Un peu plus d'une dizaine de maires de la Communauté d’agglomération de Thionville en Moselle se sont réunis jeudi 12 septembre afin d'exprimer leur exaspération face aux installations illégales des gens du voyage. Des dégâts qui visiblement se sont multipliés sur tout le territoire.
Les nombreux incidents causés par les installations sauvages des gens du voyage en Moselle cet été font sortir de leurs gonds les maires de la Communauté d'agglomération de Thionville. Ainsi, jeudi 12 septembre 2024, la fronde de quelques élus envers les gens du Voyage a franchi un cap.
À Thionville en Moselle, lors d'une conférence de presse qui a réuni 13 maires de l'agglomération thionvilloise, Marie-Laurence Herfeld, la maire de Manom, explique qu'"il faut comprendre l’extrême exaspération des maires face aux gens du voyage, des difficultés à gérer l’installation des gens du voyage et gérer les plaintes des citoyens".
Pierre Cuny, maire de Thionville et Président de la communauté d'agglomération Portes de France-Thionville estime que cette réunion, "c’est un cri du cœur, c’est un cri d’alarme, c’est un cri de détresse. Il faut changer la loi. La loi date de 2000. Elle est totalement inadaptée désormais, par rapport à ce que nous vivons nous, les maires des villes moyennes, des territoires plutôt attractifs. Donc il faut renforcer la loi, notamment les droits en ce qui concerne notamment les aires d’accueil".
Et il ajoute : "toute occupation illégale d'un terrain, public ou privé, doit être considérée comme un trouble à l'ordre public et doit faire l'objet d'une expulsion".
Ils ne respectent pas les mêmes règles que nous et c’est compliqué d’expliquer qu’il y a deux poids, deux mesures et difficile à vivre.
Clémence Pouget, maire de Yutz en Moselle
Au mois de mars dernier, l'aire d'accueil de la petite ville de Yutz a été découvert avec des installations dans un piteux état. Électricité piratée, sanitaires dégradés, locaux techniques fracturés… "À côté du verger, par exemple tous les arbres fruitiers ont été abîmés", raconte Clémence Pouget, maire de Yutz. "Régulièrement, on est appelé parce qu’il y a des caravanes qui passent dans la ville et des camps s’installent sur la commune. C’est quand même assez compliqué à gérer. Ce sont des dégradations, tout remettre en état, expliquer aux habitants".
Les tensions avec les gens du voyage se sont multipliées. "Il y a des nuisances le soir parce qu’ils font beaucoup de bruit. Ils ne respectent pas les mêmes règles que nous et c’est compliqué d’expliquer qu’il y a deux poids, deux mesures et difficile à vivre. Je crains qu’on arrive à un drame. On sent que ça commence à chauffer. Il faut agir avant qu’il arrive quelque chose", ajoute l'élue.
Une alerte
Dans son communiqué, la Communauté d'agglomération insiste et précise que "les élus et habitants assistent régulièrement à l'installation de ces caravanes entrainant de nombreuses incivilités : structures publiques détériorées, terrains privés et publics saccagés et laissés dans un état sanitaire déplorable, branchements illicites et dangereux, agressions verbales et physiques répétées allant même jusqu'à violence sur personnes dépositaires de l'autorité publique...". L’installation sur un terrain privé, prêté, loué ou acheté est interdite dans les plans locaux d’urbanisme de presque toutes les communes.
Un homme m’a poussé parce que je l'ai vu avec une tronçonneuse à la main pour couper toutes les végétations qui bordaient le terrain de football de la commune. Je l’ai moi-même écarté avec la tronçonneuse qui était en marche.
Marie-Laurence Herfeld, maire de Manom (Moselle)
Yutz est une petite commune de la Moselle, du pays thionvillois. Ici, la semaine dernière, les gens du voyage ont investi une partie du parking d'un grand magasin de sport. "Les dégradations ont un coût important pour la commune. Les gens du voyage seraient acceptés si en leur mettant un terrain ils nous le rendaient dans le même état. Or ce n’est pas le cas", dit Clémence Pouget.
Puis Marie-Laurence Herfeld raconte cette histoire qui lui est arrivée cet été. "Un homme m’a poussé parce que je l'ai vu avec une tronçonneuse à la main pour couper toutes les végétations qui bordaient le terrain de football de la commune. Je l’ai moi-même écarté avec la tronçonneuse qui était encore en marche".
De son côté, la Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les gens du voyage (Fnasat-GV) insiste sur "l’insuffisance de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques publiques pour l’accueil et l’habitat des gens du voyage".