A Reims comme à Troyes, les villes champenoises cherchent des solutions pour cohabiter avec leurs pigeons

En ville, les pigeons sont souvent synonymes de désagrément. Il existe des techniques pour cohabiter avec ces petites bêtes à plumes, qui sont plus utiles que l’on ne le pense.
 

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« Quand vous passez à l’entrée de la ruelle, vous êtes obligés de lever les yeux aux ciel pour éviter de recevoir une fiente de pigeon sur la tête », raconte Loïc Pierre-Jean, serveur au restaurant Chez Félix à Troyes. L’enseigne se situe dans la ruelle des Chats, une ruelle bien connue pour son charme mais aussi … pour ses fientes.  

Le restaurant, lui, n’est pas affecté : sa terrasse est protégée par une pergola. La saison a été « très belle » d’après le serveur. Mais en parlant avec les riverains et les touristes, ce dernier se rend compte de l’aspect « très dérangeant » de la problématique. Selon lui, les piques à pigeons, mis en place par la ville, ne sont pas «  très efficaces » mais un nouveau plan innovant « pour protéger le patrimoine tout en évitant toute maltraitance animale » est prévu pour le mois d’octobre.

 Les méthodes les plus largement utilisées par les communes sont hélas très radicales, comme le piégeage des pigeons, et ne sont absolument pas efficaces sur le moyen et long termes.
Julia D'Orchymont, membre de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Champagne-Ardenne

Sales, bruyants, porteurs de maladie, etc. On accorde souvent au pigeon des qualificatifs peu reluisants. Et pourtant, sa présence dans nos villes peut s’avérer bien utile. Mieux vaut alors apprendre à cohabiter plutôt que de l’évincer de manière plus barbare. « Les méthodes les plus largement utilisées par les communes sont hélas très radicales, comme le piégeage des pigeons, et ne sont absolument pas efficaces sur le moyen et long terme», explique Julia D'Orchymont, membre de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Champagne-Ardenne.

La LPO propose par exemple de tendre des fils en inox entre des tiges qui évitent au pigeon de se poser. Cette solution est idéale pour les monuments. Rappelons que la fiente d’oiseau peut être corrosive et entraîner des dégradations. Mettre des faucons pèlerin dans la ville peut aussi permettre de pallier le problème car ces prédateurs mangent au moins un pigeon par jour. Bien d’autres solutions existent : élaguer les arbres de manière à ce que les pigeons ne puissent pas s’y poser, débarrasser les friches – qui sont de parfaits habitats pour les pigeons -, revégétaliser, … pour Didier Lopostre, responsable de l’Association Espaces et rencontre entre les hommes et les oiseaux (AERHO), les mesures relèvent avant tout du « bon sens ». 
 

Nourrir, c'est nuire

Le fait de nourrir les pigeons est LE problème majeur. Des arrêtés préfectoraux et municipaux peuvent même l’interdire. L’acte est alors passible d’une amende, comme à Reims par exemple. Mais pour Didier Lapostre, la verbalisation ne suffit pas. Selon lui, "85% des nourriciers continuent de donner à manger aux pigeons après avoir été verbalisés. La sensibilisation s’avère alors essentielle"

Le garde particulier de la ville des Sacres, s’occupe des animaux sauvages et errants. Plus de la moitié de ses interventions concerne les pigeons. Sa mission principale consiste à « conseiller les gens ». Installer des filets, enlever les sources de nourritures. Et à chaque cas, sa solution. « Une personne qui veut nourrir de petits oiseaux ne pense pas forcément que cela va aussi nourrir les pigeons, explique le garde. On lui conseille alors d’installer des nichoirs adaptés, qui sont trop petits pour les pigeons. »

Le but n’est pas de supprimer les pigeons. Ils font partie intégrante d’un écosystème,
- Monsieur Defaux, garde particulier de la ville de Reims

Dans les cas les plus extrêmes – quand la colonie est devenue trop importante - il lui arrive de procéder à des opérations de captures, où les pigeons sont euthanasiés. Il rappelle qu’il s’agit d’une solution d’urgence, qui n’est utilisée que dans 5% des cas. « Le but n’est pas de supprimer les pigeons. Ils font partie intégrante d’un écosystème. Explique le garde. Si demain vous enlevez les pigeons, il y aura beaucoup d’espèces qui vont arriver dans nos villes comme le corbeau par exemple ». Des espèces, qui, elles n’ont pas appris à vivre avec l’homme et qui pourraient être bien plus nuisibles.
 


« Le Pigeon biset domestique [race la plus présente en ville, ndlr] est issu du Pigeon biset sauvage qui a été domestiqué puis relâché, rappelle Julia D'Orchymont. Cette espèce a donc gardé un lien étroit avec l'Homme et recherche sa proximité. »
 

"Ne pas dramatiser la situation"

« 30% des captures se font par un tir au fusil », d’après Didier Lapostre. Son association s’est créée il y a 15 ans avec un postulat : « On doit se réconcilier avec la nature, apprendre à vivre avec elle. » Pour lui, la capture est une technique qui doit totalement disparaitre. L’association se charge de conseiller les villes et les bailleurs pour affronter les problématiques qu’ils rencontrent face aux oiseaux.

Il rappelle que les problèmes liés aux pigeons sont avant tout des nuisances. Une étude menée par l’AERHO sur 40 villes révèle qu’aucune n’est touchée par une surpopulation et pour lui, le risque sanitaire est nul « Il faudrait enfermer quelqu’un dans une cage pendant plusieurs heures pour qu’il puisse attraper une maladie », assure-t-il. Il ne faut pas dramatiser la situation ».

Le deuxième problème majeur est la vétusté des bâtiments. « Dès qu’il y a un trou dans un mur, les pigeons peuvent s’y faufiler », explique Didier Lapostre. Cinq bases militaires champenoises ont fait appel aux conseils de l’AERHO. Les bases, s’étendant souvent sur de grands territoires, sont très riches en termes de biodiversité. Le conseil que l’on a le plus souvent donné est de rénover leurs bâtiments. Pour le président « l’important, c’est de trouver des solutions pérennes au-delà de nos solutions techniques .»

 
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