Vincent Heurtel se base sur des études scientifiques. Les vers de farine pourraient faire partie de la solution car ils ont la capacité de biodégrader des matières comme le polystyrène.
Saviez-vous que les vers de farine (Ténébrions, de leur petit nom scientifique), ont la capacité de "biodégrader" les plastiques en fin de vie et leur sous-produit comme le polystyrène ? De là à imaginer en faire nos alliés pour lutter contre la pollution liée au plastique... C’est pourtant le projet de Vincent Heurtel, dirigeant d'une toute jeune entreprise, Worm Generation à Thionville en Moselle.
Vincent Heurtel fait de l'élevage de vers de farine. Il récupère le pain invendu auprès de plusieurs boulangeries. Le pain broyé pour revenir à l'état de farine. Les larves ont tout loisir alors de se développer après quelques semaines. Pour le moment, cet élevage sert à produire un engrais naturel, grâce aux déjections et de l'alimentation protéinée pour les animaux. Vincent Heurtel, qui est l'ingénieur agronome, travaille sur un autre projet "Being Green" ou comment utiliser les vers de farine pour lutter contre la pollution par le plastique et un de ses sous-produits, le polystyrène.
Avec 600 m2 d’élevage de vers de farine, on pourrait biodégrader une tonne par mois de polystyrène, soit l’équivalent de huit piscines olympiques
Vincent Heurtel, dirigeant de Worm Generation
" Il s’agit d’un traitement naturel ‘’ nous explique Vincent Heurtel avant d’ajouter : "C’est une solution pour biodégrader le plastique. Je mène des recherches qui devraient aboutir à une solution dans les cinq prochaines années’’. Les vers de farine digèrent littéralement le plastique. "Il y a une transformation des molécules de plastique, qui sont cassées pendant la digestion. Au bout, il reste une quantité infime de microplastiques qui se retrouve dans le frass, c’est-à-dire le résidu d’élevage’’. Les vers de farine ont des capacités extraordinaires pour biodégrader le plastique. Vincent Heurtel nous explique : ‘’ Avec 600 m2 d’élevage de vers de farine, on pourrait biodégrader une tonne par mois de polystyrène, soit l’équivalent de huit piscines olympiques’’. "400 millions de tonnes de plastiques sont produites dans le monde chaque année (contre 2 millions en 1950), 158 millions sont utilisées par le secteur de l'emballage, et principalement pour fabriquer des emballages à usage unique", rapporte le journal Les Echos dans un article.
J’ai commencé un élevage d’insectes dans une boîte à chaussures
Vincent Heurtel, dirigeant de Worm Generation
C’est tout jeune que Vincent Heurtel s’est intéressé aux insectes : "À l’époque où j’allais au lycée, je péchais. J’ai commencé un élevage d’insectes dans une boîte à chaussures. Je suis tombé, par hasard, sur un article de l’Université de Stanford aux États-Unis. Des scientifiques avaient découvert que les vers de farine avaient cette capacité à biodégrader le plastique. Six années, plus tard, j’ai repensé à cet article. Étudiant à l’ENSAIA à Nancy, j’ai proposé de travailler sur cette question à l’occasion d’un projet universitaire". Depuis, le projet a remporté de nombreux prix, dont celui de la "French Tech Tremplin", qui a permis à Vincent Heurtel d’intégrer l’incubateur Thi'Pi à Thionville et de lancer sa petite entreprise.
La recherche a avancé et une nouvelle étude de la même Université montre que « les vers de farine ne sont pas seulement capables de digérer diverses formes de plastique, ils peuvent consommer des additifs plastiques potentiellement toxiques dans le polystyrène sans effets nocifs. Les vers peuvent ensuite être utilisés comme complément alimentaire sûr et riche en protéines ».
Les élèves pourront voir et même goûter des insectes
Vincent Heurtel, dirigeant Worm Generation
Tout en travaillant sur ce projet de biodégrader des déchets plastiques, Vincent Heurtel propose aux écoles de la région des ateliers pédagogiques. "À partir de septembre, je vais proposer des ateliers pédagogiques sur le développement durable, l'économie circulaire et la nouvelle agriculture comme celle des insectes". Les élèves pourront même en goûter.