Originaire de Metz en Moselle, le Professeur Raphaël Pitti, médecin humanitaire, s’est rendu en Syrie au mois d’octobre. Les conditions d’accueil des enfants réfugiés sont déplorables, "nous avons identifié un besoin urgent de soins ophtalmologiques".
Le professeur Raphaël Pitti, médecin anesthésiste-réanimateur, professeur de médecine d'urgence et de catastrophe, est rentré de Syrie la semaine dernière.
Agé de 74 ans, il travaille régulièrement depuis plus de dix ans sur les conflits. Il est responsable des formations pour les soignants en zone de guerre.Il fallait montrer le retard considérable sur les données sensorielles. En moins de trente minutes, une paire de lunettes peut transformer la vie d’un enfant.
Raphaël Pitti, professeur de médecine d'urgence
Après une enquête approfondie auprès de plus de 15.000 enfants vivant dans des camps au nord-est de la Syrie, nous avons identifié un besoin urgent de soins ophtalmologiques. "L'état de santé des enfants est catastrophique". Ainsi des enfants, âgés de 4 à 6 ans grandissent dans des conditions de précarité extrême, et beaucoup souffrent de troubles de la vue qui affectent leur capacité à apprendre, à jouer et à s’épanouir. "Pas un seul enfant ne porte des lunettes. Ils vivent dans des conditions de misère. Ils sont sales, ils sont pouilleux", dit Raphaël Pitti.
Pourquoi ce projet est-il si crucial ? "Il y a des strabismes, des cataractes. Des pathologies qui relèvent de la chirurgie. Il y a un hôpital à Raqqa. On souhaite apporter des examens de vue et des lunettes adaptées aux enfants".
Trente minutes par lunette
Et il ajoute : "Avec notre méthode rapide et efficace, chaque enfant reçoit une paire de lunettes en un temps record qui lui offre ainsi l’opportunité d’apprendre". Les études démontrent que sur le plan du développement, à quatre ans, un enfant a tous les outils pour commencer ses apprentissages. "C'est une startup américaine a mis en place ce procédé, et il faut démontrer qu’il ne présente aucun risque pour leur vue". Ainsi, grâce à une technologie innovante la société peut produire des lunettes en moins de trente minutes, pour un coût de seulement quatre euros par enfant. "
Nous avons mis en place ce projet en 2021. Les troubles de la vue non corrigés empêchent ces enfants de vivre pleinement. Ils ne peuvent pas jouer comme les autres. Ils ne peuvent pas courir."Des soins adaptés
En Syrie, pendnat dix ans, la guerre à tout dévasté. "Et là il fallait montrer le retard considérable sur les données sensorielles. En moins de trente minutes, une paire de lunettes peut transformer la vie d’un enfant. C’est une véritable révolution pour les enfants des camps de déplacés". Dans le dispensaire, l'équipe est composée d’une médecin coordinatrice, qui veille à la qualité des soins, un opticien, garantissant que chaque enfant reçoive des lunettes adaptées, une infirmière, qui assure le bien-être des enfants pendant les examens.
Chaque consultation est ensuite analysée à distance par un ophtalmologue via une plateforme dédiée, garantissant un suivi médical sûr et complet.
Enfin, avez-vous des nouvelles de Gaza ? "Tous les jours". A quoi ressemble aujourd’hui un hôpital là-bas ? "Nous avons six centres de soins. Il faut dire que c’est le chaos. Les structures sont malmenées. Les hôpitaux sont débordés".
Le professeur Raphaël Pitti espère pouvoir retourner à Gaza dans les prochains jours.