Amazon Metz - Augny : ses opposants dénoncent "un rapport indécent"

Suite à la présentation d'un rapport très favorable à l'implantation de la méga plateforme logistique d'Amazon à Augny près de Metz mardi 28 mars, ses opposants haussent le ton. Ils dénoncent de fausses informations quant à l'emploi, les nuisances et l'empreinte carbone.

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Marie-Pierre Comte ne décolère pas. Pour cette écologiste, conseillère municipale d'opposition d'Augny, le rapport présenté par Amazon mardi 28 mars (cf notre article) lors d'une conférence conjointe à Paris et Metz est un tissu de mensonges.

Emploi, la querelle des chiffres

"Sur l'emploi déjà on a un gros problème, on est loin des 4.000 emplois pérennes annoncés. Page 17 du rapport, il est écrit qu'on est à 2.300 emplois. Je crois que quand Amazon parle de CDI, il est beaucoup question de CDI intérimaire, c'est à dire que c'est l'agence d'intérim qui emploie, mais ça ne veut pas dire que le salarié reste chez Amazon".

Celle qui est aussi secrétaire du collectif pour Les Amis de la terre Moselle dénonce la partialité du rapport du cabinet Roland Berger présenté comme indépendant : "dès le préambule, on voit la supercherie puisqu'il est spécifié que les données ont été fournies par Amazon et qu'elles n'ont pas été vérifiées". L'élue rappelle qu'Amazon licencie massivement, avec la suppression annoncée de 10.000 emplois aux Etats-Unis et 8.000 en Europe : "il n'y a pas de raison que la France y échappe".

Un emploi crée chez Amazon c'est 2,2 emplois supprimés dans le commerce de proximité

Denis Marchetti, élu EELV à Metz

Même indignation du côté de Denis Marchetti, élu EELV à la ville de Metz qui s'interroge aussi sur l'indépendance de ce rapport. "Plutôt que de commander une enquête à un organisme public, là on a l'entreprise qui met toute sa puissance privée en marche pour s'auto-évaluer. Si c'était indépendant, il y aurait forcément des critiques. Là, c'est tout va bien dans le meilleur des mondes ! ".

L'élu s'interroge également sur l'emploi :

"Ce que je vois au final c'est qu'il y a 1.900 ETP (équivalent temps plein) et malgré ce que dit Amazon, il y a bien des emplois intérimaires. Je ne nie pas qu'Amazon crée des emplois. Mais sur cette question en général, comment ne pas voir que le centre-ville de Metz a déjà été démembré avec les zones commerciales et qu'on l'achève avec le e-commerce. L'ancien secrétaire d'état au numérique Mounir Mahjoubi avait analysé que pour un emploi crée chez Amazon c'est 2,2 emplois supprimés dans le commerce de proximité, on ne peut pas ne pas en tenir compte".

Des salariés bien traités ?

Dans son rapport Amazon, met en avant le résultat d'un sondage interne où 79% des salariés d'Augny se disent satisfaits de leurs conditions de travail. Une syndicaliste de la CGT du site, qui souhaite rester anonyme, n'a pas eu connaissance de ce sondage mais veut bien en dire plus sur les conditions de travail et les contrats.

Ça n'est pas toujours safety first chez Amazon...

Une syndicaliste CGT d'Amazon Logistique

"Il y a effectivement des postes où ça se passe bien et une partie des salariés se trouvent bien chez Amazon, mais ça n'est pas le cas de tout le monde. Certains postes restent pénibles, c'est le cas du pack, là où on emballe les colis. Le salarié est debout toute la journée, réceptionne et emballe les colis et il est très seul. Il y a aussi le pick, cette fois le salarié réceptionne les colis et les met dans un bac qui partira au pack. C'est un poste où on peut rester quelques heures, mais là ce sont des personnes qui y restent douze heures. Cela occasionne des douleurs aux épaules, aux genoux et aux poignets. La devise d'Amazon "safety first", la sécurité avant tout, ça n'est pas toujours ce qu'il se passe en interne".

Plus grave, la syndicaliste dénonce les conditions de travail de salariés d'APF France Handicap qui travaillent chez Amazon sans avoir les mêmes droits : "ces salariés n'ont pas de contrat Amazon, ils sont moins payés (1.200 euros par mois), et ne bénéficient pas des avantages des amazoniens comme le 13ème mois. Ils sont souvent affectés au pick et au pack".

Dans un contexte de négociations annuelles obligatoires, une partie des salariés d'Amazon à Augny se sont mobilisés ces dernières semaines pour demander de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail. La CGT a d'ailleurs publié un communiqué sur sa page Facebook ce vendredi 31 mars.

La question des camions

Dés le départ le collectif "Les riverains du plateau de Frescaty", qui n'existe plus, avait alerté sur la question du trafic des camions et de leur stationnement, un problème récurrent autour des plateformes logistiques d'Amazon. Un problème très brièvement abordé lors de la conférence de présentation du rapport. "Je suis allée voir les chauffeurs à leur arrivée, ils étaient très mécontents. Ils n'avaient pas d'endroit pour stationner, pas de toilettes, pas d'eau contrairement à l'Allemagne toute proche. On s'est battus pendant un an et demi pour qu'ils puissent s'installer sur l'ancien tarmac de la base aérienne. Monsieur Grosdidier est d'une rare hypocrisie s'il dit qu'il n'y a pas eu de problèmes avec les camions" assène Marie-Pierre Comte qui parle d'environ 700 passages de camions quotidiennement, en dehors des périodes comme Noël où le trafic s'intensifie.

Pour limiter les problème de stationnement, des talus anti-camions ont été installés à Marly. Mais il n'est pas rare de voir encore des camions sur les parkings des grandes surfaces.

Du greenwashing chez Amazon ?

Sur la question environnementale, Marie-Pierre Comte, l'élue écologiste d'Augny est remontée. Car si une partie du site de l'ancienne base aérienne était effectivement artificialisée, le reste était constitué de prairies.

"La plateforme a été en partie installée sur des terres agricoles. On le voit très bien sur les études d'impact environnemental du plan local d'urbanisme de la commune d'Augny. Quant à l'installation d'un agropole comme le présente le maire de Metz, il ne verra jamais le jour. Les propos de Monsieur Grosdidier sur l'environnement sont indécents ! ".

Sur la question des énergies renouvelables, la direction d'Amazon met en avant l'installation de panneaux photovoltaïques. "Ça ne suffit pas à alimenter la plateforme logistique et l'impact d'Amazon sur la consommation d'énergie reste énorme" répond l'élue d'opposition.

Denis Marchetti se dit également outré par ce qui apparait dans le rapport sur l'aspect environnemental.

"La direction d'Amazon veut nous faire croire que les colis étant livrés moins loin, leur empreinte carbone serait donc meilleure. Mais le principal problème c'est que la plupart des produits viennent de Chine ! La logistique interne est peut-être optimisée mais l'empreinte carbone la plus massive, elle est générée avant. Et ce n'est pas la création d'une forêt urbaine qui va y changer quelque chose. Ca c'est du greenwashing ! ".

La création d'un agropole, annoncée par le maire de Metz ne serait pas selon l'élu effective. Seul un espace test avec un maraîcher serait installé sur le site. Contrairement à ce que semble vouloir démontrer le rapport Roland Berger, l'implantation d'Amazon à Augny ne fait donc pas l'unanimité.

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