La deuxième séance de négociations entre partenaires sociaux sur les règles de l’assurance chômage se tient ce 29 octobre 2024 à Paris. Les discussions portent sur l’emploi des séniors et l’assurance chômage, avec un focus particulier sur les travailleurs frontaliers. En 2023, l’indemnisation de ces chômeurs a coûté 800 millions d’euros. Le comité de défense et d’initiatives des frontaliers au Luxembourg réagit.
La 2ᵉ séance de négociations entre partenaires sociaux sur les règles de l'assurance chômage se tient ce 29 octobre 2024, au siège de l'Unédic, à Paris. Elle porte sur deux sujets : l’emploi des séniors et l’assurance chômage. Sur la table des négociations, le cas des travailleurs frontaliers au chômage. L’Unédic, en charge de gérer l’assurance chômage indique qu’en 2023, l’indemnisation de ces chômeurs a coûté 800 millions d’euros.
Le Medef appelle à une refonte du système. Chez nos confrères de France Culture, ce mardi 29 octobre, Eric Chevée vice-président de la CPME, confédération des petites et moyennes entreprises propose d'agir sur la notion d’offres raisonnables d’emploi. : "Vous pouvez légitimement refuser une offre d’emploi si elle est trop différente de votre salaire antérieur. Quand vous avez des salaires de référence qui sont Suisse, évidemment, vous n’êtes pas prêt à accepter une offre d’emploi en France, qui est substantiellement différente. Nous nous pensons qu'il faut prendre une référence française sur le marché français. Parce que les écarts sont trop importants."
Une proposition qui préoccupe Philippe Manenti président du comité de défense et d’initiatives des frontaliers au Luxembourg (CDIFL) : " l’histoire est ancienne. Il y a longtemps déjà la France calculait un salaire de référence et elle a été condamnée par la Cour de Justice européenne. Notre position est claire. Nous n’accepterons aucune dégradation des conditions pour les travailleurs frontaliers."
💬 800 millions, c'est énorme et ça se reproduit chaque année. Au total c'est 9 milliards qui nous manquent aujourd'hui. C'est colossal et pourquoi l'Etat ne s'en occupe pas ?
— Unédic (@unedic) October 23, 2024
Découvrez l'interview de @JeanEudesTesson sur le coût de l'indemnisation des #frontaliers 👇 https://t.co/YsQqZsgOBR
Des négociations entre États
Philippe Manenti va plus loin et remet en cause les négociations entre États : "Encore une fois, on s’en prend aux travailleurs frontaliers. Alors que c’est au niveau des États que cela se joue. Ils doivent négocier pour une rétrocession plus importante pour la prise en charge du chômage. Actuellement le pays dans lequel le frontalier a travaillé ne verse que l’équivalent de trois mois de salaire au pays dans lequel vit cette personne. Cela n’est pas suffisant. Charge à eux de négocier six mois ou un an. Ce sont des pays européens dans notre cas. S’ils n’en sont pas capables, ce n’est pas la faute des frontaliers."
Philippe Manenti ajoute : "l'Unédic est dans son rôle. Elle pointe le coût du chômage des frontaliers. Le Luxembourg, la France, la Belgique et l’Allemagne sont des pays fondateurs de l’Europe. S’ils n’arrivent pas à négocier, c’est que ce sont des incapables. Ils prônent l’Europe à tout bout de champ. Il faudrait qu’ils s’en souviennent. Le travail frontalier est un droit européen."
Désindustrialisation de la Lorraine
Dans notre article du 8 octobre, il est question du rapport publié par l’Unédic. Ce dernier mentionne que : "17 000 frontaliers ont été indemnisés en France en 2023 après avoir travaillé au Luxembourg, un chiffre en augmentation de 64% par rapport à 2011". Le frontalier n’est pas le problème, selon Philippe Manenti. Il est même une partie de la solution. "Le travailleur frontalier est économiquement une plus-value pour la région dans laquelle il vit. Et on sait en Lorraine à quel point la désindustrialisation a poussé les gens vers le Luxembourg. Il est aussi une main-d’œuvre intéressante pour le pays qui l’emploie."
Ce nouveau cycle de négociations sur l'assurance chômage et l'emploi des seniors doit aboutir avant le 15 novembre. Dans un contexte budgétaire ultra-contraint, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a demandé aux partenaires sociaux de trouver 400 millions d'euros d'économies supplémentaires par an.