisins et qu’elle arrive aux portes de la France, le ministère de l’agriculture annonce des mesures dans certaines régions limitrophes pour enrayer le phénomène.

Encore une mauvaise nouvelle pour les agriculteurs de Moselle, de Meurthe-et-Moselle et de la Meuse. La fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 est aux portes de la France et surtout de la région Grand-Est. Ce mercredi 31 juillet 2024, après la détection d’un foyer dans la commune de Chimay (en Belgique), à 2 kilomètres de la frontière ardennaise, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire a décidé de réagir. Pour éviter l'apparition de cette maladie vectorielle dans l’hexagone, l’administration a annoncé la mise en place d’une zone “régulée”.

Cette maladie mortelle pour les ovins comme les moutons ou les brebis, les bovins mais aussi pour les caprins comme les chèvres, n’affecte pas l’homme. Elle est pourtant particulièrement virulente pour ces animaux. Fièvre, symptômes locomoteurs, symptômes respiratoires, hypersalivation, croûte en région naso-buccale ou têtes gonflées font partie des principaux symptômes.

Et si le monde agricole s’inquiète autant, c’est qu’elle se transmet principalement entre animaux par des insectes piqueurs appelés culicoïdes qui, avec le vent, peuvent se déplacer à des dizaines de kilomètres : “Nous avons, aujourd’hui en France et depuis une dizaine d’années, la fièvre catarrhale ovine de sérotypes 4 et 8. Ce nouveau sérotype, maintenant très présent aux Pays-Bas, en Allemagne, et en Belgique, est à seulement quelques kilomètres de la frontière de la France. Il est beaucoup plus mortel sur les ovins”, explique Florence Sezeur, présidente de la Fédération Régionale du Groupement de Défense Sanitaire du Grand Est.

De nouvelles restrictions à respecter

Pour ces raisons préoccupantes, une grande partie nord des départements de la Meuse, de la Meurthe-et-Moselle et de la Moselle entre dans cette zone. À partir de ce vendredi 2 août 2024, les mouvements des petits ruminants et des bovins présents dans cette délimitation, seront restreints vers le reste du territoire national. Pour être autorisés à quitter la zone, les animaux sensibles à la maladie devront avoir fait l’objet d’un traitement de désinsectisation dans les deux semaines précédant leur départ et avoir obtenu un test de dépistage négatif.

La chose se complique pour les échanges intra-européens. Si les mouvements depuis la zone régulée pourront se poursuivre vers les Etats membres acceptant la désinsectisation et le test de dépistage négatif, ils seront cependant suspendus pour les autres Etats membres n'acceptant que des animaux vaccinés, comme l’Espagne.

Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire rappelle par ailleurs que : “Toute suspicion clinique sur l’ensemble du territoire métropolitain doit immédiatement être signalée par l’éleveur à son vétérinaire sanitaire, qui procède aux prélèvements pour analyses de confirmation”. Et si la confirmation est faite, l'élevage déclaré infecté sera soumis à des mesures comprenant l’interdiction de sortie des animaux sensibles vers d’autres élevages pendant 90 jours.

Nouveau coup dur pour les agriculteurs

Pour les éleveurs de la région, l’annonce sonne comme un coup de massue. Philippe Duval, gérant de la Biquetterie à Bazoncourt (Moselle), l’une des communes concernée par la zone “régulée” serre les dents : “C’est un problème de plus. C’est dans la conjoncture d’aujourd’hui, on est dans la continuité de l’année que l’on subit”, confesse l’éleveur. “On a l’habitude. On courbe le dos et on baisse la tête. Je suis dépitée. C’est une voie sans issue. Le sort s’acharne sur nous, je n’ai pas les mots”, confie-t-il.

Déjà affaibli par la météo de cette année 2024, l’agriculteur s'inquiète pour l’éventuelle arrivée de ce nouveau sérotype : “J’ai peur car on a déjà donné avec cette maladie. Il y a une paire d'années. On récupérait 7, 8 bêtes mortes dans les parcs tous les jours. En plus on risque d’être doublement touché car on élève des ovins et des caprins”. Philippe Duval redoute surtout le retour de cette maladie, difficile à soigner : “On est impuissant. Il y a des choses que l’on arrive à canaliser avec les vétérinaires, mais là on n’y arrive pas, on est impuissant”.

Des vaccins bientôt disponibles

Un sentiment que Florence Sezeur comprend. Pour tenter d’enrayer la probable apparition de ce phénomène dans la région Grand Est qui compte 1,4 million de bovins et 100 000 ovins, le Groupement de défense sanitaire du Grand Est invite les éleveurs à se munir des nouveaux vaccins conçus pour lutter contre la fièvre catarrhale ovine de sérotype 3. Des traitements qui seront disponibles à la mi-août : “Le vaccin ne joue pas sur la prévention, mais il réduit les signes cliniques. Le but, c’est d’agir en amont pour réduire la violence de symptômes”, précise-t-elle.

Tout est donc mis en place pour éviter l’apparition de ce nouveau sérotype, mortel pour les animaux, sur le territoire. Si les conséquences des restrictions sont lourdes pour les éleveurs, celles-ci permettront peut-être d’éviter une nouvelle épidémie.

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