Six membres du groupe Vivi dont un couple d'Hayange (Moselle), soupçonnés d’appartenir à la mouvance "antivax", comparaissent, depuis ce lundi 2 octobre 2023, devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils sont poursuivis pour cyberharcèlement aggravé, commis en 2021, en pleine crise sanitaire. La députée Horizons de Moselle, Isabelle Rauch, fait partie des personnalités visées.
Printemps 2021, la députée Horizons de Moselle, Isabelle Rauch publie sur la page Facebook qui relate son activité parlementaire, une information concernant le début du dépistage salivaire du coronavirus. Son message suscite des centaines de commentaires menaçants et insultants.
"En fait, c'est un dossier de cyber-harcèlement et c'est tout", explique son avocat messin Me Xavier Iochum, "ma cliente a été victime de cyber-harcèlement à l'occasion des mesures sanitaires qui étaient prises par le gouvernement pour lutter contre la propagation de l'épidémie de Covid par un groupe de complotistes".
Leur nom : les "V_V" ou "Vivi", un groupe d'origine italienne, ce qui signifie "vivant" en français. "Ils ont assimilé la politique sanitaire du gouvernement, disent-ils, à du nazisme sanitaire", poursuit Me Iochum, "ils ont entrepris d'une manière concertée de systématiquement abonder dans les publications Facebook d'Isabelle Rauch avec des commentaires négatifs, la traitant de nazie et justifiant leur action par le fait de dire qu’on rentrait dans une dictature fasciste sanitaire".
Il faut essayer de comprendre comment des individus correctement insérés socialement deviennent derrière l'anonymat de leur écran des délinquants
Me Xavier Iochum, avocat de la députée Isabelle Rauch
L’élue décide de porter plainte comme d’autres de ses collègues. L’enquête est confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine. Les perquisitions numériques permettent l'arrestation de plusieurs personnes, dont un couple d'Hayange en Moselle, soupçonné d'appartenir au mouvement anti-vaccination Vivi.
"Avec ce procès, il faut essayer de comprendre d'une part comment des individus correctement insérés socialement deviennent derrière l'anonymat de leur écran des délinquants, à l'occasion d'une angoisse qui a peut-être été celle de la Covid ? Bref, comprendre finalement ce passage à l'acte, comprendre comment les outils numériques peuvent être facilitateurs d'un passage à l'acte finalement violent, même s’il n’est que virtuel", estime Me Xavier Iochum.
"Le deuxième enjeu, c’est que ce procès ait une vertu pédagogique et que soit réaffirmé le fait qu’on ne peut pas, même sous couvert d'une prétendue liberté d'expression, procéder à du harcèlement numérique. La liberté d'expression, ça ne correspond pas à des attaques violentes, verbales et graphiques sur les outils numériques de la personne que l’on cible", poursuit l'avocat messin.
"Traumatisme"
"On ne peut pas, sous prétexte d'être derrière son écran, avoir des comportements qui sont antidémocratiques, des comportements qui sont du harcèlement sous prétexte de participer à la vie publique", explique Xavier Iochum, "ce sont des délits pénaux. Le cyber-harcèlement n'est pas quelque chose d'anodin, c’est une chasse à l'homme même si elle est seulement numérique. Ouvrir son téléphone portable ou son ordinateur et avoir peur de voir surgir de nouveaux commentaires violents, c'est un préjudice. Celui que ma cliente a subi. Elle a été amenée à voir un médecin psychiatre expert après la Cour de cassation qui a identifié qu'il y a bien un traumatisme, un préjudice, qui était lié à cette phobie d'utiliser ces outils numériques après ce raid des Vivi." L'expert psychiatre prescrit dix jours d’incapacité totale de travail à la députée.
Les accusés, six femmes et deux hommes, âgés de 40 à 54 ans et originaires de différentes régions de l'Hexagone, risquent tous jusqu'à 2 ans de prison et 30.000 euros d'amende. Le procès a commencé ce lundi 2 octobre 2023 et doit durer trois demi-journées, jusqu’au 9 octobre.