Depuis plus de 50 ans, le café du Chemin de fer à Algrange (Moselle) dispose de casiers d’épargne. Le moyen de faire quelques économies au cours de l’année pour ceux qui se prêtent au jeu. Découverte...
Instaurée par les mineurs dans certaines régions et par les ouvriers dans d’autres, la tradition des "casiers d’épargne" de bistrot se perpétue également en Moselle. Initialement, ces casiers servaient à mettre une partie de sa paie de côté pour ne pas tout dépenser au bar. Aujourd’hui, les économies faites sur une période de onze mois permettent de payer une partie de ses vacances, se faire plaisir ou encore gâter ses proches.
Le café du chemin de fer à Algrange a été repris il y a 20 ans par Corinne Routter. Nous nous y sommes rendus en ce début d'année 2020. Dans cet établissement polyvalent, en plus de pouvoir s'y désaltérer, les clients peuvent tenter leur chance à quelques jeux d’argent et même profiter d’un espace boulangerie. La gérante a aussi souhaité garder l’armoire de casiers surnommée "l’écossais" qui fait partie intégrante du café depuis une cinquantaine d’année. Ici, les membres de l’association "Club Epargne l’Ecossais" et propriétaires de cases sont soumis à une épargne forcée, c’est-à-dire qu’ils doivent placer au minimum 5 euros tous les quinze jours sous peine de 3 euros d’amende. Le café dispose de 132 casiers d’épargne, et 120 sont déjà occupés.
On a eu une vingtaine de nouveaux adhérents fin 2019, c’est pas mal.
- Corinne Routter, propriétaire du café
Convivialité
Avec les intérêts perçus au cours de l’année, l’association organise une soirée conviviale avec ses adhérents lors de l’Assemblée Générale. En mars 2020, la présidente actuelle se retirera laissant sa place à Françoise Benvenutti. Cette dernière, originaire de la région parisienne et membre depuis 15 ans, a été séduite par cette tradition qu’elle ne connaissait pas du tout avant d’arriver en Moselle. Elle partage un casier avec son mari et chacune de ses deux filles en possède un également.Dans les environs, sur les cinq bistrots-épargne comptabilisés au début des années 2000, le café de Corinne est le seul à encore proposer la formule. Malgré cela, l’association reste positive et recense quelques jeunes dans ses nouvelles recrues. Qui pour certaines, comme Francoise, ont découvert cette coutume en arrivant dans la région.
Je pense que ça intéresse pas mal de gens. Est-ce qu’il y a aura des gens qui reprendront derrière nous? Ça je ne sais pas…
- Françoise Benvenutti, future présidente de l’association