L'entraîneur Eric Cirk avant l'entrée en lice aux J.O. du lutteur Jamal Valizadeh, réfugié iranien : "Si on fait une médaille, je saute dans la Seine !"

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Ce lundi 5 août marquera le début de la lutte aux Jeux olympiques de Paris, au Champ-de-Mars. Parmi les athlètes qui concourront, un Mosellan d'adoption. Jamal Valizadeh va faire son entrée en lice pour ses premières olympiades sous la bannière des réfugiés. Cet iranien de 32 ans est entraîné par Eric Cirk du club de lutte de Sarreguemines. Ce dernier a eu la chance d'être convié aux Jeux pour entraîner son lutteur. Il nous raconte leur première semaine aux Jeux, à la veille de son entrée en lice.

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Même par téléphone, un large sourire se devine facilement sur le visage d'Eric Cirk. Lui, l'entraîneur réputé de Sarreguemines, qui a tout vu, tout connu ou presque dans son club mosellan. Presque, parce qu'il n'avait jamais participé aux Jeux olympiques. Il peut désormais ajouter ce rêve à sa longue liste. Il accompagne Jamal Valizadeh, lutteur de 32 ans, réfugié politique iranien, qui s'est vu offrir une place par le Comité international olympique (CIO) pour participer aux Jeux de Paris, sous la bannière des réfugiés. Tous les deux sont dans la capitale depuis plus d'une semaine : "C'est magnifique. C'est un monde complètement à part. C'est une super ambiance entre tous les athlètes, les entraîneurs" raconte l'entraîneur du nord de la Lorraine. "Je pense que quand je vais sortir de là, ça va faire très mal. C’est vraiment beau" lâche-t-il dans un sourire.

Une semaine de préparation pour le Jour J

Dans la dernière ligne droite avant le lancement des combats de lutte chez les 60 kg, qui démarre ce lundi 5 août à partir de 15h, Jamal Valizadeh et son entraîneur ont d'abord dû s'adapter : "J'encadrais Jamal cette semaine et un de ses amis Iraniens qui est en lutte libre. Une séance le matin, une l’après midi, avec des moments de récupération". Et le duo croque à pleines dents ce qui se fait de mieux aux Jeux : le partage, la solidarité, l'esprit du sport : "On s’entraîne au village olympique où il y a deux grandes salles de lutte. On a sympathisé avec un lutteur de la Corée du Nord et un Vénézuélien, et on a fait des séances ensemble. On était tous les trois dans le même cas, nous n'avions pas de partenaire. On a discuté ensemble et de fil en aiguille, on a terminé notre préparation ensemble".

Tous les deux vivent un rêve éveillé. Mais dès lundi, l'esprit de compétition reprendra le dessus. Mettre de côté toutes les émotions depuis son invitation aux Jeux, depuis la cérémonie que Jamal Valizadeh a vécu sur le bateau des athlètes réfugiés : "Il est super confiant, il se sent vraiment bien. Il vit un moment de rêve. On sait qu’on est des outsiders. On va tout donner pour essayer d’aller le plus loin possible et pourquoi pas décrocher une médaille".

Un rêve ? "Ah ! Je ne vous dis pas, je saute dans la Seine !" s'exclame Eric Cirk, dans un éclat de rire. En plus, il n’y a pas de requin !". Avant de reprendre son sérieux et son calme olympien habituel : "La plus belle des victoires, c’est d’être ici. D’avoir pu vivre ce moment qui est exceptionnel. Dans sa carrière, dans la mienne, je ne sais pas si on revivra ça. On est très heureux et on donnera tout pour faire du mieux possible". Jamal Valizadeh fera son entrée en lice en lutte gréco-romaine ce lundi 5 août en huitième de finale à 15h14, face à un Ouzbek, Islomjon Bakhromov.

Jamal Valizadeh, une vie de luttes

Issue d'une famille de lutteurs, Jamal Valizadeh pratique la lutte loin de son pays d'origine, l'Iran. En 2014, il prend part à une manifestation en faveur des Kurdes Iraniens, menacés par l'expansion de l'Etat Islamique. Arrêté, puis emprisonné, il décide de fuir son pays. S'en suit un long trajet : de Téhéran, il rejoint la Turquie, puis tente d'arriver par bateau en Grèce : "C'était vraiment compliqué. Il restait 500 - 600 mètres et le bateau a commencé à couler. On a laissé le bateau pour les enfants et les femmes".

De la Grèce, il rejoindra la France, jusqu'à arriver en Moselle en 2018, avec le statut de réfugié. Il décide de se rendre dans cette région réputée pour la lutte, et retrouver son sport de prédilection qu'il avait laissé derrière lui, dans son pays d'origine. Son rêve était de participer aux Jeux olympiques, il y est parvenu. Il espérait pouvoir faire venir ses parents, qu'il n'a pas vus depuis dix ans maintenant, pour le voir combattre. Malheureusement pour lui, le lutteur iranien n'est pas parvenu à les faire venir...

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