Récolte du maïs en Alsace : un bilan encore incertain

La récolte du maïs a commencé avec près d'un mois de retard, cette année. Car dès le printemps, la météo allait à l'encontre des besoins de la plante. Le bilan global ne sera probablement pas très bon, mais selon les secteurs géographiques, la qualité et la quantité du maïs sont très variables.
 

En 2018, les grandes moissonneuses-batteuses commençaient à sillonner les champs dès le 20 août. Cette année, c'était vers le 16 septembre, car suite à une météo défavorable dès ce printemps, le maïs a eu du mal à atteindre la pleine maturité. "En avril, lorsqu'il a été semé, deux semaines de froid ont stoppé sa croissance, rappelle Paul Metz, technicien-conseiller du Comptoir agricole à Ebersheim (Bas-Rhin). Puis il a fait trop chaud au moment de la floraison. Donc ce ne sera pas une très bonne année."
 


Plantes totalement brunes, bruissement de papier sec... Depuis des semaines, à un œil non aguerri, de nombreux champs de maïs apparaissent comme totalement desséchés, nécessitant d'être récoltés urgemment. Mais pour les agriculteurs, l'appréciation est très différente. Car même sur des plants qui semblent grillés, les épis peuvent rester très - trop - humides. Précocément sèche dès l'été, faute de pluie, la plante "n'a pas complètement terminé son cycle" explique Paul Metz. Autrement dit, elle n'a pas pu évoluer durant les dernières semaines, et n'a donc pas permis à l'épi d'atteindre sa pleine maturité, avec un taux d'humidité réduit.   


Plusieurs problèmes assez localisés

En outre, dans certaines parcelles, ces plants de maïs déjà très secs ont été couchés au sol par des mini-tempêtes, ce qui complique leur récolte. En d'autres lieux, suite à la sécheresse lors de la floraison fin juin-début juillet, "certains épis sont atteints de fusariose, une maladie due à un champignon qui se développe sur les grains", ajoute Paul Metz. Ailleurs, par manque d'eau, les épis sont trop petits.  
 

Mais dans l'immédiat, la majorité des épis restent sains et de bonne qualité. Car les variations sont grandes d'un secteur géographique à l'autre. Parfois il a suffi de quelques petites pluies au bon moment pour faire la différence.  "Ici à Kienheim (Bas-Rhin), le rendement n'a pas l'air très élevé" estime l'agriculteur Eugène Muller, venu livrer le maïs de son gendre au Comptoir agricole voisin de Maennolsheim (Bas-Rhin). "Sa parcelle, que nous moissonnons actuellement donnera probablement 30% de moins que les miennes à Osthoffen (67). Nous avions plus de pluie qu'ici, à Zeinheim et Kienheim, et la qualité de mon maïs est bien meilleure."

Reste que pour chaque agriculteur, le choix du créneau optimal pour la récolte, avec des grains les moins humides possible, est "comme jouer au loto", estime Rémy Friess, prestataire de service qui met ses moissonneuses-batteuses et leurs conducteurs à disposition des agriculteurs préférant ne pas investir dans ces machines très onéreuses. "Si on avait encore trois semaines de beau temps sans pluie, mieux vaudrait attendre (…) Mais parfois, le risque à prendre est trop important (…) Donc chacun jongle, en se fixant une limite d'humidité maximale."
 


Une humidité à 15% garantit la conservation

Car plus les grains de maïs qu'il livre au Comptoir agricole sont humides, plus l'agriculteur perd de l'argent. En effet, au Comptoir, les grains sont chauffés pour faire baisser leur taux d'humidité à 15% maximum, afin d'éviter tout risque de pourriture et garantir leur conservation. Et ces frais sont facturés au producteur.

Dès leur arrivée, les remorques pleines de grains sont pesées – à plein et, plus tard, à vide - pour connaître la quantité de maïs livré. Et un échantillon est immédiatement prélevé et analysé, afin de définir son taux d'humidité. Début octobre, le compteur "affichait encore 35% d'humidité" précise Eric Knobloch, responsable pesée au Comptoir agricole de Maennolsheim. En Alsace, jusqu'à mi-octobre, l'humidité moyenne des grains s'élevait à un taux de 29%, contre 22% l'an dernier.
 

Donc, globalement, cette année 2019 ne s'annonce pas trop bien. Mais pour un bilan définitif, il est encore trop tôt, car la récolte pourrait bien durer jusqu'à début novembre, voire au-delà. Et, côté météo, tous espèrent encore de belles journées ensoleillées, avec un bon vent du Nord.
 
 
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