Attentats de Paris : "C'était un acte de guerre!" Le papa d'une des victimes fait le lien avec le conflit en Ukraine

Pas une journée ne passe sans qu'il ne pense à sa fille, Marie, disparue au Bataclan le 13 novembre 2015. Pour Maurice Lausch, la journée nationale d'hommage aux victimes du terrorisme qui se déroule ce vendredi 11 mars 2022, est primordiale.

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Ils ont créé l'association Marie et Mathias pour rendre hommage à leurs enfants décédés au Bataclan le 13 novembre 2015. Depuis plus de 6 ans, Maurice Lausch et Jean-François Dymarski participent au devoir de mémoire comme ce vendredi 11 mars 2022 lors de la journée nationale d'hommage aux victimes du terrorisme. Un combat qu'ils mènent malgré la douleur qui ne les quitte pas et que la guerre en Ukraine est venue raviver. 

Que représente cette journée pour vous et toutes les familles de victimes?

Maurice Lausch, papa de Marie : Je pense que le devoir de mémoire est important. C'est vraiment primordial surtout dans les temps troublés que l'on traverse aujourd'hui. Montrer que la France et toute l'Europe est unie contre toutes les formes de barbarie et de terrorisme, c'est essentiel. Et puis je pense qu'il faut qu'on marque le sentiment national qu'on est plus fort que ces gens là. 

N'êtes-vous pas partagé entre cet essentiel devoir de mémoire et le besoin d'oublier ?

M. L  : Effectivement, le sentiment peut être ambivalent. Pour nous la douleur reste vive, on ne peut pas oublier la perte d'un enfant parce ce n'est pas le sens de la vie. Tous les jours, une image, un texte, une musique, n'importe quoi nous rappelle que notre fille a disparu. On ne peut pas pardonner, on ne peut pas oublier, même si je comprends que dans la mémoire collective on a peut-être envie de passer à autre chose et d'oublier, mais pour les victimes, les proches, les familles et tous ceux qui ont été touché par des attentats c'est impossible d'oublier. On ne pourra jamais effacer cette blessure.

Est-ce que justement ce type de commémoration ne ravive pas les blessures ?

M. L. : Bien sûr, mais je vais vous poser la question autrement. Est-ce que l'on peut se permettre d'oublier des choses comme ça ? Est-ce que cela doit se reproduire ? Parce qu'il ne faut pas se voiler la face, ce type d'évènements est encore possible et il est important que l'on se rappelle ce qu'il s'est passé. Evidemment que cette journée nous fait revivre ces évènements et que c'est extrêmement douloureux. mais pour toutes les personnes décédées dans des attentats, on a ce devoir de mémoire. La peine, on la vit tous les jours. Chaque fois que je vais au procès et que je sors de la salle c'est complétement anxiogène alors évidemment c'est encore un élément en plus mais quoiqu'il arrive, notre blessure sera toujours ouverte. 

Vous faites le lien aujourd'hui avec la guerre en Ukraine ?

M. L. : Pour moi ces attentats n'étaient pas un acte de terrorisme, c'était la guerre! Tirer à la kalashnikov dans des salles de concert, sur des terrasses ou dans un stade c'est un acte de guerre ! Ce n'est pas un accident de la route. Ces gens ont attaqué la France et notre société. Ils ont attaqué nos enfants qui sont représentatifs de notre société donc je l'assimile à l'acte mené actuellement contre l'Ukraine. C'est une autre échelle, une autre démarche mais c'est tuer des civils, des personnes innocentes. On vient agresser un pays et c'est ce qu'a dit Abdeslam lors du procès: "vous êtes venu nous bombarder et bien nous, on vient vous tuer". J'avoue ne pas comprendre cette démarche, mais pour moi, dans les deux cas, c'est un acte de guerre. 

Alors justement, le procès des attentats de Paris est toujours en cours et devrait encore se tenir jusqu'à la fin juin 2022. Qu'en retirez-vous pour l'instant ?

M. L. : On rentre seulement dans le vif du sujet. C'est la partie importante du procès qui démarre après toutes les phases préparatoires. On n'attend pas grand chose de ces accusés. Dans 99% des cas, ils ne se repentissent pas et ne disent pas grand chose si ce n'est sur la forme. Sur le fond, on n'apprend rien ! Seul un des accusés a livré la vérité suite au témoignage de parents qui l'ont ému et ça pour nous c'est positif. Cela ne fera pas revenir nos enfants, mais cela nous permettra peut-être à l'avenir de déjouer des attentats et de mettre à mal des ramifications terroristes. Pour nous, il faut que justice soit faite et qu'ils prennent le maximum. Avec nos avocats, on fera tout pour y arriver !

La traditionnelle marche Marie et Mathias aura lieu le dimanche 22 mai 2022 d'Ancy-sur-Moselle à Saint-Julien-lès-Metz.

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