C'est un parcours tout en détours qui la caractérise. Rien ne s'est passé comme prévu pour cette Lilloise qui a fait une partie de ses études à Metz. Malgré une vue défaillante, elle s'est choisi un métier visuel, un loisir de casse-cou et parvient à se faire repérer à Santa Monica.
Quel est le comble pour une personne qui une déficience visuelle? Faire un métier dans l'audiovisuel!
C'est le parcours de Caroline Vilain, une jeune femme de 27 ans qui vit actuellement à Santa Monica en Californie, graphiste et monteuse.
Caro, comme elle s'appelle sur les réseaux sociaux, est née aveugle et sa vue s'est progressivement développée, tout en restant limitée. Elle ne s'est jamais considérée comme une personne handicapée.
Je ne pense pas à mes problèmes de vue, car c'est ce que j'ai toujours connu.
- Caroline Vilain, graphiste et monteuse
Deux en un
Caroline a deux passions qui remontent à l'enfance: le cinéma et le skateboard. Et elle a fait ses choix de vie en restant concentrée sur ses centres d'intérêt.Son stage de troisième? À France 3 Nord-Pas-de-Calais. Elle fera ensuite un an d'études à la faculté de Metz en 2010-2011 en information-communication. Elle poursuit ses études à l'Ecole de Recherche Graphique de Bruxelles, mais se résout à l'évidence : les études théoriques ce n'est pas pour elle.
Ses loisirs? Elle veut faire du skateboard. Les médecins lui déconseillent les sports à risques. mais elle persiste et signe. Coup du destin, ses parents divorcent alors qu'elle est adolescente. Et son papa, pour rester dans ses bonnes grâces, outrepasse les conseils médicaux et lui achète un skate.
Ça ne paraissait pas être une bonne idée, mais papa m'a offert un skate pour m'avoir à ses côtés!
- Caroline Vilain
Quant à sa mère, pour ne pas être en reste et alors qu'elles ont déménagé à Longwy, elle accepte de la déposer régulièrement à la gare pour que Caroline puisse se rendre le train de Differdange à Schifflange où se trouve le seul skate-park digne de ce nom à cette époque. Elle y fera ses classes de skateuse avec un groupe d'amis.
Très vite, elle emmènera la petite caméra familiale pour filmer les exploits de ses amis sur la piste. Les passions se combinent.
Le goût du voyage
Quand en 2011, elle fait son premier voyage aux Etats-Unis, elle découvre que c'est le pays idéal pour allier ses deux passions. Elle n'aura alors plus qu'un objectif : s'y rendre.Son parcours est fait d'embûches, qu'elle arrive à contourner systématiquement seule ou avec l'aide de sa famille. Enfant, les médecins auraient voulu lui voir suivre un parcours d'éducation spécialisée. Elle s'est engagée dans un cursus classique.
Elle veut devenir fille au pair. Pour cela, il est nécessaire d'avoir le permis. Elle trouvera l'astuce pour réussir à s'inscrire sans avoir le précieux carton. Elle ne se laisse pas abattre par des considérations administratives. Et en 2012, elle trouve ainsi son premier poste de fille au pair. Puis elle s'engage dans des études dans un community college et obtient un petit boulot sur le campus, dans le cadre d'un programme de cinéma. La suite ce sont d'autres années d'études et un réseau qui se constitue petit à petit.
Aujourd'hui Caroline est en charge du montage, des effets spéciaux et de la post-production de tous les courts-métrages réalisés dans son université californienne. Un par semestre.
Et après ?
Même si elle n'est plus étudiante, elle continue de travailler pour le programme de cinéma de la fac.Les court-métrages qu'elle supervise sont nommés dans des festivals du genre. Caroline Vilain fait son trou en tant que freelance: elle a décroché des contrats avec une société qui travaille pour le marketing de la Paramount, de la Fox ou même de Disney.
Elle continue de croire en ses rêves. Son avenir, elle le voit toujours en Californie, l'endroit idéal pour elle pour continuer à pratiquer le skateboard et travailler dans le cinéma entourée de ses amis skateurs.