La forêt de Mercy va-t-elle passer de zone à préserver à zone aménageable pour un projet de centrale solaire ? C'est ce que devront décider les conseillers de Metz Métropole ce lundi 3 avril. Le collectif "Sauvons la forêt de Mercy" s'y oppose pour la défense de la biodiversité et contre un projet jugé incohérent dans un contexte de changement climatique.
Installer une centrale solaire dans la forêt de Mercy pour le président de l'Eurométropole de Metz c'est oui. Pour François Grosdidier, il s'agit plus de friches militaires que d'une véritable forêt, le projet qui concerne les communes de Jury et Ars-Laquenexy est donc viable. Le maire de Metz qui souhaitait faire une mise au point sur le sujet, s'est largement expliqué le 30 mars lors du dernier conseil municipal comme le montre cet extrait vidéo :
Dans cet extrait, François Grosdidier précise qu'il n'a rien à cacher et qu'il tiendra compte des résultats de l'étude faune flore commandée à l'UEM (l'Usine d'Electricité de Metz). C'est sa filiale, Energreen, qui pilote le projet de centrale solaire. Le maire de Metz rappelle également que les sols sont déjà en partie artificialisés puisque que la nature s'est réinstallée sur une base militaire et qu'une partie des sols est polluée.
L'étude faune flore
Dans cette étude à laquelle nous avons eu accès, il est précisé que "la zone non constituée de boisements de plus de trente ans a été considérée comme zone favorable au projet" mais qu'il faudra une autorisation de défrichement.
Des mesures sont également présentées pour limiter l'impact écologique du projet comme :
- Un calendrier des travaux adaptés pour éviter de nuire à certaines espèces comme les chiroptères (chauve-souris).
- La mise en place de haies pour que les oiseaux puissent nidifier en dehors du parc solaire.
- Le maintien de fourrés arbustifs existants.
Un contre-sens ?
Pour le collectif "Sauvons la forêt de Mercy", ce projet est un terrible contre-sens dans l'époque que nous vivons. Certes la faune est bien présente avec 14 espèces de chauve-souris recensées et des batraciens entre autre, mais le problème ne se situe pas uniquement à ce niveau.
Même s'il n'y avait pas d'espèces protégées il faudrait continuer à préserver cette forêt qui reste un poumon vert à 7km de Metz
Maïté Muscat, co-présidente de Lorraine Nature Environnement
"Vu la situation de crise climatique que nous connaissons avec la perte de biodiversité, ce projet est un contre-sens dramatique. Mais même s'il n'y avait pas d'espèces protégées il faudrait continuer à protéger cette forêt qui reste un poumon vert à 7km de Metz, elle a donc un intérêt en soi", nous explique Maïté Muscat, co-présidente de l'association Lorraine Nature Environnement et membre du collectif. La pétition de "Sauvons la forêt de Mercy" a recueilli à ce jour plus de 24.000 signatures.
Denis Marchetti élu EELV à la ville de Metz dénonce lui aussi ce projet et le manque de transparence et d'échange avec l'Eurométropole :
Je ne comprends pas qu'on avance aussi vite pour faire des projets sur des espaces naturels sensibles alors que c'est beaucoup plus lent sur des espaces artificialisés
Denis Marchetti, élu EELV à Metz
"Sur le fond, je constate que la biodiversité se trouve surtout en milieu semi ouvert, sous les lignes à haute-tension, ce qui oblige l'UEM à arbitrer entre les oiseaux et les arbres de plus de trente ans. En l'occurrence, je comprends qu'ils ont plutôt décidé de gêner les oiseaux, sous prétexte qu'on leur fera de petites haies".
Sur le fond l'écologiste dénonce un projet pas incontournable au regard de ce qui pourrait être fait ailleurs : "je ne comprends pas qu'on avance aussi vite pour faire des projets sur des espaces naturels sensibles alors que c'est beaucoup plus lent sur des espaces artificialisés type parkings".
Maïté Muscat dit exactement la même chose : "les panneaux photovoltaïques on peut les mettre ailleurs". C'est d'ailleurs le sens de la nouvelle loi sur les énergies renouvelables du 10 mars 2023 qui vise à faciliter l'installation de panneaux photovoltaïques sur des zones déjà artificialisées.
Un projet de transition écologique
En réponse aux associations, François Grosdidier a rappelé que le projet s'inscrivait dans une démarche de transition écologique et qu'une étude était en cours pour un déploiement massif d'énergies renouvelables sur le patrimoine de l'Eurométropole. D'après l'UEM, le parc solaire de la forêt de Mercy permettrait d'éviter l'émission de 1.600 tonnes de Co2 par an. La production d'électricité est estimée quand à elle entre 15 et 20 GW par an.