Ecorchés dès le plus jeune âge. Placés en foyer sur décision du juge ou par les services de la protection de l'enfance, nous avons rencontré des enfants et des adolescents qui tentent, par le biais de l'école et de la formation, à reprendre goût à la vie.
Dans la chambre de Leandro, une valise, des livres et quelques posters d'Harry Potter... Toute son enfance dans quelques petits mètres carrés. Une vie en internat démarrée quand il avait deux ans. Aujourd'hui placé à l'institut Mertian de l'association Adèle de Glaubitz, Leandro - 17 ans - y suit une formation de cuisine. Objectif : passer un CAP et s'en sortir.
On m'a dit que ce n'est pas de ma faute si je suis placé en foyer
"Il y en a certains qui sont là suite à des problèmes de famille, d'autres c'est des problèmes à l'école. Moi, c'est un peu les deux" raconte Leandro qui fait tout pour s'en sortir "autour de moi y'en a qui disent que ça sert à rien. Mais moi je dis : quand on veut, on peut!". Conscient qu'il n'a pas été gâté par la vie, Leandro compte bien réussir. Autour de lui des éducateurs scolaires, des formateurs, une équipe présente au quotidien pour le conduire sur un chemin acceptable. Une vie "normale", loin de la violence et de l'échec.
Comme lui, 63 jeunes vivent à l'institut d'Andlau (Bas-Rhin). Des jeunes âgés de 11 à 18 ans placés là sur décision d'un juge ou par les services de la protection de l'enfance suite à de gros problèmes familiaux et/ou suite à un décrochage scolaire. Sachant que les problèmes familiaux engendrent souvent des soucis scolaires. Violences familiales, violences de la part des jeunes aussi, désertion scolaire, les raisons des placements sont multiples et la prise en charge adaptée. Si certains ont l'autorisation de rentrer en famille, d'autres restent à l'internat en permanence.
Nous sommes pour eux le dernier foyer, le dernier filet où les choses peuvent changer
Une vie rythmée de cours théoriques et de travaux pratiques. En classe, les adolescents sont répartis en de tous petits groupes. En guise d'enseignants, des éducateurs scolaires qui vont au rythme des jeunes. " Venir en classe, travailler, chaque étape est une victoire. Et lorsqu'ils décrochent leur CAP, c'est une vraie fierté. Mais ces deux années qu'ils passent ici leur servent aussi à apprendre à se lever à l'heure, à travailler avec leurs mains" explique Bruno Lintz, éducateur scolaire.
L'institut, subventionnée par la CEA, propose six formations qualifiantes à ces jeunes avec l'obtention d'un CAP et la possibilité de faire un stage au sein d'une quinzaine d'entreprises partenaires. "Nous faisons tout notre possible, lentement mais sûrement, pour les aider à progresser" poursuit le directeur "et si nous sommes bienveillants ici (...) Nous travaillons aussi l'autonomie pour qu'ils restent ancrés dans la vie réelle".
Pour accompagner et aider les jeunes le plus tôt possible, l'institut dispose d'une structure adaptée aux plus petits dès l'âge de 5 ans. Elle est située à Ehl (Bas-Rhin) et accueille 47 enfants. Des enfants, là encore, répartis dans différentes classes qui apprennent à leur rythme. Le plus important étant, dans un premier temps, de leur apprendre ou réapprendre à aller à l'école pour réussir à tenir une scolarité. Encore et toujours leur montrer qu'ils sont capables.
Une vie avec des hauts et des bas. L'échec existe évidemment, car ici, peut-être plus qu'ailleurs, rien n'est acquis. "Le vrai salaire c'est la reconnaissance quand ça marche" conclut Vincent Schmitt, responsable de la structure à Ehl.