Potagers et jardins - Les trois conseils du mois de mai : tomates, haricots, fleurs et navets en bonus

Trois semaines se sont écoulées depuis nos derniers conseils à tous les jardiniers confinés. Pour ce long weekend du 8 mai, voici les trois consignes à suivre, concoctées par le spécialiste du jardin Eric Charton et chroniqueur dans "Ensemble c'est mieux" sur France 3 Alsace. 

Le mois dernier, Eric Charton, animateur du club relais jardin et compostage de l'Eurométropole de Strasbourg (c'est long comme titre, mais il y tient !), nous avait conseillé de laisser nos pelouses tranquilles. Pour qu'elle puisse accueillir tous les insectes pollinisateurs. Il avait aussi donné une astuce pour semer serré-serré. Enfin, il nous avait rappelé de bien planter nos fraisiers. 
 


Tout cela n'est donc plus à l'ordre du jour. En ce début du mois de mai, les choses s'emballent dans le jardin. Le soleil vient réchauffer la terre et les températures s'adoucissent même la nuit. N'en déplaisent aux saints de glace, il est temps de s'activer dans le potager.


1 - Un jardin conçu comme un menu 

A celui qui n'a jamais jardiné, l'art du potager peut faire peur. Il faut savoir associer les plants et assurer des rotations d'année en année, afin de ne pas trop solliciter la terre. Mais il faut aussi tenir compte de l'ensoleillement et protéger son jardin du vent. Et tout le monde ne dispose pas d'une parcelle d'un hectare alternant zones à ombre et zones en plein soleil.  Il faut donc faire avec ce qu'on a. 

Votre premier objectif est de repérer la zone de votre jardin la plus ensoleillée. Si vous n'êtes pas très observateur, Eric et son brin de malice vous conseillent de vous placer vers midi le dos au Nord, vêtu d'une toge blanche, d'agiter vos bras et de repérer ainsi là où l'ombre est la plus petite...

Un peu de sérieux! Dans cette parcelle très ensoleillée, le jardinier vous propose d'y faire fructifier votre espace ratatouille. Eric Charton conçoit son jardin par espaces ou plaques. Chaque plaque porte un nom à vous réveiller les papilles. Comme il a de la place, il divise sa parcelle en quatre plaques : 
  1. L'espace ratatouille qui comprend les tomates, les aubergines, les courgettes, les poivrons et les piments
  2. L'espace "potée" qui contient les carottes, les panais, les céleris et les choux
  3. L'espace "plats gros volumes" pour les pommes de terre, les haricots, les pois, les fèves et les petits pois
  4. Et enfin  l'espace "soupe de courges" pour toutes les variétes de courges couvreuses
D'une année sur l'autre, il effectue une rotation de ces plaques. Mais si vous n'avez pas un jardin d'un hectare, et si une seule zone s'y trouve au soleil, pas ne panique, vous pourrez y planter chaque année votre espace ratatouille. 

Pour cela, pas grand-chose à faire. Nul besoin de bêcher, il suffit, comme on le ferait pour un arbuste fruitier, de creuser un trou, de mettre un peu "à manger" au fond du trou et d'y déposer vos plants.

Il faut toutefois respecter les distances de plantations  environ 60 à 80 cm entre chaque plant. Penser à recouvrir ensuite votre sol d'une fine couche de tonte de pelouse ou de broyat de vos troènes ou même les fleurs fanées coupées (ma maman dit "coupillées" - ce qui évidemment n'existe pas dans le dictionnaire, mais dit joliment les choses). Et le tour est joué! 

A ma question, "Mais les tomates ça ne se pince pas ?", Eric rétorque que non pas forcément et surtout pas les tomates cerises. 

Si la tomate a envie de partir sur deux branches, ou trois et même quatre branches, je la laisse faire. Elle va partir vite et se calmer ensuite, comme les ados; elle donnera moins de gourmands ensuite. 
- Eric Charton, animateur du club relais jardin et compostage de l'Eurométropole de Strasbourg (de la motte piquet!)

Pour les absolus néophytes, les gourmands sont de nouvelles tiges qui poussent à l'aisselle des branches existantes et sont supposées épuiser la plante qui donnera moins de fruits. La technique du pinçage des gourmands est issue du maraîchage qui cherche le rendement, mais n'est pas forcément nécessaire. Alors pour ou contre le pinçage des gourmands ? Le débat est ouvert. 


2 - Haricot par-ci haricots par-là

Au coeur de votre espace plat gros volume, il y a les patates qui sont déjà levées ou que vous pouvez encore planter. Mais c'est surtout le moment idéal pour planter vos haricots. Verts, nains ou rames, c'est vous qui voyez. Le conseil d'Eric est le suivant : 

Votre haricot, il faut qu'il entende les cloches de l'église sonner, ou qu'il voit le cul du jardinier!
- Eric, le jardinier poète 

En d'autres termes, il faut très peu le recouvrir de terre. Il faut le semer à un ou deux centimètres maximum dans une terre bien réchauffée. S'il a froid, il pourrit. Il germera plus vite s'il est peu recouvert et planté dans une terre chaude. Dans un second temps, vous pourrez les butter.

Si vous choisissez des variétés à rames, vous pouvez installer vos bâtons en formes de tipis ou en espaliers, là encore c'est à vosu de voir. Déposez 6 graines au pied de chaque piquet. La récolte se fera 60 jours après pour les variétés naines à 90 jours pour les rames. 

Surtout, surtout ! N'arrachez pas les pieds après la récolte. Cisaillez-les au pied et repiquez là vos plants de salades. Les racines des haricots contiennent des bactéries qui fixent l'azote dans le sol. Engrais naturel et pas cher. 


3 - Un potager sans fleur, c'est triste

Pensez à fleurir votre potager. D'abord parce que les fleurs, c'est joli, c'est coloré, ça sent bon, mais surtout parce qu'elles accueillent les insectes auxiliaires. Ces insectes qui viendront protéger vos plantes potagères en les débarrassant d'autres insectes. Comme la coccinelle qui vous débarrassera de vos pucerons. 


Là encore sentez-vous libre de semer ou planter comme bon vous semble : à la volée par-dessus l'épaule ou en lignes en alternant hauteurs et couleurs. Au milieu par bandes florales, comme on dit chez les pros ou tout autour de votre parcelle ; il n'y a pas de règle, sauf celle de votre goût. Faites vous plaisir. Soucis calendula, oeillets d'Inde, capucines, bourraches et autres tournesols participeront à vous donner la joie de vous rendre au jardin. 


Le bonus d'Eric, le navet ce mal-aimé

C'est la bonne période pour semer les navets. Autrefois, légume le plus consommé, il a perdu de son charme à l'arrivée de la pomme de terre. Le risque est d'en semer de trop. Il faut semer tous les 10 cm en ne mettant que 2 ou 3 graines. Ne pas hésiter à en repiquer, si plusieurs graines sortent, en occupant les espaces libres. Surtout n'attendez pas qu'ils grossissent trop, car il risque d'y avoir des galeries de vers.

On peut les consommer dès qu'ils ont la taille d'un radis et on peut même alors manger le feuillage. On renouvelle les semis tous les quinze jours pour en avoir jusque fin juillet. La morale à retenir : semez souvent, mais peu.

Un dernier avertissement toutefois, notre région risque de connaître quelques gelées blanches matinales durant ce weekend du 8 mai. Alors, pour suivre ces conseils, on n'est pas à quelques jours près.
 
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