En Lorraine plus qu'ailleurs, chacun sait que le chardon a des vertus. Mais l'ortie, le pissenlit ou la bourrache aussi. Ces plantes sauvages ont longtemps eu mauvaise réputation. Et portent le nom un brin péjoratif de "mauvaises herbes". Mais les mentalités des jardiniers évoluent. Et les exclues d'hier reprennent peu à peu la place qui leur revient. De l'utilité des adventices, c'est un des reportages de notre nouveau magazine Enquêtes de région, car toute plante est utile.
L'amateur de jardin bien ordonné apprécie peu les orties ou les pissenlits. Il préfère son gazon sans trèfle et sans plantain. Et il pourchasse tout ce qui ressemble à une "mauvaise herbe", même la jolie pâquerette. Mais avec l'essor de la permaculture, le renouveau des herboristes et la tendance des soins par les plantes, ces mauvaises herbes retrouvent leurs lettres de noblesse.
C'est l'une des trois enquêtes de notre magazine "Enquêtes de région", intitulé Bienvenue au jardin.
À y regarder de plus près, il est à se demander pourquoi elles ont été affublées de ce qualificatif indélicat. Pourquoi sont-elles traitées de "mauvaises" ces petites plantes sauvages ? Stephan Rambour, permaculteur confirmé en Meurthe-et-Moselle, n'en finit pas de s'en étonner, lui qui les trouve très bonnes. Comme ses orties, à qui il attribue de nombreuses qualités. Elles sont d'abord bonnes à déguster en soupes ou en salades. Elles sont ensuite "inféodées" à certaines espèces de papillons : "si vous n'avez pas les orties, vous n'avez pas les papillons"explique-t-il. Et puis leur utilité au potager n'est plus à démontrer. En simple paillage aux pieds des plants fragiles ou en purin pour accompagner la croissance des plants.
Mais ces vertus de l'ortie peuvent être déclinées à l'envi avec beaucoup d'autres plantes dites indésirables. Certaines attirent les insectes pollinisateurs, tandis que d'autres s'offrent comme garde-manger à de petits animaux. Selon le jardinier permaculteur, il faut laisser des zones ensauvagées dans les jardins. Et ceci pour trois raisons :
- Pour changer de regard sur nos jardins
- Pour l'habitat des petits animaux et des insectes
- Pour limiter l'évaporation de l'eau
Plus largement, c'est avec Séverine Breuvart, certifiée en herboristerie, que sont détaillées les vertus thérapeutiques de quelques plantes envahissantes. La mélisse, par exemple, que les jardiniers peuvent juger envahissante possède des vertus apaisantes et digestives. Même l'artiste Paul Bollerau trouve des vertus étonnantes à la renouée du Japon, de triste réputation. "Elle a énormément de qualités. [vouloir sa destruction], ça nous renseigne sur notre façon de voir le monde qui nous entoure", déclare-t-il.
Dans le jardin du cloître des Récollets à Metz, Jacques Fleurentin, président de la société française d'éthnopharmacologie, propose un petit inventaire des vertus de quelques petites plantes présentes. De l'intérêt d'avoir toujours quelques feuilles de plantain sous la main.
Enfin, c'est avec Matthieu Husson, ingénieur paysagiste au CAUE 54 que nous découvrirons ce que nous disent ces plantes, rien que par leur présence. Et ce que tout jardinier devrait comprendre de son terrain grâce à elles.
Les mauvaises herbes finalement si bonnes pour les insectes et les petits animaux, mais aussi comme indicateur pour améliorer la qualité de tout potager. Peut-être serait-il temps de les nommer autrement.
Un reportage de Valérie Odile, Stiliana Peev et Olivier Bouillon.
Enquêtes de région - Bienvenue au jardin à voir ici en intégralité.